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 Un coin de trottoir [LIBRE]

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Elnaria Aele.
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Elnaria Aele.


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MessageSujet: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeVen 30 Jan - 22:03

Mon euphorie à l'idée de me reprendre était bien vite retombée.
Comment refaire surface lorsque personne ne me laissait une chance ?
Les magnifiques vêtements que m'avait offert Kyna ne suffisaient pas. C'était ma pâleur, ma maigreur et surtout les séquelles de trop nombreux coups que remarquaient les autres. Qui embaucherait une fille qui avait tout d'un cas social ? J'avais fait le tour des différents restaurants, bars, proposant mes services en tant que serveuse pour une bouchée de pain. Mais toujours ce regard hautain, qui me dévisagait, qui me déshabillait, qui me rabaissait au rang de moins que rien. Toujours ce rictus écoeuré...

Il n'était pas loin de midi. J'attendais à un coin de rue,, le visage baissé et les épaules tombantes. Je me mordillais la lèvre, et après un court instant de refléxion, je sus que je n'avais d'autres choix que de gagner de l'argent salement pour le moment. Je souhaitais de tout mon coeur arriver à vite en mettre de côté, afin de trouver de la stabilité.
J'avais la gorge nouée, je n'étais donc bonne qu'à ça ?
Soit. Je me vendrais. Je ferais le maximum pour être sûre de ne pas tomber sur un détraqué une fois de plus. Il me baiserait. Il râlerait son plaisir comme un porc, je retiendrais mes larmes. Puis il fumerait sa clope, me jetterait des billets, me matant de son regard lubrique. Je baisserais la tête, je le remercierais. Et puis je recommencerais... Encore...
J'étouffais un soupir. Pourvu que je puisse vite me refaire une santé, grâce à cet argent. Ensuite, je me ferais une vie saine... J'essaierais...

J'attendais grelotante mon futur persécuteur sur mon coin de trottoir... Parce que je le voulais bien.
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Elnaria Aele
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeVen 20 Fév - 20:55

Baissant un peu mon décolleté, je patientais. Pas d'hommes en quête d'adultère, de jeux malsains, rien...
J'avais tellement froid. Une larme perla sur ma joue, le vent m'arrachait des frissons.

Midi. Un homme d'une cinquantaine d'années, très propre sur lui, vétu d'un costume trois pièces, s'arréta devant moi, se raclant la gorge.
"Hum... Je vous prie de m'excuser si je vous importune mademoiselle, mais vous m'avez l'air dans le besoin. Peut-être pourrais-je trouver une solution à vos soucis qui nous satisfera... Tous les deux... Vous comprenez ?"
Je levais les yeux pour les plonger dans les siens. Son regard trahissait son désir, un sourire pervers se dessinait doucement sur son visage.
Je remontais ma main le long de ma cuisse, de ma hanche, effleurant mes courbes du bout des doigts, m'attardant sur ma poitrine, puis mon index acheva sa course dans ma bouche, et je le mordillais sans équivoque. Il me fallait de l'argent, et pour cela je n'avais d'autre choix que de faire monter le prix que couterait cet instant d'horreur.
"J'ai dans mon attaché quelques billets dont je pourrais me séparer, si vous vous montrez aussi féline que vous en avez l'air, ma petite. J'ai peu de temps. Je veux juste que vous vous occupiez de mon cas.... Si vous voyez ce que je veux dire."
Le dégout s'emparait de moi, mais je ne devais rien en laisser paraître. Il avait susurré ses derniers mots près de moi, son souffle contre ma nuque témoin de son excitation. Son visage était déformé par l'envie, sa main avait glissé fiévreusement contre mes fesses, la naussée m'assaillait.
Je ne prononçais pas un mot, acquiesant uniquement d'un léger signe de tête. Tandis qu'il m'entrainait dans une ruelle, m'assurant que personne ne passait ici, je tentais de m'évader mentalement, de me persuader que ce n'était pas moi mais uniquement mon corps qui allait subir cette étreinte, gerbante.
Sa langue forca la barrière de mes lèvres, ses doigts caressaient chaque parcelle de mon corps comme s'il pétrissait une vulgaire pâte à pain.
Ses deux mains se posèrent sur mes épaules, sur lesquelles il appuya avec force, pour que je m'agenouille. Il déboutonna son pantalon.
Je fermais les yeux et, retenant mes larmes, me pliais à ses volontés.

Dix petites minutes plus tard, il quitta la ruelle, content de lui, me jetant quelques billets. De quoi dormir au chaud cette nuit...
Dans un dernier rire gras, il s'égosilla "Et bien, j'en prendrais bien plus souvent, des pauses repas comme celle-ci !"
Sitôt sa silhouette disparue de mon champs de vision, j'éclatai en sanglots, vomissant toute la haine que j'avais envers moi-même.
Le temps de me redonner une allure, et je retournais sur mon coin de trottoir.
Un peu de patience, et je pourrais retrouver une vie décente.
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Finlay MacRory
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMar 24 Fév - 1:40

Wasabi. C'était le nom de l'échoppe où je devais me rendre. Rien que le nom était tape-à-l'oeil alors quand je me rendis sur les lieux je m'attendais à tout sauf à cette sobriété dans la devanture de cet épicerie de quartier. On aurait dit une simple maison, à ceci près qu'elle arborait un grand rideau de fer là où devait se trouver la vitrine. Je m'avançais lentement vers la porte. Aucun nom, rien. Je frappais trois fois. Aucune réponse. Je fis tourner la poignée. Fermé. J'aurais très bien pu la défoncer mais cela aurait été quelque peu indélicat de ma part, je m'abstins donc. Je m'approchais doucement de la porte pour entendre quelque chose, surprendre une conversation mais rien ne filtrait. Il n'y avait donc personne. Maudit Denver. J'avais fait tout ce chemin pour rien. J'affichais une moue contrarié, puis prenant mon chapeau dans une main, j'ébouriffais mes cheveux et le reposa un peu en arrière, laissant quelques mèches se balader sur mon front. Je me retrouvais devant une enseigne vide, n'ayant aucun endroit où passer la nuit. Je pouvais bien retourner voir Eleanor, elle devait encore être inconsciente, mais cela ne m'enchantait guère. Mon envie était passé, et ce passe-temps, aussi bon soit-il, ne m'intéressait plus. Je n'avais pas besoin de dormir non plus, un vampire n'en a nul besoin, mais un toit où se terrer aurait été le bienvenu. Je comptais sur la générosité de ce Denver. Maudit soit-il. Je passais ma frustration, d'un coup de talon sur le bas de la porte.
" Bon, c'est bien beau tout ça, mais en attendant je fais quoi ? "
Je pris mon paquet de cigarette. Il ne m'en restait plus qu'une. Décidément je les cumulais ce soir. Je le rangeais dans ma poche de veston en ronchonnant. Je repris ma valise et entrepris de me laisser guider par je ne sais quoi. Je finirais bien par arriver quelque part de toute manière. Je pris une ruelle qui m'emmena dans un lotissement où toutes les maisons se ressemblaient à l'identique, disposées les unes à côtés des autres dans un schéma purement pratique balayant tout le côté esthétique. Le nom du lotissement me sortit de la tête, un nom japonais sans aucune importance. Par contre ce qui en avait c'était ces deux femmes que je distinguais au loin. Le brouillard ne m'aidait pas à les voir autrement que part leur silhouette mais je devinais, à leur forme, leur façon de se mouvoir, qu'elles étaient toutes deux, des femmes. Ce détail ne changea en rien ma contrariété du moment. De toute façon j'avais déjà "diné". C'est donc en toute normalité que je continuais ma route. Je les vis, du coin de l'oeil, rentrer dans l'une de ces maisons jumelées et disparaître dans l'embrasure de la porte.
Une odeur étrange me parvint aux narines. Humant l'air à la recherche de ladite odeur, je me rendis compte que je me dirigeais tout droit dans les pas des deux jeunes femmes. J'étais comme appelé par ce parfum. Je le connaissais c'était indéniable, mais qui parmi toutes les personnes que j'avais croisés, sentait aussi bon. Je marchais, presque malgré moi, guidé par cette senteur incomparable. J'aurais très bien pu fermer les yeux que je ne me serais nullement perdu. L'odeur se faisait de plus en plus forte à mesure que je me rapprochais de la maison. Je pus affirmer qu'il y avait de la lavande dans cette effluve mystérieuse et autre chose. Des baies sauvages peut-être. Pas certain. Cela réveilla une étrange sensation en moi. Comme si du fond de mes mortes entrailles, une chaleur immense m'envahissait. Un brasier ardent me dévorait, me consumait de l'intérieur. Plus je m'avançais plus c'était implacable, presque frénétique. Je me devais d'être auprès de ce parfum, me délecter de sa saveur si troublante. Je devais savoir pourquoi c'était si particulier et à qui je devais pareille ressenti. Je m'approchais doucement du perron. Il était évident que je n'avais nulle intention de frapper à la porte. J'optais donc pour la fenêtre du rez-de-chaussé. De la lumière filtrait par-delà les rideaux fushia. Discrètement j'avançais ma tête pour distinguer quelque chose.
Je voyais un grand salon, très ordonné. Pas de décorations futiles, tout était soigné et harmonieusement organisé, des tableaux, au lustre, en passant par la table basse en bois verni et aux deux somptueux canapés rouge sang. Un salon très élégant qui en disait long sur la personne qui pouvait s'y trouver. Je me penchais un peu plus, enivré que j'étais, pour apercevoir les deux jeunes femmes. Elles étaient devant l'escalier et se souhaitaient la bonne nuit. L'une d'elle grimpait les marches, visiblement éreintée, l'autre restait à la regarder. Je compris de suite à qui j'avais à faire. Cette jeune femme qui se tenait devant l'escalier était une vampire. Elle avait de long cheveux blond, très pâle, descendant en cascade sur ses épaules et son dos. Et son visage était strillé de petites veines bleuâtres, le reflet de son teint cadavérique. Je me collais contre le mur, détachant mon regard de cette vision d'outretombe. Une vampire. Je n'avais même pas fait attention à sa présence tant l'odeur qui se dégageait recouvrait toutes les autres. Il était impossible que ce parfum soit dégagé par cette vampire. Mais alors, l'autre femme était donc...mortel. J'esquissais un sourire, entre admiration et déception. Elle venait de ferrer une proie unique, et je l'enviais. Mais d'un autre côté, je ressentais presque une pointe de jalousie. J'avais déjà rencontré cette femme et son odeur était imprimé en moi, au fer rouge. Mais bon sang qui était-elle ! Comme je n'avais rien de spécial à faire de ma nuit, je me cachais dans un endroit sombre entre deux maisons et attendis que le jour se lève. Ma curiosité était telle que je ne pouvais pas laisser passer pareille occasion. Et il faut reconnaître que c'était une telle obsession à présent que je n'avais pas vraiment le choix. Je me tins donc immobile, dos au mur, la jambe fléchie contre ce dernier, attendant patiemment mon heure.
Les lampadaires s'éteignirent tous en même temps, réveil sans équivoque d'une nouvelle journée. Je jetais un oeil à ma montre. 7h. Bien matinal. Je levais les yeux vers le ciel. Je ne risquerais rien aujourd'hui, les nuages étaient toujours aussi bas et enveloppaient la ville dans un épais brouillard constant. Il faut savoir que la plupart des écrits concernant les vampires et les moyens de les tuer sont faux. Les pieux dans le coeur ne nous font pas tomber en poussière mais peuvent nous immobiliser. Les crucifix ? De la gnognotte. L'ail ? Laissez-moir rire. Qui a pu pondre un truc pareil, c'est insensé. L'eau bénite ? Bon là par contre. Disons que ça pique un peu. Après je n'irais pas prendre un bain avec cette eau. Certains sont amateurs moi je ne suis pas masochiste. Le soleil ? Et bien le soleil peut effectivement nous anéantir. Mais seulement la lumière vive du soleil, son rayonnement ultraviolet. Autant vous dire que ça n'arrive que très rarement. Comment nous vaincre ? Vous pensez vraiment que je vais vous le dire ?
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Finlay MacRory
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMar 24 Fév - 1:41

Je pouvais donc errer en toute impunité dans le monde des humains. Je dardais un oeil sur la porte, tapie dans l'ombre. Personne n'était sortie. Il aura fallu attendre très exactement 10h57 pour que la mortelle daigne se montrer. J'avais réfréné mon envie de fumer durant toute la nuit complètement absorbé par ma subite stupidité ou folie appelez ça comme vous voulez, à l'égard de cette odeur si particulière, c'est vous dire à quel point j'étais obnubilé. Mais lorsque la femme dévala les quelques marches du perron et se blottit dans son manteau de fortune je fus saisi, glacé d'effroi si je pouvais encore l'être. Une répulsion atroce s'empara de mon être. J'étais comme transi, incapable de bouger, de penser, de parler. Une soif irrépressible s'empara de moi à la simple évocation, à la simple vision, au simple souvenir de cette femme. Cette odeur de lavande et de fleurs sauvages m'avaient rendu aveugle. Je venais de me jeter dans la gueule du loup. De prédateur je passais à la proie. Je voulais son sang mais mon coeur et mon âme me le refusait. Cette bête qui se terrait en moi me poussait à avancer et à la saisir. Elle me poussait à commettre l'irréparable, furie déchaînée en demande de sang et de mort pour la rassasier. Je me sentais frémir sous le coup d'une émotion trop forte à supporter. Je la vis au loin s'éloigner de moi. C'était mieux ainsi. Pour elle, pour moi...
Je fis un pas, puis un autre. Je la suivais, son image dans ma tête, m'apparaissant aussi clairement que la réalité. Cette frêle jeune femme qui m'avait apportée plus que je ne pouvais encore l'escompter. Qui m'avait redonnée foi en mon humanité que je croyais depuis longtemps oubliée, évanouie, emportée par la mort, la désolation, le désespoir. Comment se pouvait-il qu'elle ait autant d'impact sur moi ? Qu'est-ce qui me poussait donc aussi irrésistiblement vers elle ? Etait-ce ce désir inassouvi de sang ? Cette odeur si enivrante ? Sa fragilité destabilisante ? Une envie de la protéger ? Merde mais qu'est-ce qui m'arrive à la fin ! Je la suivais de loin, ne la quittant pas une seule seconde du regard. Elle était revenue dans la rue où nous nous étions rencontrés par hasard. Fait le plus marquant dans toute mon immortalité. Voilà qui était surprenant. Elle entra dans un bar et en ressortit quelques minutes après. Je n'arrivais pas à distinguer ses traits et cela me frustrait encore davantage. Elle représentait mon pêché originel, ma tentation ultime. Ce désarroi qui me tiraillait était insupportable. Je me sentais écartelé entre deux êtres qui se disputaient ce corps sans vie. L'homme et la bête. Ce combat éternel durait depuis que j'étais revenu d'entre les morts, mais d'une telle intensité, jamais. Elle en était la source, c'était indéniable et aussi paradoxale que cela puisse paraître, j'étais attiré par elle, mué par un désir inconcevable. Elle entra de nouveau dans un bar et en ressortit aussitôt, puis un autre, et un autre, elle s'arrêta devant un restaurant, toujours la même rengaine. J'étais sur le trottoir opposé, caché derrière un immeuble de cinq étages. Je la voyais à présent. Elle était toujours aussi magnifique que dans mon souvenir. Elle avait beau portée de beaux vêtements, ils n'étaient en rien responsable de ce charme qui se dégageait d'elle. Je l'avais vu, la première fois, en haillons et déjà elle m'était apparue dans toute sa splendeur. Les mortels s'arrêtent toujours à l'apparence. Ils ne voient jamais au-delà de ce que leur propre image leur refléte, gardant leur oeillère bien arnachées. Pourtant ils emploient à longueur de journée ce vieux dicton: "L'habit ne fait pas le moine". Ils se pensent sage et érudit, mais la réalité est tout autre et ils se révèlent vite froid et inhospitalier envers ceux vers qui ils devraient tendre la main. C'était le cas avec cette pauvre femme. Je lisais sa peine, sa déception, ce desespoir dans son regard, dans la fente de ses lèvres, dans l'abattement de ses épaules. Elle n'arrêtait pas de se mordiller la lèvre inférieure, son regard baissé sur le pavé.
Il devait être près de midi à présent, bien que je ne saurais le dire avec exactitude mon regard étant entièrement dévoué sur l'objet de ma convoitise, lorsque je la vis qui, doucement, rabaissait son décolleté. Elle avait dans le regard cette lueur déterminée que j'avais pu constater dans bon nombres de cas. Lorsque les hommes sont acculés ils font preuve d'une détermination et d'un instinct de survie incroyable. Il devait en être de même pour elle. Mais de là où j'étais situé, je distinguais toute sa solitude et son affliction. Je ne désirais qu'une chose, la prendre dans mes bras. Lui montrer que le monde n'est pas aussi cruel qu'il n'y paraît bien qu'en cet instant il m'apparaissait clairement comme ignoble. Et l'ignominie ne s'arrêta pas là. Un homme d'une cinquantaine d'années, bien mis, s'avança vers elle. Mon regard s'attarda sur lui. Il devait être important.
Le monde des mortels est scindé en deux catégories de personnes: ceux qui ont le pouvoir et ceux qui ne l'ont pas. Il est d'ailleurs facile de reconnaître à quelle catégorie ils appartiennent. Il suffit de regarder leur tenue. La société humaine est avant tout basée sur l'argent, la consommation de masse et l'apparence. Et cet homme-là appartenait à la première catégorie. Il s'arrêta devant la femme et ses mots furent comme un coup de poignard dans ma chair. Il n'avait de l'homme bien mis que l'apparence et rien de plus. Il lui proposa honteusement de s'adonner au plaisir de la chair pour quelques menues argent. J'en étais dégoûté. Non pas que je ne connaissais pas la prostitution mais de voir cet homme avec...ma femme. Je ne le supportais pas. Une colère sourde grondait en moi. Arrache lui la tête qu'elle me clamait. Mais j'assistais impuissant à cet odieux rendez-vous. Je les vis disparaître au détour d'une impasse aussi glauque que la proposition indécente de cet homme lubrique. Peut-être cette femme n'était-elle pas le hameau de sérénité que j'avais espéré. Peut-être avais-je fondé en elle des espoirs bien futiles. Ma naïveté était à gerber. Et plus encore lorsque je sentis le coeur de cet homme s'emballer. Je sentais sa moiteur et son odeur fétide se mêlée à l'essence si voluptueuse de ma jeune et fragile innocente. Je le sentais prendre plaisir à cette excitation soudaine provoquant mon courroux, et dévorant un peu plus les barreaux qui retenaient la bête. Mes mains se fermèrent, mes iris se rétractèrent en deux points sombres tachetés d'une lueur rougeâtre inquiétante. J'étais livide, mais pas par peur comme les mortels, par haine. Une haine viscérale. Mon calvaire avait duré dix minutes. Une éternité insupportable à mes yeux.
Je le vis. Il avait ce sourire satisfait et cette suffisance dans le regard. Il était venu chercher une chose qu'il ne trouvait pas ailleurs et il en était comblé. Homme vil et honteux, te voilà sous ton vrai visage. Il dit ouvertement à qui voulait bien l'entendre:

" Et bien, j'en prendrais bien plus souvent, des pauses comme celle-çi. "
C'était la phrase de trop. J'explosais. Je regardais à droite à gauche, il y avait pas mal de passant. Je ne pouvais donc pas me laisser aller pleinement. Cela me frustrait davantage encore. Je m'avançais vers lui, la jeune femme n'était pas encore reparu. J'accélérais le pas et me retrouvais à ses côtés. Il me regarda d'un oeil perplexe, puis sans m'accorder le moindre mot il continua sa route. Je le suivais, bien décidé à ne pas le lâcher. Au bout d'un moment il s'arrêta, visiblement irrité par mon comportement:
" Vous désirez quelque chose Monsieur ? me dit-il de son air pédant.
- Ta mort, rien de plus, lui répondis-je d'une voix glacée. Il tressaillit. Cela me fit sourire. Avant de lui laisser le temps de dire ou de faire quoi que ce fût, j'utilisais mon pouvoir. Tu vas rentrer chez toi. Il se stoppa net, me fixant d'un oeil torve, la bouche entrouverte.
- Je vais rentrer chez moi, répéta-t-il d'une voix monocorde."
Et il s'exécuta. Je le suivais de près, comme un ami prévenant. Nous marchâmes pendant longtemps, ce bougre habitait trois pâtés de maisons plus loin. Il entra dans la maison et aussitôt j'inspectais les lieux. Personne d'autre, très bien cela me facilitera la tâche. Il referma la porte et attendit sur l'entrée un autre ordre de ma part. Je regardais attentivement chaque recoin de la maison. Une maison au grand standing à l'image de son propriétaire mais qui ne reflétait aucune chaleur, aucune harmonie. Il y avait des cadres où il posait avec une femme. Elle n'était ni belle ni laide mais je ne comprenais pas que cet homme marié, ressentait le désir de s'adonner à pareil vice. Je le regardais d'un oeil noir et dit:
" Tu vas écrire une lettre. Je le vis se diriger vers une commode et en sortir du papier à lettre et une plume. Et tu vas écrire exactement ce que je te dicterais. Il hocha la tête s'étant installé sur une chaise. Ma douce, je ne suis pas l'homme que tu connais. Je me rends compte aujourd'hui de la peine que j'ai pu te causer. Je me sens si coupable. Je t'ai trompé. Je suis un être ignoble et je mérite ce qui m'arrive. Tu n'as rien à te reprocher. Adieu."
Il termina sa lettre et attendit la suite patiemment. J'espérais que cette femme se rendrait compte de la noirceur du coeur de cet homme et c'était le moins que je pouvais faire pour elle. Je lui ordonnais d'aller chercher son arme dans l'espoir qu'il en possédait une. Sinon il m'aurait fallu improviser et cela m'aurait contrarié. Par chance et heureusement pour moi, il revint avec un Glock.357 SIG. Il me le tendit. Une arme légère, trop à mon goût. Je lui ordonnais de se rendre dans la salle de bain. Je le suivais comme son ombre. La mort venait le chercher et j'en étais son représentant le plus criant:
" Grimpe dans la baignoire. Il enjamba la baignoire et se tint debout, en son centre. Regarde-moi. Il posa un regard vide sur ma personne. Il me dégoûtait. J'armais le chien du Glock et le pointais au niveau de la bouche du quinquagénaire. Ce dernier eut un hoquet de stupeur et mon pouvoir s'estompa. Il fût soudain conscient de ce qui lui arrivait mais comme sortie d'un songe il ne savait pas vraiment ce qui était la réalité, et encore moins lorsqu'un homme sortie d'on ne sait où vous pointe un canon au visage. Je ne souriais plus et il comprit de suite que son heure était venue. Il ouvrit la bouche lorsque un flash éblouissant le coupa dans son élan. Sa mâchoire explosa, éclaboussant le carrelage blanc d'une constellation d'étoiles écarlate. L'homme s'écroula tel un pantin désarticulé, le visage, ou ce qu'il en restait, collé contre la poitrine, glissant contre la baignoire et baignant dans son sang. J'essuyais la crosse contre mon trench-coat et déposa l'arme dans la main du cadavre. La dernière touche de mon oeuvre macabre. Je le contemplais avec une once de satisfaction et je n'éprouvais aucune envie de sang à la vue de tout cet étalage d'hémoglobine. J'esquissais un sourire. Ma haine s'était évanouie à l'instant où j'avais appuyé sur la gâchette.
Sans un regard en arrière, je sortais de la maison et fis le chemin inverse, espérant retrouver la femme de mes pensées. Il me fallut à peine quelques minutes pour la retrouver, utilisant ma célérité surnaturelle pour la retrouver, tout en me faisant discret. Elle n'avait pas bougée. Je me tenais à l'écart, distinguant le sillon glacé de ses larmes. Elle avait les joues rosies par le froid et par ce qu'elle venait d'accomplir. Elle avait toujours cet air déguingandée et continuait de "jouer" à la prostituée ce qui ne lui allait pas le moins du monde. Je devais agir ou sinon la liste de mes victimes allaient s'allonger à n'en plus finir.
Je voulais aller vers elle mais je ne me sentais pas la force de lui résister. Pas lorsque ce parfum exquis entrerait de nouveau en contact avec mes narines délicates. Je ne voulais pas lui faire du mal et j'étais loin d'être l'homme de la situation. Mais n'écoutant que mon courage, je m'avançais vers elle.
Je traversais la route et à mesure que je m'approchais d'elle, je tentais de me calmer. Je sentais que mon regard s'adoucissait à force de la contempler. Elle me touchait de par sa fragilité, sa ténacité et son courage. Elle en avait beaucoup plus que moi. Mes iris avaient retrouvées leur éclat doré, mais ma peau était toujours aussi pâle. J'étais à quelque pas et son effluve me frappait de plein fouet. Mes iris s'enflammèrent de nouveau, mais je parvins à me contenir. L'espace d'un instant elles passèrent du doré à l'écarlate avant de redevenir ambré. Mon manteau toujours sous mon bras, ma valise de l'autre, je m'avançais avec une décontraction feinte vers elle. J'esquissais un large sourire et d'une voix suave et enchanteresse lui dis:

" Vous êtes encore plus belle que la veille très chère. Je marquais une pause pour lui laisser le temps de se retourner. Dois-je m'enorgueillir d'une quelconque fierté de vous avoir tendu la main ? "
Je lui souriais le plus naturellement du monde. Elle avait beau me pousser dans mes retranchements je savourais chaque instant de sa présence, bien conscient du risque que je lui faisais courir. La bête était toujours là, tapie dans l'ombre prête à bondir au moindre écart de ma part. Mais je ne lui laisserais pas la moindre occasion, pas cette fois.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeSam 7 Mar - 16:49

Ankylosée par le froid, j'attendais à nouveau. Dix minutes passèrent, puis vingt. Je frottais nerveusement mes mains, tentant d'échapper aux images du calvaire que je venais de supporter.
Mais elles m'assaillaient, comme pour me rappeler que je n'étais rien d'autre qu'une misérable putain.
Il fallait que je garde espoir, et comme une évidence, le souvenir de l'homme qui m'avait offert de quoi manger et me vêtir la veille m'apparurent. L'humanité entière n'était pas mauvaise, et le destin m'amènerait peut-être à rencontrer de nouveaux anges de bonté, afin que je me sorte de cette mauvaise passe.

" Vous êtes encore plus belle que la veille très chère. Cette voix ne m'était pas inconnue, et provoqua en moi une once de joie que je ne savais expliquer. Je me tournais doucement, tentant de contrôler les palpitations de mon coeur. Dois-je m'enorgueillir d'une quelconque fierté de vous avoir tendu la main ? "
C'était lui.
Je sentis mes joues rougir. Je ne comprenais pas l'origine de cette profusion d'émotions, ma respiration était saccadée, mon coeur tambourinait contre ma poitrine, et mes jambes ne me soutenaient plus que par la grâce de Dieu.
J'avais surtout honte, terriblement honte. Il allait comprendre que je n'étais qu'une putain, il allait être déçu, il allait regretter de m'avoir tendu la main auparavant.
Ce flot de pensées me rendait muette, je n'avais pas défait mon regard du sien, et je tentais d'y percer un signe de déception, de dédain, ou même de dégoût.
Mais rien.
Son regard était juste bienveillant, doux. J'étais transportée par sa simple présence, par sa voix. Et jamais je n'avais vu un homme s'approchant autant de la perfection.

"Je..." Ma voix tremblait, je ne savais quoi lui dire. "Monsieur, je vous suis tellement reconnaissante... Rares sont les hommes de votre bonté, je vous remercie. Je courbais le dos, lui adressant une révérence. Puis je posais ma main glacée sur la sienne, le regardant en souriant. Le contact avec sa main, bien que très froide, me réchauffait le coeur. Mais un homme de votre rang ne doit pas être vu avec une femme comme moi. Je ne veux vous causer aucun tort. "

Malgré cela, je ne fis aucun mouvement annoncant mon départ. C'était plus fort que moi, je n'arrivais à m'éloigner de cet homme. Je sentais une déchirure dans ma poitrine à l'idée qu'il m'écoute et reparte de la même façon qu'il fut arrivé dans ma vie, d'un battement d'ailes.
Je m'imprégnais du moindre de ses gestes, de son regard, je voulais garder en moi cet instant magique.
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Finlay MacRory
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeLun 9 Mar - 18:46

Plus je la regardais plus elle m'apparaissait fragile, chétive. Comment avait-elle supportée de vivre dans la rue, de se vendre ainsi au plus offrant ou, tout simplement, au plus envieux ? A mes yeux cela relevait du miracle.
Plus je la regardais plus je sentais poindre ce désir fou de commettre l'irréparable. J'aurais très bien pu faire abstraction des passants, du contexte, de son passé et l'étreindre, là, en cet instant précis mais je n'en fis rien. Par égard pour cette femme qui me rendait si...humain, me rappelant au souvenir douloureux de tout ce que j'avais perdu. Lorsqu'elle posa sa main sur la mienne, je dus réfréner un violent accès de désir. Mon regard se fit plus intense l'espace d'une seconde puis reprenant le contrôle je dis calmement:

" Ce n'est rien voyons. Je trouve cela fort désagréable de constater que la plupart des gens ont oubliés le sens du mot charité. Je ne regrette en rien mon geste car son aboutissement en vaut tout l'or du monde. Je lui adressais un sourire courtois. Et ne vous inquiétez pas pour mon étiquette, je n'ai que faire du regard des autres. Laissons les parler ou penser ce qu'ils veulent. Je me rapprochais d'elle imperceptiblement. Après tout si cela peut pimenter leur existence précaire. Je plongeais mon regard flamboyant dans le sien. Je devais à tout prix me sortir de ce pétrin si enivrant dans lequel je m'étais empêtré. Cela vous dirait d'aller déjeuner ensemble ? Je vous invite. Large sourire. "
Déjeuner ? Déjeuner ?! Bravo pour l'improvisation ! Tu aurais pu trouver mieux Fin'...me reprochais-je aussitôt en mon for intérieur.
En effet, je devais utiliser ma vitae vampirique, si précieuse, une nouvelle fois, pour paraître mortel et pouvoir ingurgiter un semblant de nourriture que je régurgiterais plus tard dans la journée. Décidément cette femme me faisait faire n'importe quoi. C'était bien la première fois que j'utilisais pareils artifices qui plus est. Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi cette femme a-t-elle autant d'impact sur moi...
Toujours est-il que l'invitation était lancée et que je ne pouvais plus reculer. Je ne sais pas si cela était la meilleure solution, mais je ne souhaitais pas m'éloigner de sa personne. Je voulais la garder pour moi, aussi étrange que cela puisse paraître.
Un Vampire amouraché d'une mortel ? Pouah, on ne voit ça que dans les mauvais romans à l'eau de rose...Et rien que le seul fait d'imaginer que cela puisse m'arriver me donne la nausée. Et pourtant, je me tenais devant elle, hypnotisé par sa flagrante beauté, enivré par son châtoyant parfum et transcandé par sa mélodieuse voix. Il faut vraiment que j'écourtes cette entrevue ou je ne réponds plus de rien...
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeSam 14 Mar - 18:46

J'étais ennivrée par sa présence.
Il y avait bien longtemps que je ne m'étais plus senti d'un quelconque intérêt pour personne, et cet homme là, bien que d'une très grande classe et d'une rare beauté, semblait réellement désireux de poursuivre cette discussion, de passer d'une temps avec une clodo.
Son regard m'envoutait, me troublait, me faisait perdre pied. Des frissons me parcouraient l'échine, et le froid n'y était cette fois-ci pour rien. Je n'avais aucun prétexte pour le retenir de partir, et l'idée de le voir se retourner après m'avoir donné quelques billets me paniquait. Je ne voulais pas d'argent, je me foutais de crever de faim, j'avais juste besoin de sa présence, quelques heures en plus...
Quel était ce sentiment qui m'envahissait ? Je me devais de reprendre mes esprits, et de me remettre à ma place de Putain quémandant quelques sous. Il avait déja l'extrème bonté de m'accorder quelques minutes d'un temps de nos jours bien précieux, c'était bien plus que j'en méritais.

Sa voix interrompit le flot de mes pensées. Je m'accrochais à ses mots.
" Ce n'est rien voyons. Je trouve cela fort désagréable de constater que la plupart des gens ont oubliés le sens du mot charité. Je ne regrette en rien mon geste car son aboutissement en vaut tout l'or du monde. Son sourire m'apaisait. Et ne vous inquiétez pas pour mon étiquette, je n'ai que faire du regard des autres. Laissons les parler ou penser ce qu'ils veulent. J'étais troublée de notre proximité, mon coeur palpitait, j'étais dans un état de bien-être étonnant, je me sentais revivre sous son regard. Après tout si cela peut pimenter leur existence précaire. Je n'étais plus réellement sûre de saisir ce qu'il me disait, j'étais envahie par un désir que je ne connaissais pas. J'avais honte de mes pensées, mais j'aurais tout donné pour m'approcher encore un peu de lui. Cela vous dirait d'aller déjeuner ensemble ? Je vous invite. "
Je n'avais plus froid. Je n'étais plus une putain. En cet instant, je n'étais qu'une jeune fille qui était invitée au restaurant par l'homme qui occupait toutes ses pensées. Je dus rougir violemment, cette proposition me comblait de joie, je me croyais interdite à ce sentiment.
Je ne savais pas comment je devais réagir, je m'abaissais devant lui en une légère révérence. J'en avais les larmes aux yeux.
"Monsieur... Je balbutiais, ne trouvant les mots pour le remercier. Ce serait avec grand plaisir, mais je ne voudrais en aucun cas abuser de votre temps. Et puis je ne pense pas que l'on me laissera entrer dans les restaurants, vous savez, je ne suis qu'une fille des bas-fonds ! Malgré tout, si vous êtes sûr de vous, ce serait avec un immense plaisir que je partagerais un déjeuner avec vous."
Cependant, c'était dorénavant une idée toute autre qui m'obsédait. J'étais comme fascinée par son sourire, et je devais faire preuve de beaucoup de volonté pour ne pas imaginer la douceur de ses lèvres.
Je souhaitais de tout coeur que mon regard ne trahisse pas mon désir, il m'était difficile de réfréner cette émotion toute nouvelle. J'aurais aimé me blottit dans ses bras, le serrer contre moi pour ne pas le laisser s'échapper.
Il fallait que je sois raisonnable.
Je chassais toutes ces pensées, je n'étais rien, je ne devais pas le salir avec de telles envies.
Je lui adressais un sourire plein de reconnaissance, alors que je le voyais scruter les restaurants alentours.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeDim 15 Mar - 2:48

" Monsieur...Elle balbutiait. Ce serait avec grand plaisir, mais je ne voudrais en aucun cas abuser de votre temps. Si seulement elle savait que le temps pour moi ne représente plus rien. Et puis je ne pense pas que l'on me laissera entrer dans les restaurants, vous savez, je ne suis qu'une fille des bas-fonds ! Pourquoi le genre humain doit-il toujours se rabaisser de la sorte ? Malgré tout, si vous êtes sûr de vous, ce serait avec un immense plaisir que je partagerais un déjeuner avec vous. "

Je lui souris, d'un sourire franc et amusé, heureux qu'elle accepte ma proposition. Mon regard se perdait dans la contemplation des différentes enseignes du quartier, et malgrè cela je ne pus faire abstraction de l'émotion qui gagnait mon interlocutrice. Je sentais son coeur battre la chamade, prêt à s'envoler à la moindre incartade de ma part, ses pupilles se dilataient de plaisir, sa température avait grimpé en flèche, rougissant ses joues d'une très belle manière. Je sentais son regard posé sur moi et cela me plaisais, mais d'une certaine manière, je me sentais presque gêné, mal à l'aise. Je ne devais pas alimenter cet espoir insensé qui brillait au fond de ses prunelles. Je ne devais pas me perdre dans cette relation inattendue et si, nouvelle, pour moi:
" Je ne connais qu'un établissement décent - ce qui était la vérité -, je lui indiquais du menton et mon regard se perdit dans le sien, car, comme vous avez pu le constater, je ne suis pas de la région. J'arborais un large sourire, relevant mon chapeau d'un geste désinvolte, mes iris dorées ancrées au plus profond de son âme. Le Crown Club ?J'espère qu'il vous plaira. "

Je désirais ardemment qu'il lui plaise, afin de lui faire découvrir une infime partie de moi, sans doute la seule que je pouvais lui offrir. Le reste ne serait que mensonges et duperies et je n'arrivais pas à me faire à l'idée de lui imposer cela. C'était réellement frustrant que de se retrouver devant pareille incarnation du désir, et encore ce ne sont pas les mots justes pour la caractériser.
J'étais aimanté vers elle, a l'instar d'un papillon de nuit - et la métaphore n'est pas si loin de la réalité - qui est aveuglé par la lumière et qui, pourtant, ne cesse de se diriger vers elle. J'étais aveuglé. Je perdais toute notion de la réalité. J'aurais voulu m'abandonner à elle, lui offrir toute ma personne, lui montrer qui j'étais vraiment. Le monstre tapie derrière ce visage d'ange...Mais je ressentais le besoin de la protéger de tout cela, de lui épargner pareille horreur, je voulais la protéger de tout, même si cela devait m'inclure dans les dangerosités potentielles et largement évidentes. J'étais vigilant, alerte, prudent, me méfiant de tout ce qui se passait autour de nous. Je scrutais mentalement chaque passant, ses intentions, son attitude, son regard mais c'était imperceptible pour eux, et elle, du moins je l'espérais. De toute manière l'être le plus dangereux du monde se trouvait déjà au plus près d'elle et cela venait gonfler ma culpabilité déjà si envahissante.
Ma main esquissa une ébauche de mouvement. J'aurais voulu lui offrir mon bras, ou la prendre par la taille mais la tentation était beaucoup trop forte et je ne devais en rien, lui céder, au risque de lui faire du tort. Ma main retomba, imperceptiblement le long de mon corps. Je lui adressais un sourire chaleureux, et d'une humble révérence, l'invitais à me suivre.

Lorsque nous pénétrâmes à l'intérieur du restaurant, sa chaleure onctueuse me caressa la peau. Tout était si savoureux dans cet établissement; du lambri aux couleurs si sobre et tellement apaisante des murs, de la décoration so british à la magnifique scène où trônait encore le fameux piano à queue, vestige de mon petit concerto de la veille au soir. Tout était étudié pour me mettre à l'aise, et pourtant je ne l'étais pas. Etrange. Cette fille en était la cause.
Je me demandais si elle, dont je ne connaissais ni le nom, ni rien d'autre d'ailleurs - ce qui était encore plus étrange au final - s'était aperçu de ma peau blafarde, de mon teint de craie, de l'aspect si lisse et parfait de ma peau. J'essayais tant bien que mal de lui cacher ces détails dérangeant bien que mon corps, lui, semblait réfuter mon comportement de lâche. Je n'avais d'yeux que pour elle et me fichais éperduement d'être repéré par quelqu'un d'autre. Je ne voulais pas que, elle, le saches, bien que paradoxalement, j'en mourrais d'envie - au sens littéral j'entends puisque je le suis déjà -
Je crois que le barmaid reconnût mon visage car il m'adressa un hochement de tête et un sourire. Je comptais deux couples attablés et trois hommes au bar. Il n'y avait pas foule. Machinalement mon regard se porta sur ma montre. 12h35. C'était pourtant une heure décente pour déjeuner. Peut-être pas ici.
Je m'avançais lentement vers le comptoir, précédent mon invitée de choix, et rendais son salut au barmaid. Je lui fis signe que nous étions deux et il comprit de suite de quoi il en retournait. J'ôtais mon trench-coat et le lui tendit, ainsi que ma valisette, puis mon chapeau. Je me dirigeais ensuite vers cette charmante - les mots perdent de leur saveur lorsqu'il s'agit de décrire sa grâce - demoiselle, ébourrifant mes cheveux et leur donnant un aspect un peu plus présentable, puis tout en avançant une main fébrile vers elle, je lui dis d'une voix suave, proche de celle d'un ténor de l'opéra:

" Puis-je vous débarasser ? "
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMer 18 Mar - 19:24

"Le Crown Club ?J'espère qu'il vous plaira. "
Je m'étais égarée dans de nombreuses pensées, et je bafouillais un "oui" géné. Je ne connaissais pas plus ce restaurant qu'un autre, et en fin de compte, peu m'importait. J'allais manger à ma faim, tout en profitant de l'éphémère bonheur d'être accompagnée de CET homme là. Je devais sortir de ma torpeur, afin d'engager un sujet de conversation.

J'y refléchissais ardemment, jusqu'à ce que nous arrivions en dessous de l'enseigne "Crown Club".
A peine entrée dans l'établissement, je fus saisie par son côté chaleureux. Rien n'était surfait, ce n'était pas le luxe qui primait, et malgré tout , la présence d'objets tel un superbe piano à queue conférait au lieu un grand raffinement. Cette athmosphère m'apaisait. Je laissais s'échapper un soupir d'aisance, et la chaleur rendait peu à peu à ma peau sa couleur rosée. Qu'il était bon de sentir mes doigts s'étendre, le sang affluer à nouveau dans tout mon corps frigorifié.
" Puis-je vous débarasser ? "

Cette voix suffisait en elle-même à me faire frissonner, et son propriétaire était l'incarnation de la perfection à mon sens.
Je retirais mon gilet, exposant mon corps mutilé aux yeux de tous. Je croisais nerveusement les bras, mais rapidement une pensée chassa cette inquiétude : je ne savais rien de lui. Il paraissait habitué de cet endroit, bien que m'ayant affirmé qu'il était étranger. Le patron lui avait adressé un hochement de tête, son regard ne s'attarda que peu sur moi, il n'y avait pas une once de dégoût dessinée sur son visage, il semblait bon.
Deux couples étaient installés, l'un d'un calme olympien, tandis que la relation entre les deux personnes de l'autre semblait très charnelle.
Trois hommes étaient également présents. Eux aussi étaient d'une grande classe, je détonais dans ce lieu, mais étonnemment je ne m'y sentais pas rejetée pour autant. Je me sentais juste bien, et c'était incroyablement reposant de ne plus avoir à subir les regards outrés et haineux de ceux qui ne cherchaient même pas à comprendre, et ne le pouvaient d'ailleurs pas.
Débarassé de nos par-dessus, l'objet de mes pensées m'indiqua une table, au fond de la pièce. La lumière y était plus douce, plus tamisée qu'ailleurs. Je profitais de cette semi-pénombre pour mieux regarder le visage de l'homme qui me permettait de me sentir "normale" le temps d'une soirée. Il était d'une blancheur rare, et aussitôt l'image de l'aristocratie d'autrefois, dont me faisait tant l'éloge ma Mère, s'imposa à moi. La pâleur avait toujours été selon moi signe d'une grande noblesse, et j'étais de plus en plus troublée d'être tout de même digne de passer cet instant avec lui. Je soupirais d'aisance, un sourire étirant mes lèvres.
"Je vous remercie pour tout... Puis-je savoir votre nom ? Le mien est Aele. Elnaria Aele, monsieur."


Dernière édition par Elnaria Aele le Dim 22 Mar - 21:13, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeDim 22 Mar - 20:42

Qu'il m'était insupportable de découvrir ce corps meurtri. Cette magnifique femme, à la longue chevelure dorée, arborait des ecchymoses, des hématomes, des contusions sur la majeure partie de son corps mis à nu. Sa peau, au demeurant très pâle, contrastait énormément avec ces marques bleuâtre sous-cutanée. J'aurais aimé pouvoir faire quelque chose pour la soulager mais le corps humain est long à cicatriser, et la seule solution qui m'apparaissait me révulsait. Je pris donc sur moi de garder mon masque d'impassibilité, ne trahissant rien ni dans mon attitude, ni dans mon regard.
Je pris délicatement son gilet et le déposais avec le reste de nos affaires. Lentement et avec grâce, je l'invitais à me suivre à une table, près de la scène, contre le mur lambrissé. Au-dessus de nous était accroché un magnifique portrait de John Coltrane, un saxophoniste de talent. Je fis le tour de mon invitée, non sans en humer le délectable parfum au passage, puis tirant sa chaise avec révérence je l'incitais à s'assoir. Elle passa si près de moi que je crus briser la chaise en deux. Il me fallut faire preuve d'un contrôle exemplaire. En presque sept siècles d'existence, je n'avais jamais ressenti ce besoin si ardent de me contrôler de la sorte. J'avais toujours cédé par amour de la séduction et par finalité existentielle, mais jamais je n'avais prétendu ne pas me nourrir par dégoût de moi-même.
Je me suis toujours considéré comme un vampire, un buveur de sang qui se repaît de ceux qui fûrent ses homologues. Comme une personne se doit de manger, de boire pour vivre. Je ne me vois pas comme un parasite comme certains de ma race le pense ou même un prédateur invétéré qui s'adonne à sa soif insatiable par pure égoïsme, amusement, ou auto-satisfaction. Je me nourris parce que je le dois. Je ne suis pas non plus hypocrite au point de me persuader que je suis un être bon ou encore que je pourrais me nourrir de sang d'animaux par égard pour mon ancienne humanité. Je suis ce que je suis. Un être damné certes, mais respectable. J'ai ma propre ligne de conduite et je ne m'en écarte pas. Ou presque.
Seulement voilà, en cet instant précis, mon regard braqué sur cette nuque parfaite, mes narines frémissantes à l'effluve savoureuse qui émane de cette chère Elnaria, je me sens comme écrasé par sa vulnérabilité, sa fragilité déconcertante. Tout en elle me renvoie en plein le visage l'horreur de ma situation. Qui suis-je pour me permettre de violer cette âme, au demeurant si pleine de bonté, et de me nourrir de son sang ? Je suis un monstre, je le sens au plus profond de mon être, et rester auprès de cet ange ne fait qu'accentuer ce sentiment. Pourtant je reste. Désirant ardemment lui prouver, me prouver, que tout monstre que je suis, je peux la protéger, lui offrir ma personne sans aucune arrières-pensées de quelque nature qu'elles soient. Je fais appel à cette parcelle d'humanité qui ne m'a jamais entièrement abandonnée, et aussi surprenant soit-il pour moi, elle ne fait que répondre à l'appel sans équivoque de ma douce Elnaria. Elle est mon hameau d'humanité, celui où je me raccroche tant bien que mal, en espérant que la tempête qui gronde en mon être finisse par s'estomper et laisse place au calme, à la sérénité.
Tout doucement, cédant à la tentation irrésistible d'une manière admirablement réfléchie, je me penchais vers elle et dans un murmure lui dis:
" C'est un plaisir incommensurable, et le mot est faible, que de faire votre connaissance lady Aele. J'étais à deux doigts de son oreille; je pouvais sentir sa respiration, son pouls, mais jamais mon regard ne se détourna de la courbe élégante de sa joue. Appelez-moi Finlay dis-je dans un souffle. "
Il me fallut un moment avant de reprendre le contrôle de ma personne, mais lorsque je lui fis face, ma veste nonchalamment déboutonnée, mes prunelles dorées étaient pleine de douceur. Je n'avais aucune idée si elle distinguait, ou non, mon holster; pour tout dire je m'en fichais. Les mains jointes sous le menton, je l'observais poliment, sans la détailler. Mes yeux épousèrent furtivement la courbe de son visage, ses pommettes rosissantes, son nez fin, ses lèvres rebondies d'où un sourire innocent s'en dégageait timidement, mais ce que j'aimais pardessus tout, c'était son regard bleu saisissant. Elle avait des yeux d'un bleu cristallin, presque diaphane, translucide. Y transparaissait toute sa délicatesse, sa précarité, sa tristesse mais je distinguais autre chose, de l'envie et un certain bien-être apaisant. J'aurais pu passer le reste de ma journée, voir même sa vie entière, à la contempler de la sorte sans en éprouver le moindre ennui:
" Dites-moi, simple curiosité, Elnaria ce n'est pas un prénom typiquement japonais n'est-ce pas ? Léger sourire en coin, amusé. Auriez-vous des origines soviétiques ? "
Ce nom m'était apparu étrangement familier pour avoir travailler il y a longtemps avec la mafia russe, peut-être y avait-il en effet quelque consonance de l'Europe de l'Est. En ce cas que faisait-elle dans la région, mais la vraie question, pourquoi se trouvait-elle dans cette situation dégradante, humiliante et dépravante. Un serveur vint interrompre le fil de ma pensée, nous apportant les cartes du restaurant. Il en tendit une à Elnaria puis l'autre, pour moi. Avant qu'il ne s'en retourne à ses occupations, je lui dis promptement:
" Auriez-vous du single malt Bushmills ?
- Oui monsieur. Nous avons du dix, du douze ou du seize ans d'âge.
- Mettez-moi votre seize ans d'âge, merci
.
Puis me tournant vers Elnaria. Que prendrez-vous comme apéritif très chère Elnaria ?"
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMar 24 Mar - 21:05

Il m'avait invitée à m'assoir, avec une grande galanterie. Sa présence derrière moi me perturbait au plus haut point : je ne parvenais à calmer le tulmute qui sévissait au plus profond de moi. J'avais honte de ne savoir contrôler ce genre d'émotions qui avaient causée ma perte. Mais le savoir si près de moi m'empêchait de raisonner convenablement, et le fait qu'il se rapprocha doucement n'arrangea rien à ma situation.
Je fus surprise par la soudaine promiscuité qui régnait entre nous deux . Son corps frôlait imperceptiblement le mien, et je frissonais. Son souffle caressait ma nuque, et je me mordillais les lèvres, en tentant de retrouver une contenance. Sa voix suave m'envahissais, et je fermais les yeux pour en saisir chaque tonalité, chaque bribe.
" C'est un plaisir incommensurable que de faire votre connaissance, lady Aele. Une lady... Oui, je l'aurais été. Si les choses avaient été différentes... Un sourire éclaira mon visage. C'était tellement bon de se sentir à nouveau humaine pour quelqu'un. Appelez-moi Finlay. " Je répétais son prénom, un murmure inaudible ,pour moi-même. J'aimais la façon dont coulaient ces syllabes, avec douceur.

Lady Aele... Ces deux mots avaient suffit à semer le trouble dans mon esprit. Je n'étais plus dans ce restaurant, mais plongée dans mes souvenirs. Tu seras une grande lady, ma fille. Peu importe ce qu'en dit ton père.
Puis, ma mère au sol, ses entrailles déchirées, tout ce sang contre les murs... Mon père , ses coups, mes cris, mes pleurs, mon silence.
La mélancolie était mon lot, je m'y étais fait, mais ce soir, l'amertume refit surface, me faisant terriblement violence, alors que je pensais à l'avenir qui m'était promis, et ce que j'étais aujourd'hui. J'aurais pu être digne de cet intérêt que me portait Finlay. N'était-ce pas que de la pitié ? Je ne voulais même pas y songer


" Dites-moi, simple curiosité, Elnaria ce n'est pas un prénom typiquement japonais n'est-ce pas ? En m'interrogeant, un sourire était apparu sur ses lèvres. Auriez-vous des origines soviétiques ? "
Soviétique ? Oui, pour sûr, ma mère l'était. De la grande noblesse russe. En revanche, en ce qui concernait mon véritable père, je n'en avais aucune idée.
Si je lui disais avoir pour ancêtre le plus fidèle conseiller du tragiquement connu Nicolas II, il me rirait probablement au nez. Si je lui avouais que coulait dans mes veines le sang d'une des familles les plus respectées de l'aristocratie russe avant qu'arrivent les bolchéviks, il ne me croirait simplement pas.
Je soupirais. Qu'importe, de toute façon ceci n'avait plus aucun intérêt au vu d'où j'en étais aujourd'hui.

Le serveur vint nous apporter deux cartes. Mon compagnon de table l'interrompit alors qu'il allait repartir.
" Auriez-vous du single malt Bushmills ?
- Oui monsieur. Nous avons du dix, du douze ou du seize ans d'âge.
- Mettez-moi votre seize ans d'âge, merci. Que prendrez-vous comme apéritif très chère Elnaria ?"

Je relevais les yeux, et, un sourire franc au coin des lèvres, je scrutais le regard de Finlay. Je savais que c'était abuser de sa générosité, mais la simple idée de me délecter d'un peu de champagne m'ennivrait. Mes yeux devaient pétiller juste à cette pensée.
- J'aimerais une coupe de champagne, s'il vous plait.
- Très bien madame. Voulez-vous que je vous présente les différentes bouteilles de notre cave ?

Je marquais une légère hésitation.
- N'auriez vous pas un Laurent Perrier Grand siècle ?
Le jeune homme m'adressa un sourire, prit note de ma commande et repartit.

Finlay me regardait, il semblait amusé. Soudainement génée, je rougis légèrement et reportais mon regard sur la nappe.
"Pardonnez-moi, Sir, d'ainsi profiter de votre gentillesse, je me suis laissée griser par mon envie de boire du champagne... Je préférais changer rapidement de sujet, de peur de m'enliser. Pour votre question, mon prénom n'est effectivement pas Nippon. Ma défunte mère, paix à son âme, possédait la nationalité russe avant son mariage. Elle portait le nom de Tatiana, Tatiana Trepov. J'ignore tout de mon père biologique. Le mari de ma mère était Toshi Aele, lui était Japonais. Il... Qu'importe, il ne m'est plus rien.Je sentais mon coeur se déchirer, ma gorge se nouer à la simple évocation de cet homme qui avait détruit ma vie. Je serrais les poings, contenant mes larmes. Je ravalais ma haine et enchainais. Et vous Sir, ai-je tort de penser que vous êtes un gentleman anglais ? Vous en avez l'élégance, le raffinement.
J'avais l'étrange impression que l'or de ses yeux avait fait place à de l'ambre, ou peut-être des éclats de rubis, alors que je lui parlais succintement de mon père. J'accusais le contre-coup de longs mois de toxicomanie, blâmant ces hallucinations incensées.
Faisant le vide d'un soupir, je plongais dans son regard le mien, empli de reconnaissance et de tendresse. Je lui devais tellement.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMer 25 Mar - 23:33

" Pardonnez-moi Sir, de profiter ainsi de votre gentillesse, je me suis laissée griser par mon envie de boire du champagne... "
J'avoue que je fus étonnamment surpris. Non pas pour son manque de sollicitude à l'égard de mon porte-monnaie, je m'en fichais royalement, mais par son goût prononcé. En temps normal, la plupart des femmes de ma connaissance se laissait abuser par un petit martini, un simple kir et en de rares occasions un bourbon, mais cette femme avait choisie la finesse et l'élégance d'un Laurent Perrier Grand Siècle. Je le savais depuis le début. Depuis cette rencontre hasardeuse au coin d'une rue, où j'avais pour la première fois plongé mon regard au fond de son âme. Ce que j'y avais lu m'avais tout de suite bouleversé. Cette femme n'était pas n'importe qui. Son passé en tout cas, la trahissait aujourd'hui. Ce geste n'était pas anodin à mes yeux, peut-être ne l'était-il pas pour elle non plus. Un large sourire illumina mon visage et je hochais lentement la tête, de cette complicité de bon goût, en direction du serveur.
J'avais raison sur un autre point. Sa mère était donc bien russe. Pas de quoi me pâvaner de ma perspicacité, le premier imbécile venu aurait très bien pu s'en apercevoir. Aussi vite ? Peut-être pas. Voilà de quoi flatter mon ego surdimensionné. Toutefois mon enthousiasme fut secoué lorsque je vis la tristesse s'emparer de son être à l'évocation d'un nom. Un simple nom. Toshi Aele. Elle semblait déchirée. Je ressentais les palpitations de son coeur, un ryhtme effréné synonyme d'angoisse et d'anxiosité. Toshi Aele. Je me promis de ne jamais oublier ce nom et de faire le maximum pour lui faire payer ses erreurs. Quelles qu'elles soient. Je détestais la voir dans cet état, cela me rongeait de l'intérieur. Il m'était difficile de réfléchir calmement lorsque je la savais aussi désemparée, aussi affligée. Pire, je n'avais qu'une idée en tête, un désir primaire, celui de me jeter sur cet homme et de le broyer devant elle, sous ses yeux, lui prouver que Toshi Aele ne représente rien et qu'il ne mérite pas cette souffrance. Je détestais cet homme avant même de le connaître. Je le haïssais. Je ne sus si mes yeux m'avaient trahis mais je sentis comme un flottement dans le regard de mon invitée qui s'empressa de changer de sujet, plus pour elle que pour moi-même, dussais-je le croire, et je l'en remerçiais:

" Et vous Sir, ais-je tort de penser que vous êtes un gentleman anglais ? Vous en avez l'élégance, le raffinement. Je dus attendre un instant, que la tension retombe, avant de m'enfoncer dans ma chaise, les bras en croix, contemplant Elnaria comme un voleur pris la main dans le sac.
- Je vois que je suis démasqué. Me penchant vers elle, coudes sur la table. Est-ce parce que je vous ai emmené dans le restaurant le plus chic de la ville ? Je lui adressais un sourire en coin, plein de complicité. Vous avez tout à fait raison sur votre première supputation, mais je garde une certaine réserve quand aux deux dernières bien que j'en sois très flatté. Je vous remercie de penser à moi en de pareils termes. J'inclinais la tête humblement, toujours ce sourire charmant sur le visage. Pour tout vous dire, je suis né dans la ville de Cork, en Irlande. C'est une ville côtière où il fait bon y vivre. Je regrette d'avoir dû quitter pareil paradis sur terre. Je soupirais, croisant les bras contre ma poitrine. J'en rajoutais un peu mais pas tant que ça. Cork me manquait vraiment. Seulement son exposition plein Sud et ses côtes ne sont pas vraiment l'idéal pour un vampire. C'est d'ailleurs l'une des rares villes d'Irlande à être la plus ensoleillée. Pas de chance. Mes parents étaient d'humbles maraîchers, quand à moi, j'ai grandi dans l'application des traditions. Les bonnes manières devraient être le lot de tout homme ne pensez-vous pas ? En tout cas je l'assume entièrement. J'esquissais un large sourire, mes prunelles dorées ne quittant pas Elnaria du regard. Lorsque je suis arrivé en Europe, j'ai été choqué de voir la place que la femme occupait dans la société. Souvent rabaissée, jamais estimé à sa juste valeure. Ne dit-on pas que la galanterie est apparue en France ? Tout en parlant j'agitais ma main pour accentuer mes paroles. Une chose que certains mortels avaient coutume de faire. Enfin avec le temps les choses changent. Je dois être un homme d'une autre époque. Je laissais échapper un rire léger, m'amusant de ma propre boutade avant de reprendre d'un ton un peu plus officieux. Mais j'ai la vague impression que vous-même lady Aele, vous êtes une dame d'une autre époque. Votre maintien, votre façon de parler, ce goût si raffiné pour les champagnes de qualité, je la regardais en souriant, déposant mes bras croisés sur la table, avançant mon visage vers elle, j'ai peur de me montrer trop indiscret, mon visage reflétait une certaine inquiétude, ou même de raviver chez vous certains...
- Votre commande. Il ne pouvait pas y avoir pire moment pour intervenir de la sorte. Je pestais intèrieurement face à la promptitude de ce serveur, cachant mon sentiment derrière un sourire courtois de circonstance. Il déposa la coupe de champagne puis mon verre de Whisky, il nous tendit ensuite, de nouveau, la carte et s'en alla aussi vite qu'il était réapparu. Je saisis mon verre cachant mal une certaine gêne. Je ne voulais pas la blesser en lui parlant de son passé mais j'avais tellement envie de la connaître, d'approfondir cet instant si nouveau pour moi. J'étais tellement certain que cette femme était quelqu'un. Cette femme que tout le monde méprisait, cette femme que tout le monde rabaissait. Il y avait quelque chose tapie derrière cette flagrante fragilité et ce quelque chose attisait ma curiosité au plus haut point.
- Je trinque à votre santé lady Aele, et à cette si improbable, et pourtant si charmante rencontre. "
Je lui adressais un sourire plus ravageur que les autres et levais mon verre à son encontre.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeJeu 26 Mar - 22:16

Je ne m'étais que peu fourvoyée. Finlay était originaire d'Irlande, Cork plus précisemment. J'avais souvenir que mon précepteur avait cité cette ville, lors d'un cours. Je ne parvenais cependant plus à me souvenir en quels termes.
Il éprouvait une réelle nostalgie de ce lieu visiblement enchanteur. J'en conclus qu'il ne resterait pas à Shinjuku, il ne devait être que de passage. J'étais songeuse, tentant de m'imaginer quel métier pourrait être le sien. Mannequin ? Non, il avait bien plus de classe qu'un simple mannequin. PDG d'une grande firme en visite à des clients ? Cette hypothèse me semblait déja plus probable.
"Les bonnes manières devraient être le lot de tout homme ne pensez-vous pas ? En tout cas je l'assume entièrement."
Je répondais d'un sourire, il prêchait une convertie. J'avais été élevée dans un milieu prônant ces valeurs, et cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas pu retrouver un homme les appliquant. Encore un côté de lui qui me séduisait totalement.
J'hochais la tête pour approuver ces propos quant à la galanterie, à la place actuelle des femmes dans notre société. Il était très critique envers ce rabaissement dont elles sont victimes, je ne pouvais qu'être de même avis.
Sa voix était fluide, je buvais ses paroles. J'étais attachée au moindre de ses mots, et je m'imaginais déja enchaînée au souvenir de son adieu prochain.

"Mais j'ai la vague impression que vous-même lady Aele, vous êtes une dame d'une autre époque. Votre maintien, votre façon de parler, ce goût si raffiné pour les champagnes de qualité, il approchait son visage du mien, son regard était interrogateur, mais je sentais sa crainte d'être trop intrusif. J'ai peur de me montrer trop indiscret, ou même de raviver chez vous certains..."
Je baissais les yeux, il avait touché juste, mais également où cela faisait mal. Qui j'avais été... Tout me ramenait à ma chute aux enfers, à ma déchéance.

- Votre commande. Je soupirais de soulagement. Cela ne me dérangait pas d'aborder le sujet, de me dévoiler devant lui, après tout il était celui qui m'avait sauvée des ténèbres, pour ce soir, mais... Cela faisait tellement longtemps que tout le monde ne s'intéressait plus aux raisons de mon état actuel, même moi j'avais tenté vainement de refouler ces souvenirs au fond de mon coeur. Je savais que c'était du passé, et que je ne pourrais plus retrouver tout ça, ni m'en venger, alors à quoi bon ?
La coupe et le verre déposés, les cartes dans nos mains, le serveur reparti promptement, nous laissant à nouveau en tête à tête.
Je saisis la coupe avec élégance, comme on me l'avait enseigné. Je ne la portais pas à mes lèvres, mon regard était tourné vers Finlay. Il me regardait, sans vraiment être là, il semblait emporté dans ses pensées, se posant mille questions. Son regard était doux, apaisant. Je sortis de ma contemplation lorsqu'il trinqua à ma santé...
"- Je trinque à votre santé lady Aele, et à cette si improbable, et pourtant si charmante rencontre. "
J'étais surprise de me sentir si bien, de sourire avec tant de sincérité, tous mes problèmes s'envolaient face à lui et son regard.
Alors qu'il levait son verre, un sourire indescriptible se dessinai sur son visage. Je me sentais littéralement fondre, pire qu'une adolescente à son premier rendez-vous. J'aurais eu honte si je n'étais pas si loin de toute refléxion à cet instant.
Je levais mon verre à mon tour, le regard pétillant de tendresse et de désir.
Aucun son ne pouvait franchir mes lèvres, j'y portais donc la coupe, et me délectait d'une gorgée. La finesse de ses bulles et de son arôme me fit frémir, tandis que le délicieux nectar éveillait toutes mes papilles.
Je n'en avais pas bu depuis la dernière réception donnée par Toshi Aele, juste avant que je ne parte. J'en avais bu ce soir là à outrance, pour ne pas me rendre compte... Ne pas me rendre compte de ce que j'allais encore subir ce soir là, pour oublier ce que j'avais subi tous les autres.
Je reposais la coupe, souhaitant la savourer pleinement, et rouvrit les yeux.
Une fois encore, mes joues durent prendre la teinte rouge, lorsque je vis Finlay me regarder avec dans les yeux ce qui me semblait être une pointe d'amusement.

"Pardonnez-moi Sir, j'avais perdu l'habitude de boire de si bon champagnes, d'ailleurs j'avais perdu l'habitude de boire quel champagne qu'il soit, puisqu'au cours des derniers mois ce n'était que des vins que je qualifierais de "piquette" qui m'avaient réchauffée. Vous n'imaginez pas à quel point cette charmante soirée me réchauffe le coeur, et je veux profiter de chaque instant de ce rêve avant qu'il ne s'arrête. Dans le passé, les mondanités étaient mon lot, et me fatiguaient à la longue. Je n'aurais jamais pensé en être réduite un jour à savourer un Laurent Perrier comme si c'était la chose la plus merveilleuse au monde. Je souris avec amertume, parler ainsi m'était douloureux, puisque je savais que demain tout reprendrait comme avant, la rue, les passes pour quelques sous, les regards.
Vous m'aurez apporté une lueur d'espoir, et je peux maintenant me battre, car je sais que ce n'est pas vain, qu'il reste des hommes bons ici-bas."
Qu'importait l'issue maintenant, j'avais une raison d'avancer, même si ce chemin ne me menait nul part.
Une boule m'obstruait la gorge, et je luttais pour retenir mes larmes. Je bus une nouvelle gorgée, et secouais la tête afin de chasser ces pensées.
"Et vous, quelle raison vous mène à Shinjuku ?"
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeSam 28 Mar - 0:47

Je bus une gorgée de ce délicieux Bushmills. Un raffinement extatique pour les papilles sublimé par la beauté que j'avais sous les yeux. Je ressentais cette gêne, cette pointe de culpabilité d'avoir voulu trop en savoir sur elle. Je maudissais ma maladroite indiscrétion mais c'était plus fort que moi, j'étais attiré indubitablement vers elle. Elle me conforta dans mes supputations, lorsqu'elle porta son verre à ses lèvres, d'une manière élégante, loin de la jeune femme de la rue qu'elle fût il y a peu. A la première gorgée, je vis son regard pétiller au rythme de l'embrasement de ses joues. Je sentais la moindre parcelle de son corps se détendre, s'extasier dans la volupté de ce si banal pêché. Les paupières closes à présent, elle reposa ce nectar délicieux avec douceur. Je la contemplais, la dévorais des yeux. Je lisais sur son visage bien plus que sur n'importe quelle autre et j'appréciais à le faire. Je méprisais la plupart des mortels mais pas elle. Elle était bien plus que cela à mes yeux. Je vis se dessiner un sourire confusément radieux, alors que ses doigts s'entrelaçèrent de nouveau, signe d'une gêne probante:
" Pardonnez-moi Sir, j'avais perdue l'habitude de boire de si bon champagne. Elle n'imaginait pas le poids de ces mots à mes oreilles. Vous n'imaginez pas à quel point cette charmante soirée me réchauffe le coeur, je l'écoutais, patiemment, ne la quittant pas des yeux. Je ne clignais même plus des paupières, par peur de la voir s'évanouir dans mes songes, et je veux profiter de chaque instant de ce rêve avant qu'il ne s'arrête. J'opinais derechef. Dans le passé, les mondanités étaient mon lot, et me fatiguaient à la longue. C'était ma certitude. La jeune fille déguingandée était loin à présent et je m'en félicitais, bien que quelque part j'aurais préféré qu'elle rencontre un homme digne d'elle...Je n'aurais jamais pensé en être réduite un jour à savourer un Laurent Perrier comme si c'était la chose la plus merveilleuse au monde. J'aurais voulu lui répondre qu'on ne mesure vraiment les choses qu'une fois qu'elles nous échappent mais elle continua sur sa lançée et je ne me permis point de l'interrompre. Vous m'aurez apportée une lueur d'espoir, et je peux maintenant me battre, car je sais que ce n'est pas vain, qu'il reste des hommes bons ici-bas. "
Cette dernière phrase, loin d'être intentionnelle, me blessa. Elle faisait référence au commun des mortels, à l'humanité à laquelle je n'appartenais plus depuis des siècles. Je réalisais mon erreur que de m'attacher à elle, de la laisser m'apprécier. Je n'en avais pas le droit. Je retardais l'échéance, l'inévitable, mais au fond de moi, il me faudrait partir. Je devais la quitter pour le salut de son âme. Je préfèrerais être consumé par les regrets et l'amertume de cette perte plutôt que de la souiller d'un espoir vain et futile. L'espace d'un instant mon regard se décrocha du sien et se porta sur l'extérieur. L'idée de fuite est raisonnable, c'est la meilleure chose à faire. Mais mes jambes ne répondirent pas. Mes doigts se crispèrent faisant naître la saillie blanchâtre au niveau de leurs jointures. Elle représentait tant pour moi que je ne pouvais m'arracher à elle. Merde !
" Et vous, quelle raison vous mène à Shinjuku ? Je reportais mon attention sur elle, mes prunelles dorées avaient laissés place à deux iris d'un ambre foncé. Ma voix était néanmoins calme et posé.
- Dans un premier temps, appelez-moi Finlay. Léger sourire en coin. Pour ce qui est du reste je suis tenu au secret professionnel. Je relevais un pan de ma veste laissant apparaître la crosse ivoire de mon berreta. Je vous rassure, en trois ans de service, je ne m'en suis jamais servi une seule fois. Je m'approchais d'elle et susurra à son attention. Je suis détective privé mais...Je posais mon index sur mes lèvres dans un large sourire. J'imagine que ce n'est pas vraiment ce à quoi vous vous attendiez n'est-ce pas ? Je portais une nouvelle fois mon verre à ma bouche. Je m'excuse pour tout à l'heure si je vous ai paru indiscret. Au moins j'ai désormais la certitude de vous connaître mieux que n'importe qui. Je lui souriais, prévenant. Je me suis trouvé un petit appartement dans le quartier. Ce qui n'était pas entièrement faux, mais pas entièrement vrai non plus. En général, lorsque nous sommes envoyés en mission, nous ne savons jamais vraiment combien de temps il nous faudra rester sur le terrain, vous voyez je ne serais jamais très loin de vous."
Je voulais la rassurer face à son inquiétude de se retrouver de nouveau seule. Je n'en démordais pas vis-à-vis de mon rejet des mortels, beaucoup trop préoccupés par leur propre personne pour s'entraider comme il se doit. Si je devais me faire violence autant le faire pour elle et avec panache.
" Et vous chère Elnaria, qu'est-ce qui vous intéresse ? "
Je faisais tournoyer le liquide ambré, tenant mon verre d'une manière désinvolte. Soudain je pris conscience d'une chose qui m'avait échappée. Le soleil dardait ses rayons incandescents dans toute la rue. Glacée d'effroi et horriblement surpris, ma main se crispa immédiatement faisant voler en éclat, le verre et son contenu. Je ne quittais pas du regard la grande vitre du restaurant, comme hypnotisé par cette soudaine clarté qui filtrait au travers de la devanture. Mes yeux perdaient peu à peu de leur pigmentation face à cette phobie primaire et ancestrale. Je ne ressentais nullement la douleur des fragments de verre au travers de ma peau, mon visage restant inexpressif, comme une statue de marbre.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeSam 28 Mar - 22:31

"- Dans un premier temps, appelez-moi Finlay. Pour ce qui est du reste je suis tenu au secret professionnel. Il dévoila discrètement une arme, en soulevant un pan de sa veste. J'écarquillais les yeux, interrogative. Je vous rassure, en trois ans de service, je ne m'en suis jamais servi une seule fois. Je n'étais nullement inquiétée par le fait qu'il possède une telle arme : j'avais déja une confiance aveugle en lui, et, peut-être était-ce de la naïveté, mais je ne l'imaginais pas en sérial-killer. Il se pencha vers moi, et m'avoua être détective privé. Il m'offrit un large sourire... Dieu, que je me sentais vulnérable, accrochée ainsi au moindre de ses gestes. J'imagine que ce n'est pas vraiment ce à quoi vous vous attendiez n'est-ce pas ? Non, en effet, ce n'était pas ce que j'avais imaginé, mais je n'étais pas déçue pour autant. Je trouvais que le métier de détective avec une connotation palpitante, il devait mener des investigations follement intéressantes.. Je m'excuse pour tout à l'heure si je vous ai paru indiscret. Au moins j'ai désormais la certitude de vous connaître mieux que n'importe qui. Il ponctua cette phrase d'un sourire doux. Il avait les mots pour me toucher. Je me suis trouvé un petit appartement dans le quartier. En général, lorsque nous sommes envoyés en mission, nous ne savons jamais vraiment combien de temps il nous faudra rester sur le terrain, vous voyez je ne serais jamais très loin de vous."
Je ne pus m'empêcher de sourire, avait-il l'intention de me revoir ? Cependant, il ne connaissait rien de mes manoeuvres pour gagner quelques sous. Il n'avait pas du comprendre à quel point j'étais sale. Malgré mon passé qu'il avait sûrement deviné luxueux, comprenait-il où j'en étais aujourd'hui ? Je soupirais, le coeur serré. Je refusais d'imposer ma présence à un homme si distingué, qui étais-je pour y prétendre ? Je ne voulais pas que l'on se revoit pour le préserver, tout autant que je mourrais d'envie de ne jamais le quitter. Mon coeur m'hurlait de ne pas suivre ma raison. J'étais déchirée, mais mon dégoût de moi-même avait reprit le dessus. Je ne pouvais pas souiller un tel ange de bonté.
Alors ce midi, juste ce midi, je savourerais sa douce compagnie, je me baignerais d'illusions, pour mieux me briser en repartant seule dans le noir plus tard.
Je souriais tristement, alors que des rayons de soleil transpercèrent les nuages, me caressant le visage.
" Et vous chère Elnaria, qu'est-ce qui vous intéresse ? "
Ce qui m'intéressait ? Aujourd'hui ou avant ma chute ? Alors que je refléchissais, un bruit d'éclat me fit sursauter. Le verre de FInlay s'était brisé dans sa main, de mutliples bouts de verre étaient enfoncés dans sa peau, et il ne semblait même pas s'en préoccuper. Il semblait perdu, ses yeux fixés sur l'extérieur, quelque chose de changé dans son regard. J'y décelais une panique énorme, que se passait-il ?
Le sang coulait de sa main, se mélait au whiskie, ce qui devait horriblement le brûler. Je repoussais ma chaise et me précipitait vers Finlay.
"Finlay, que se passe t-il ? Vous saignez Finlay, oh mon Dieu, tous ces bouts de verre, laissez-moi vous soigner ! Finlay ? Finlay ?"
Il ne répondait pas, je ne comprenais pas.
"Aidez-moi, je vous en prie, je crois que Finlay fait un malaise !"
Mes cris s'envolaient dans le bar, je ne savais quoi faire, ne sachant pas la raison du malaise de Finlay.
Alors que le serveur partait chercher son patron, je retirais le plus gros des bouts de verre, me saisit de la carafe d'eau qui était posée sur notre table, et en versait sur la main de Finlay, qui n'avait toujours pas bougé d'un cil. Je restais muette devant la peau de FInlay qui semblait cicatriser à une vitesse que je ne pensais pas imaginable.
Une main se posa sur mon épaule, et me repoussa sans ménagement.
Le patron du restaurant secoua Finlay, et lui prodigua des paroles dont je ne comprenais pas le sens.
"Vous ne devez pas rester là Sir, j'ai une chambre qui vous conviendra là-haut."
J'avais l'impression de me noyer face à ces évènements. Pourquoi devait-il aller dormir ? Je refusais de le laisser dans cet état, je veillerais sur lui.
Je suivais l'homme qui menait Finlay à l'arrière du restaurant, sans un mot. La peur me rendait muette. On entrait dans une pièce sans fenêtre, et j'avançais à l'aveuglette. Il y faisait froid, trop froid. Après avoir aidé Finlay à s'allonger, le patron se dirigait de nouveau vers la porte. Il ne m'apportait pas d'explications, sinon un "Ne vous inquiétez pas.".
Je soupirais, et à taton, m'assis au côté de Finlay qui était toujours dans un état de semi-conscience, quasi catatonique. Je glissais mes doigts dans ses cheveux pour l'apaiser, lui assurant que tout allait bien alors que je n'en étais moi-même pas convaincue.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeDim 29 Mar - 1:29

Je ne me rappelle pas l'avoir entendue me parler pourtant je percevais le mouvement de ses lèvres. Soleil...Je la vis se lever aussi soudainement que mon corps se raidit. Soleil...Elle semblait apeurée. Pourquoi ? Qu'est-ce qui pouvait l'inquiéter autant ? Soleil...Pour ma part j'étais tétanisé par cette inondation de vive lumière. Soleil...Je n'avais que ce mot en tête...Voilà une raison on ne peut plus valable.
Tout s'enchaîna par la suite. Un homme d'une cinquantaine d'années, aux cheveux grisonnants et aux favoris d'une autre époque s'approcha de moi. Il sentait le cigare, la sueur et l'alcool à plein nez. Son odeur me donnait envie de vomir. Comment avait-il pu poser ses mains sur ma douce. Je me sentais partir, émettant un grognement sourd, je serrais les poings pour ne pas succomber à cette frénésie naissante. Il me souleva par les épaules, m'appuyant contre lui pour m'aider dans ma démarche incertaine. Que j'étais minable. Je reprenais peu à peu conscience de ce qui m'environnait. La pénombre. J'étais allongé sur un lit inconfortable au possible, dans une petite pièce sans fenêtre, ni éclairage de quelque nature que ce soit. Elnaria, le visage marqué par la détresse, l'inquiétude, était à assise à mes côtés me caressant les cheveux avec douceur. J'éprouvais un terrible sentiment de honte à l'avoir mêlé à ce penchant si terrifiant de ma personnalité. Et déjà j'envisageais la manière avec laquelle j'allais me sortir de ce pétrin. Je pouvais très facilement utiliser mes dons surnaturels pour ce faire mais face à cette femme, il m'était impossible d'y concéder.
Je fis durer mon propre plaisir pendant un moment et jugeant le moment opportun, je me relevais lentement, m'adossant au mur. Mes yeux n'avaient pas besoin de s'adapter à la pénombre. Je fixais le visage d'Elnaria avec cette étincelle dorée dans le regard qui me caractérisait tant. Je désirais ardemment déposer mes lèvres sur les siennes. Je chassais aussitôt cette pensée de mon esprit:

" Que s'est-il passé ? dis-je d'une voix tremblante, reflet de nombreuses années d'expériences. Je ne me rappelle que de la vive douleur au creux de ma main, je fis semblant d'en ressentir encore les sévices, mais je saigne...Quel comédien ! Cela m'écoeurait de devoir lui faire subir ça...Sortant délicatement un mouchoir de soie blanche de la poche intérieure de ma veste, je m'appliquais à l'enrouler autour de ma paume afin de cacher toute éventuelle trace de cicatrisation douteuse. J'avançais à tâtons dans les ténèbres environnantes lorsque ma main entra en contact avec le visage de ma charmante protectrice. Elnaria ? C'est vous ? Je la voyais aussi clairement qu'en plein jour, allégorie subtile s'il en est. J'esquissais un large sourire à son encontre et dans un rire bienveillant la rassurais de mon état. Je suis impardonnable de vous avoir mis dans cet embarras. Vous me voyez terriblement confus...J'espère ne pas avoir gâcher votre journée...Ma voix se fit douce, un chuchotis léger et mélodieux à mesure que je m'enivrais d'elle, ma main épousant la courbe de son visage et terminant sa course au creux de sa main. Je vous remercie du fond du coeur pour votre touchante sollicitude à mon égard. Je ne mérite pas la moitié de votre inquiétude. Soudain je réalisais que nous étions toujours plongés dans le noir. Nous devrions sortir d'ici, cette pièce est pour le moins...étrange. Et puis nous avons un déjeuner à prendre "
Je ressentais encore le martèlement violent de cette peur viscérale, rien qu'à l'idée de retourner dans la salle du restaurant. Mais je devais l'affronter, pour elle, pour moi. Ce n'était rien. Du moins rien qui puisse me faire du tort directement. Après tout, la météorologie était une science des plus inexact, souvent mise à mal par un anticyclone ou une dépression longitudinale. J'avais espéré un temps gris, nuageux. Je l'avais eu le matin même. Peut-être n'était-ce là qu'une simple éclaircie, rien de plus. Si je l'espérais fortement peut-être que...Mais tu divagues là Fin' ! Je devais agir et vite ou je perdrais toute crédibilité aux yeux de la seule femme que je ne voulais pas décevoir. Belle utopie sachant que les fondations de cette relation se basaient sur ma capacité à lui cacher ouvertement la vérité. Prise de conscience mise à part, j'éprouvais l'envie incoercible de la prendre dans mes bras. Son parfum, cet odeur si délectable était une véritable drogue pour mon odorat. Une drogue qui se distillait dans chaque recoin de mon corps, s'accrochant fermement aux vestiges de mon âme. Heureusement qu'elle ne me voyait pas en train de humer ses cheveux, son être aussi vulgairement.
Je sentais encore poindre son anxiosité et une sorte de sceptisisme perspicace qui me donnait des frissons. Il ne fallait en aucun cas qu'elle apprenne la vérité. Mais que c'était difficile d'agir de la sorte lorsqu'elle était à mes côtés. Mentir était devenu une chose anodine, presque banale et je l'utilisais avec une facilité déconcertante depuis des siècles. Toutefois face à cette candeur, à cette bontée incarnée, j'en éprouvais de la culpabilité, des remords comme jamais auparavant. Respirant un grand coup, mon sang vampirique faisant son office pour tendre le voile de ma mascarade, je lui pris les mains afin de l'accompagner jusqu'à la porte.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeDim 29 Mar - 18:17

Alors que mes doigts se perdaient dans ses cheveux, j'avais involontairement effleuré son visage, d'une douceur que je n'avais imaginé. Sa peau était froide, il devait être frigorifié. Moi aussi, mais cela m'était égal. Je retirais la veste dont Kina m'avait fait cadeau, et en recouvrais Finlay. Mes yeux s'étaient quelque peu accoutumés à l'obscurité, et je distinguais très légèrement les traits de son visage. Je redessinais mentalement chacun d'eux, en appréciais la finesse. La honte de voir mes pensées dériver ainsi alors qu'il semblait au plus mal était présente, mais je ne pouvais contrôler mon coeur alors qu'il s'emballait ainsi.
Si seulement j'étais une autre et je pouvais déposer avec douceur un baiser sur ses lèvres dessinées à la perfection...

Je soupirais de soulagement lorsqu'il se redressa avec peine, se soustrayant ainsi à mes mains.
" Que s'est-il passé ? Sa voix tremblait. Le contre-coup de la peur que j'avais eu m'avait rendue muette, toute la panique qui m'avait envahie et que j'avais faite taire jusqu'à présent était prête à me faire craquer, je devais contrôler mes nerfs. Je ne me rappelle que de la vive douleur au creux de ma main, Cette même main qui avait déja étonnement cicatrisé. je ne savais qu'en penser. Mais je saigne..."
Pour avoir voulu arrêter l'hémorragie, j'avais remarqué que le sang était déja coagulé. Mais là n'était pas la priorité, il avait vraiment l'air choqué par cet accident, je devais être rassurante, et non l'asséner de questions. Il ne savait même pas où il se trouvait, et je ne parvenais pas à laisser un son s'échapper de ma bouche pour lui indiquer.
Alors qu'il tatonnait, à la recherche de repères, sa main se déposa contre ma peau, sur mon visage. Dès lors, je fus dans l'incapacité de saisir un seul de ses propos, je retenais seulement mes sanglots. Imaginait-il seulement à quel point j'avais eu peur de le perdre ? Il était probablement ridicule de réagir aussi vivement alors que nous nous connaissions si peu, mais j'éprouvais d'ores-et-déja des sentiments démesurés pour lui. Je n'avais plus qu'une envie : celle d'être tout contre lui, pour m'assurer qu'il était toujours là, qu'il me promette que tout allait bien.
"Nous devrions sortir d'ici, cette pièce est pour le moins...étrange. Et puis nous avons un déjeuner à prendre "
Mon esprit était envahi de bien trop de pensées, je me contentais d'acquieser. Je ne comprenais toujours pas ce qui était arrivé, et il ne me fournissait aucune explication.
Il se saisit de mes mains, m'aidant à me relever de ce lit bien incofortable. J'étais tremblante, la peur et le froid aidant. Je ne pouvais plus contrôler mes émotions, je me blottis tout contre lui, laissant s'échapper une larme qui perla le long de ma joue.
"Que s'est-il passé Finlay ? Pourquoi ce verre s'est-il brisé ? Votre main n'est pourtant pas touchée, et il y avait tellement de sang ! Pardonnez-moi, je ne veux en aucun cas vous écraser sous toutes ses questions, c'est seulement que j'ai eu terriblement peur pour vous !"
Je pressais tout mon corps contre lui, il m'était douloureux de ne pas me laisser aller à pleurer à chaudes larmes. J'étais bien trop émotive.
Je pris soudainement conscience de notre proximité, et ma gène fut intense.
Je reculais vivement, et m'abaissais en une révérence.
"Je suis confuse, veuillez m'excuser, je suis impardonnable d'ainsi me jeter dans vos bras."
Impardonnable, oui, à coup sûr je l'étais, mais cette erreur n'avait pas eu pour seul effet ma honte. En effet, mon corps tout comme mon coeur bouillonaient. J'en voulais plus encore, j'aurais voulu rester encore contre lui. Lorsqu'il s'agissait de Finlay, mon esprit était incontrôlable, j'étais dans une ambivalence que je ne me connaissais pas.
Je devais partir avant de le mettre dans une situation encore plus incofortable.
Sans un mot de plus, je tatonnais à la recherche de la porte, butant dans les meubles, m'éraflant, mais tout ceci n'avait plus réellement d'importance.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMar 31 Mar - 1:53

" Que s'est-il passé Finlay ? Je la regardais, le visage inexpressif, froid comme l'être que je représentais. Le salon était en branle. La table renversée, les chaises brisées. Pourquoi ? Elle pleurait, je le savais, je la voyais. C'était ma faute. Vous avez été touché et pourtant, malgré tout ce sang... "
Elle ne contenait plus sa colère, sa peur, tout se mêlait en elle dans une terrible cacophonie. Et moi je restais là, contemplatif ordonné, mon regard déjà si loin entraîné par mon âme en perdition, un minuscule trou de la taille d'une noix au milieu de la poitrine, imbibant ma chemise en lin, de sang coagulé. Que pouvais-je bien faire d'autre...La mort était mon lot quotidien, je devais faire avec. Je m'avançais vers elle, elle recula:
" N'aies pas peur...Tout ira bien. "
Elle recula de nouveau, tremblante, les traits défigurés par la terreur que je lui inspirais. Je levais une main vers elle, pleine de sang. Elle laissa échapper un gémissement d'horreur:
" Je ne te veux aucun mal...C'est moi Finlay... "
Elle secouait la tête impulsivement, rejettant cette partie de mon être qui me dégoûtait. Non pire que cela, désormais, elle me rejettait entièrement. Ma main resta un instant, suspendue en l'air, avant de retomber lentement contre ma jambe:
" Tu ne peux pas oublier n'est-ce pas ?
- Comment le pourrais-je...
"
Réaction évidente. Qu'est-ce que l'amour ou l'amitié face à l'horreur d'une réalité qui défie toutes les lois de l'évolution. Je me suis fourvoyé, une fois de plus et tel doit en être mon prix. Je la vis se diriger à reculons vers la porte, sa main cherchant désespérement une échappatoire à ce cauchemard. Devais-je la laisser partir au risque de mourir...J'étais déjà mort une fois...Je serais démembré, puis décapité pour finir brûler, mes cendres noyées dans de l'eau bénite. C'était le sort que me réserverait le salut de cette âme. Elle s'était trouvée là au mauvais moment, pendant que je me repaissais comme à l'accoutumée. Seulement les cris des enfants avaient tôt fait de l'alerter, elle, pauvre domestique. Elle avait hurlée devant cette créature pleine de sang, ne reconnaissant pas les traits de l'homme qu'elle avait aimé. Le mari à moitié-mort s'était relevé un pistolet à bout de bras. Le coup de feu éclata, me perforant la poitrine. Il visait bien le bougre. Il s'affala dans une dernière exhalaison de frayeur, maudissant sans doute son impuissance à protéger sa famille du sort cruel que je lui avais réservé. Les enfants avaient voulu s'échapper, mais durant ma frénésie nul ne peut m'échapper. Ils avaient rejoint le reste de la famille dans un monde mielleur, du moins, le leur souhaitais-je. La domestique était pétrifiée, elle se savait condamnée. Alors que je passais près d'un chandelier elle reconnût le visage du meurtrier. Le mien. Je crois que le choc fut encore plus violent qu'il ne l'était déjà. Et nous en étions là. Au fond c'était sans doute la meilleure chose à faire: se laisser mourir.
Elle trouva la poignée de la porte, la tournant délicatement, cette dernière s'ouvrit dans un grincement sonore très adaptée. Elle était sauve, elle n'avait plus qu'à tourner les talons et s'enfuir. Je ne ferais rien. Elle s'arrêta sur le seuil de la porte, le visage étrangement triste. La situation l'y prêtait mais je décelais autre chose, comme de l'amertume au fond de ses perles de rosées qui glissaient lourdement sur ses joues:

" Je n'oublierais jamais ce que j'ai vu ce soir...Mais je n'oublierais jamais, non plus, ce que vous m'avez apportée. Je vous en prie, partez. Quittez la ville et ne revenez jamais plus...Puissiez-vous être jugé pour ce crime, mais en mon coeur, je ne peux me résoudre à être celle qui vous condamnera à la damnation éternelle. Je la contemplais, à la pâle lueur de la lune, elle était resplendissante.
- Je suis déjà condamné... "
Lorsque je passais auprès d'elle, elle détourna le regard. A cet instant je compris qu'en ce monde, certains mortels étaient encore capable d'éprouver de la compassion, de la charité, de faire don de ce que la plupart d'entre nous recherchons: le pardon. Je quittais la ville, et son cri d'affliction, si poignant, résonne encore en mon âme déchirée me rappelant mon tourment de n'être au fond qu'une bête méprisable.

" Que s'est-il passé Finlay ? Le même ton dans la voix, à la fois suppliant et emprunt d'inquiétude. Elle me parlait de ma main, elle avait vu ce dont j'étais capable. Les mêmes choix s'imposaient à moi que lors de cette nuit tragique. J'étais face à un dilemme cruel...J'ai eu terriblement peur pour vous ! "
Elle aurait changé un mot que cela ne m'aurait pas surpris. J'aurais été rassuré, quelque part. Sa voix se brisa dans un sanglot. Elle se blottit contre mon corps pour cacher sa détresse, pour prouver son attachement, et moi, je restais là, contemplatif ordonné, les bras le long du corps, le regard déjà loin épiant et appelant de mes voeux, cette âme qui m'avait reniée. J'esquissais un mouvement à son encontre. Ma main se leva comme pour l'enlacer mais mon geste se stoppa à mi-hauteur. Elle tremblait. Mon regard se voila pendant que je la contemplais, cet être si chétif, si vulnérable, contre mon torse inébranlable. Je contemplais la naïveté de ce tableau non moins touchant. Et je vis cette main stupidement accrochée à cet espoir dérisoire, ce rêve si inaccessible; un rêve si emprunt de réalité qu'il était encore plus dur de s'y suspendre, retomber lentement contre ma jambe. J'aurais voulu crier. Crier à n'en plus finir. Me haïr, me saigner à blanc, disparaître. Oui, disparaître. Disparaître à jamais comme cette domestique me l'avait dit. Au lieu de cela, ma non-vie s'était poursuvie, comme si de rien n'était. Et c'est tout ce que j'étais devenu, après sept siècles, un être comme si de rien n'était.
Elle relâcha son étreinte voyant sûrement que je ne lui répondais pas. Elle dû mal l'interpréter car elle s'en excusa aussitôt, mais qu'y avait-il à pardonner ? Un ange a-t-il besoin d'être pardonner ? C'était plus fort que moi, je ne cherchais même plus à me justifier, à me trouver des excuses. C'était comme si, soudainement, toute mon existence précaire et injustifiée me revenait en plein visage.
Elle reculais lentement vers la porte, butant contre le peu de mobiliers qui habitaient cet espace vide de sens. Je la voyais aussi clairement qu'un mortel verrait en pleine journée, des larmes sechées sur son beau visage collait quelques mèches de ses cheveux ambrés sur ses joues. Le froid ambiant de cette salle exigue la faisait trembler tout autant que sa propre douleur de ne pas comprendre cette situation si troublante. J'aurais aimé, souhaité, désiré, lui ôter toute cette peine mais que pouvais-je bien dire. Je suis un Vampire très chère, et j'ai envie de boire votre sang...Tu parles, soit elle me prendrait pour un fou et fuirais, soit elle prendrait peur et s'enfuirait. Et si elle acceptait ma condition, ce qui est inconcevable à mes yeux à moins qu'elle ne soit stupide, ce qui m'étonnait, c'est moi qui finirait pas fuir.
Elle venait de trouver la poignée, son échappatoire. Avant même qu'elle ne la tourne, ma main agrippa son poignet et la tira vers moi d'une main de fer dans un gant de velour. Elle était de nouveau contre mon corps, je sentais l'effet qu'elle produisait sur mon être et je ne voulais pas m'en défaire. Ma main droite se glissa dans le creux de son dos pendant que mon autre main lui relevait le menton, coincé entre le pouce et l'index. Je plongeais mes iris flamboyantes au creux de ses yeux magnifiés par ses larmes. Mon visage s'avança vers le sien, lentement. Je prenais toute la mesure de mon geste lorsque je sentis la Bête gratter contre les murs de sa cage. Ce geste pourrait la tuer. J'en étais pleinement conscient et pourtant je continuais de me pencher sur elle. Lorsque mes lèvres se posèrent contre les siennes, un terrible feu explosa au creux de ma poitrine, un endroit pourtant vide, et se répandit dans tout mon être. Ma prise se fit plus intense alors que je pressais mon visage plus ardemment contre le sien, ma main gauche se glissant sous sa nuque. Même ses lèvres avaient un goût exquis. Toutes ces odeurs s'imbriquaient en moi, tournoyaient, virevoltaient dans un panache de couleurs, de saveurs que je découvrais avec envie. Ce baiser n'en était pas un. Il représentait beaucoup plus.
Cette femme était la source de cette félicité perdue qui me hantait au travers des siècles. J'avais eu beau la chercher ardemment comme le Saint-Graal, elle ne faisait que m'échapper. Je pensais la trouver dans le sang que j'ingurgiteais, dans la manière de séduire, dans l'argent que je gagnais, dans les âmes que j'ôtais, mais jamais elle ne daigna se montrer. J'avais fini par ne plus y croire, à me résoudre à vivre ma damnation comme le plus grand pêché de l'histoire de l'humanité. Et voilà qu'aujourd'hui, un baiser avait suffi à me rendre tout ce que j'avais sensiblement perdu lors de ma transformation. Une ébauche d'âme. Alors que nous étions toujours collés l'un à l'autre, mes paupières s'ouvrirent et mes iris si incandescentes se muèrent en deux pupilles écarlates. La Bête avait trouvé le moyen de s'échapper. Attrappant vivement Elnaria par les deux bras, je mis fin à notre étreinte aussi subitement qu'elle avait débutée. Me tenant à une distance respectable, je détournais le visage, fermais les yeux et inspirais profondément pour me calmer:

" Pardonnez ma brusquerie...Ma voix était un murmure presque inaudible. Je ne regrette en rien ce qui vient de se passer mais...Je parvins à la regarder, mes yeux ambrés retrouvant peu à peu de leur lumière, je viens de réaliser, aussi soudain que cela puisse paraître, que vous ne désiriez peut-être aucunement me rendre mon baiser."
Et cela m'angoissait d'autant à mesure que je souhaitais son rejet. J'avais agi. Gauchement, maladroitement, mais je l'avais fait. Le jeu était dangereux, bien plus qu'elle ne pouvait l'imaginer, mais je m'y risquais. Oui pour la première fois de mon existence, je me risquais à suivre autre chose que la voie du sang.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMer 1 Avr - 13:51

Alors que je posais ma main sur la poignée, Finlay aggripa mon poignet, et m'attira tout contre lui. Ce simple geste suffit à me rassurer : il n'y a rien de plus triste que de ne pas être retenue par celui qui nous est cher.
Je perdais pied face à lui, sous la douceur de ses caresses. Tandis qu'une de ses mains glissait dans mon dos, me faisant frissoner de tout mon être, il releva mon visage de l'autre. J'avais plongé mon regard dans le sien. Je n'avais jamais vu une telle couleur d'yeux, celle-ci renforçait le côté surnaturel de la beauté de Finlay.
Je rêvais éveillée, son visage s'approchait lentement du mien, je ne parvenais plus à garder une contenance, tous mes sens étaient chamboulés.
Je devais faire preuve d'efforts surhumains pour conserver une façade stoïque, mais je savais au fond de moi qu'ils étaient vains. Je ne pouvais cacher un tel désir, un tel besoin que nos lèvres se scellent. Il était la plus belle chose qui me soit arrivée.
Lorsqu'il m'offrit ce baiser si ardemment désiré, mon coeur s'enflamma, je n'étais plus que bonheur. Je n'avais jamais ressenti une telle émotion auparavent, un feu m'embrasait.
Le baiser d'abord tendre se fit plus passionné, plus intense. Je glissais mes doigts dans la chevelure de Finlay, l'attirant toujours plus contre moi, comme si ma vie en dépendait.
Avec gourmandise, je goûtais ses lèvres, leur douceur s'imprégnait en moi, je ne voulais pas que ce moment s'arrête. Je croyais maintenant au paradis.

Brusquement, il saisit mes bras, et me repoussa. Avais-je fait une erreur ? Regrettait-il déja son geste ? Je tentais d'accrocher son regard, afin de comprendre la raison de ce recul, mais il avait détourné le visage, et fixait un point invisible. Je ne savais comment réagir. Je ne voulais pas que notre étreinte s'arrête ainsi, j'avais peur qu'il reparte, qu'il réalise qu'il méritait mieux que moi. D'un autre côté, je ne pouvais que comprendre et accepter cette décision.

" Pardonnez ma brusquerie... Je dus tendre l'oreille pour saisir ses propos, qu'il avait soufflés avec peine. Je ne regrette en rien ce qui vient de se passer mais... Je viens de réaliser, aussi soudain que cela puisse paraître, que vous ne désiriez peut-être aucunement me rendre mon baiser."
Ma main avait découvert une lampe de chevet, que j'allumais alors, pouvant enfin voir plus loin qu'à quelques centimètres.
A nouveau, son regard convergait vers le mien, je n'y lisait aucun regret, mais décelais pourtant quelque chose d'indescriptible, comme de la douleur.
"Je le désire plus que tout, Finlay, n'en doutez-pas."
Peut-être serait-il comme tous les autres, et m'abandonnerait-il, mais je voulais prendre le risque. Et puis, quoiqu'il en soit, c'était une juste compensation pour le bonheur qu'il m'avait apporté. Je n'avais aucun autre moyen de le remercier.

Je m'approchais doucement de lui. J'aurais juré voir la couleur de ses yeux passer de l'ambré à un rouge écarlate. Une fraction de seconde plus tard, ils avaient retrouvée leur couleur originelle. Il semblait mener un combat intérieur, et, étant à un pas de lui, je ne savais plus si je pouvais me permettre d'amorcer une nouvelle étreinte.
La passion encore une fois l'emporta sur la raison, me poussant à uniquement suivre mon instinct. Hissée sur la pointe des pieds, je le regardais avec toute la douceur qui m'emplissait en sa présence, et du bout des doigts redessinait les traits de son visage. Je suivais la courbe de son front, frôlais son oreille, m'attardais sur ses pommettes, pour finalement effleurer ses lèvres avec un intense désir d'à nouveau en goûter la saveur.
Mon autre main était inactive, contre son torse. Je ne voulais pas être trop audacieuse, le seul fait d'être avec lui dans une telle proximité me suffisait amplement.
Il n'amorçait toujours pas un geste, je pris donc les devants, et me saisis de ses lèvres avec tendresse. Il n'opposait aucune résistance à mon baiser, mais n'y répondait pas. Je ne savais que faire face à son silence.
"Finlay, souhaitez-vous que nous retournions à table ?"
J'avais à mon tour murmuré ces mots, priant pour qu'il réponde par la négative.
Il semblait hésiter, je ne reconnaissais pas ce regard maintenant cuivré mais j'y lisais un tel désir... Je ne voulais pas arrêter, retourner dans cette salle de restaurant, puis ne plus le revoir sans avant avoir partagé bien plus qu'un simple déjeuner avec lui.
Je m'haussais à nouveau sur la pointe des pieds, et saisis sa lèvre inférieure entre mes dents, la mordillant avec douceur. J'avais entouré sa taille de mes bras, pressais mon corps brûlant contre le sien.
"Restez ici avec moi Finlay, je l'avais soufflé, telle une supplication, je ne désire rien d'autre que vous."
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeMer 1 Avr - 23:46

Lorsque la lumière inonda la pièce, je ne fus guère surpris de contempler celle qui m'irradiait de sa simple présence. Le combat s'avérait de plus en plus difficile et je craignais ne pas y arriver. A mon grand plaisir, et mon plus grand désarroi, elle désirait exactement la même chose que moi. Enfin, elle ne se doutait certainement pas de toute la teneur des évènements.
Elle était de nouveau toute proche, se hissant sur la pointe de ses pieds, elle me caressa le visage avec tendresse. Je réprimais une sorte de frisson, serrant les poings avec force. Je n'osais plus la regarder, fixant un point sur le mur nu, juste au-dessus de sa tête. Lorsque je sentis son souffle brûlant se rapprocher de mes lèvres, mon esprit s'égara. Je fermais les paupières au contact de sa bouche si agréable et si parfaite. Elles se posèrent sur les miennes avec douceur et je fus encore surpris de voir avec quelle facilité elles se mêlaient entre elles. Je me contrôlais. Je ne pouvais rien faire d'autre. J'avais épuisé toutes mes réserves rien qu'en lui prouvant la sincérité de mon attachement, mais désormais, elle désirait autre chose, une chose que j'étais incapable de lui apporter. Pourquoi fallait-il qu'elle représente autant à mes yeux ? Pourquoi n'était-elle pas comme toutes ces femmes que je comblais une nuit pour finir par m'en lasser le jour suivant. Pourquoi ce feu me brûlait-il tout le corps à chacun de ses contacts, à chacun de ses regards, à chacun de ses mots...Pourquoi ce parfum si enivrant...Pourquoi étais-je cette créature ! Pourquoi ! POURQUOI !

" Finlay souhaitez-vous que nous retournions à table ? "
Bien sûr que non...Comment lui dire tout ce qu'elle représentait à mes yeux sans trahir ce lourd secret qui me pesait depuis tellement de siècles. Comment lui dire que je ne pouvais plus me passer d'elle, qu'elle était mon refuge, cette étoile scintillante dans la nuit noire. Comment ne pas gâcher cet instant de part ma monstruosité. Je sentis de nouveau ces lèvres, et plus encore. Elle me mordillait la lèvre inférieure avec envie et suavité.
" Restez ici avec moi Finlay, je ne désire rien d'autre que vous. "
Cette déclaration était une douce caresse à mes oreilles. Elle me remplit d'allégresse à mesure que je prenais conscience de ma faute. Je n'étais pas l'homme de la situation. Je ne l'avais jamais été, et ne le serais jamais. Je lui rendis son baiser avec toute la passion, tout l'amour que j'éprouvais, aussi stupide soit-il, pour cette frêle et si merveilleuse femme. Je la serrais tout contre moi, mes bras tremblant sous la pression de mon contrôle incertain. Ma main droite remonta tout le long de sa colonne vertébrale, ma main gauche lui caressait la nuque, entremêlant mes doigts et ses cheveux délicats dans une danse embrasée. Elle me pressait ardemment contre elle, faisant jouer sa langue avec la mienne dans un balet poétique empli de sensualité. Je sentais toute sa fièvre à mesure qu'elle me caressait les cheveux, le visage. Elle se donnait entièrement à moi et cette confiance si inconditionnelle me fit souffrir le martyr.
Je tenais à lui offrir ce dernier présent avant de m'en aller, définitivement. Je devais m'arracher à elle, ôter cet espoir fuyant, et lui laisser en son coeur, ce fragment d'âme si bienveillant qu'elle aura su me faire apprécier. C'était tout ce que j'avais à lui offrir. Mes lèvres se détachèrent des siennes avec légereté. Je posais mon front contre le sien, mes prunelles flamboyantes irradiaient comme jamais, se reflétant dans la pureté de son regard, le miroir de son âme. J'aurais voulu me noyer dans l'océan de ses yeux bleu. Qu'il m'était difficile de prononcer les mots que je m'apprêtais à formuler. J'allais la faire souffrir et c'était tout ce que je refusais de faire. J'aurais aimé n'être qu'un ami sur qui elle aurait pu compter, mais cette simple évocation m'était difficile à envisager. Les mots finirent par dépasser le seuil de ma bouche:

" Je ne suis pas celui que vous pensez Elnaria Aele. Mon ton était empli de tristesse. Je ne puis vous apporter tout ce que vous désirez. Je marquais une pause, puis embrassant son front, j'entrepris de me tenir à quelques pas de sa présence envoûtante. Je vais retourner à notre table, je vous laisserais commander ce que vous souhaitez et je m'en irais. Je savais la futilité de ma demande et je vis l'étincelle de son regard s'éteindre peu à peu, confirmant mes doutes face à ce discours si surréaliste, ce qui ajouta à ma culpabilité. Je suis navré...Vous et moi...Les mots m'échappaient, une nouveauté pour moi. Je ne veux pas vous faire de mal. "
Chose à laquelle je n'avais pas tenu promesse à l'instant même où j'avais prononcé ces mots. Oui, telles furent mes mots lorsque je passais le pas de la porte sans la regarder. J'emportais avec moi l'épée de Damoclès qui planait au-dessus de la tête de ma moitié. Telles furent les mots qui me plongèrent au plus profond de cet abysse sombre et terrifiant, scellant à jamais cet amour irrationnel dans un magnifique écrin d'argent.
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeJeu 2 Avr - 19:14

" Je suis navré...Vous et moi... Je ne veux pas vous faire de mal. "

Sitôt la sentence tombée, il franchit le seuil de la porte et rejoignit la salle de restaurant.
Mon coeur avait volé en éclats, j'étais détruite de voir s'envoler en fumée des rêves dont j'avais à peine eu le temps de dessiner l'ébauche.
Mes derniers espoirs venaient de s'écrouler, et je ne pouvais rien faire d'autre que d'être spectatrice impuissante de ce drame.
Je serrais les dents, me mordant les lèvres pour retenir mes sanglots. Je voulais attendre d'être seule avant de laisser perler tout mon chagrin, ma détresse. Plus l'étreinte de mes dents autours de mes lèvres se faisait forte, et plus se faisait fort le goût étrangement réconfortant de sang dans ma bouche.

Je comprenais le soudain rejet de Finlay, et ne lui en voulait aucunement. Après tout, mon corps avait été le terrain de jeu de bien trop d'hommes pour avoir désormais la moindre valeur, et ma vie était trop minable pour vouloir être partagée.
Et si son malaise lui avait fait comettre l'erreur de s'abaisser à échanger de chaleureux baisers avec moi, il avait tôt fait de reprendre ses esprits et mettre fin à cette mascarade.
Je soupirais, ramassais mon gilet sur le canapé et en recouvrit mes épaules.
Plus rien n'avait d'importance maintenant que je me savais condamnée à flirter avec les bas-fonds de la société. Je ne pouvais me permettre d'aimer, je ne méritais rien d'autre que mon sort. J'allais disparaître de sa vie, lui, celui qui m'avait offert de revivre un fugace instant.
La gorge nouée, je quittais la pièce. Je n'étais plus rien.

Je pénétrais dans la salle de restaurant, où les traces de l'incident avait déja été nettoyées. Finlay était assis à notre table, tenant sa tête entre ses mains.
Cela me faisait terriblement de le voir dans cet état, d'autant plus que j'en étais la cause.
Je m'approchais de lui à pas de loup, et m'agenouillait à ses côtés.
" Sir Finlay, je vous remercie pour tout. Je vous serais éternellement reconnaissante. Je comprends votre réaction, et ne vous en veut aucunement. Je n'osais lever le regard vers lui, de peur de ne pouvoir cacher ma douleur à ses yeux. Je n'ai plus vraiment faim, alors je vais vous laisser déjeuner. Vous représentez beaucoup plus que vous ne pouvez vous le figurer pour moi. Sans vous, je serais morte sans réaliser qu'il y avait en ce bas-monde des êtres bons. Vous êtes bien meilleur que tous ces gens qui n'en ont que la façade, et vous crache dessus sitôt qu'ils le peuvent.
Je vous souhaite d'être récompensé pour cela. Moi, je n'ai rien à apporter pour vous remercier, je vous prie sincèrement de m'en excuser. Adieu, Finlay."

Les paupières closes, je m'abaissais autant que je le pouvais dans une révérence, puis me relevais et quittais le restaurant sans un autre regard.
Il faisait toujours aussi froid, sans compter que je n'avais repris ma veste, mais la douleur dans mon coeur était trop vive pour que je ne m'en inquiète.
J'accélérais le pas, je voulais être seule. Seule pour pleurer, seule pour laisser mourir la dernière étincelle de volonté qu'il restait en moi.

Je m'enfonçais dans la première ruelle que je trouvais. Des tas d'ordures y étaient entassées, elle devait probablement se trouver derrière des restaurants, du moins l'odeur des poubelles me le faisait penser.
Je me laissais tomber au sol, j'étais dans un état de détresse atroce, mais je n'avais pourtant plus la moindre larme à laisser s'échapper.
La vie devait reprendre son cours. Finlay rencontrerait une femme de sa stature. Et moi ? Moi, je me vendrais encore, ou bien je me laisserais crever au coin d'une rue, ou bien...

L'image de Finlay m'obsédait. Si je retournais dans la famille Aele, alors les choses pourraient être différentes. S'ils ne me tuaient de ma trahison, je retrouverais ma place, qu'importe les sacrifices à faire. Voudrait-il alors me revoir ? Je n'étais plus sûre de rien.
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Finlay MacRory
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MessageSujet: Re: Un coin de trottoir [LIBRE]   Un coin de trottoir [LIBRE] Icon_minitimeDim 5 Avr - 1:30

Je venais de descendre les marches qui me séparaient de la chambre et de la salle de restaurant. La lumière était encore vive mais supportable, je ne risquais donc rien. Seulement je ne pouvais pas me permettre de sortir sous peine de...Je restais un instant contemplatif de la grande baie vitrée qui s'étendait devant mes yeux. Le soleil dardait ses rayons impétueux, faisant fondre en petites mottes, la neige encore fraîche de la veille. Et si je passais cette porte...N'était-ce pas là ce que je désirais, maintenant que je venais de perdre ce qui me rattachait encore à ce monde...Je restais de marbre ne pouvant faire un pas. J'étais donc si faible. Si faible, que je ne pouvais me résoudre à me donner la mort. Si faible, que je ne pouvais me résoudre à avouer mon amour. Si faible, que je ne pouvais me résoudre à avouer mon terrifiant secret.
J'en étais donc là, devant ma table parfaite, les débris de verre nettoyés avec attention. Je pris la chaise d'une main désinvolte et m'assis lentement, très lentement. Je ne faisais plus attention à rien. Le monde autour de moi n'existait plus tant le ravage de mon coeur était immense. La tête entre les mains, je tremblais. M'arrachant les cheveux avec rage et frustration. La seule chose qui parvint à me sortir de ma torpeur, était ce parfum si doux, que je connaissais si bien. Celui d'Elnaria. Je la savais, la sentais près de moi mais je n'osais plus la regarder. Sa voix était loin, comme celle d'un songe dont on ne peut retenir le fugace souvenir. Je n'entendis qu'une partie de ses paroles mais cela me suffit à me pousser encore plus profondément dans cet affre de douleur dont je ne sortirais jamais plus. Je la sentis partir, sa fragrance délectable s'envolait à mesure qu'elle s'éloignait de moi. La porte s'ouvrit, le vent s'engouffra dans le restaurant, un vent frais, insidieux, comme cette indéfinissable douleur qui m'écrasait la poitrine. Puis plus rien. Tout était fini. Aussi soudainement que cela avait commencé.
J'entendais de nouveau clairement autour de moi. Des piaillements, voilà tout ce que ça m'évoquait. Des mondanités futiles que je vomissais. Cet endroit si délicieux, si charmant, si anglican...Voilà que je le haïssais. Et je ne pouvais pas m'enfuir...Pas si je désirais encore vivre, survivre serait plus correct.

" Est-ce que vous vous sentez mieux Monsieur ? "
C'était le gros puant. Le patron. Que pouvais-je répondre à cette question. Non ça ne va pas je viens de perdre la seule chose en ce monde qui comptait à mes yeux. La seule chose qui donnait un tant soit peu de raison à mon existence. Je crois qu'il comprit ma réponse dans mon regard sombre. Il s'empressa d'ajouter:
" Désirez-vous quelque chose ?
- Un whiskey.
"
Ce furent là mes derniers mots. Je ne pouvais pas sortir de ce restaurant alors autant en profiter pour me remplir ma carcasse vide. Je bus encore et toujours, noyant mon amertume dans ce breuvage qui perdait toute sa valeure à mesure que je l'ingurgiteais. Je venais de faire la plus grosse erreur de ma précaire existence mais je ne pouvais que me récompenser d'avoir choisi la meilleure option, pour elle. Les rayons du soleil commençaient peu à peu à s'estompre, le bal des clients ne cessaient de bourdonner à mes oreilles. J'en avais assez. Je me levais subitement, sobre, malgré mes cinq bouteilles de whiskey pur malt dans le gosier. J'enviais l'ivresse des mortels qui m'aurait fait oublier, temporairement, cette cruelle décision, cette cruelle perte. Alors que je me dirigeais vers le comptoir pour récupérer mes affaires et payer ma note, un homme en uniforme se présenta à moi, me plaquant une photo sous le nez et déblatérant à toute vitesse des paroles incompréhensibles:
" Je ne parle pas votre patois affreux...dis-je avec froideur.
- Anglais ? me répondit-il dans un anglais très approximatif. Je poussais un long soupir. Reconnaissez-vous l'homme sur cet photo ? S'il n'avait pas represénté l'ordre public, je crois que je l'aurais - et sa Majesté me le pardonnera - royalement évité. Je jetais un oeil sans grande conviction sur la photo qu'il me tendait.
- Non. Jamais vu. "
C'était faux. Cet homme je le connaissais on ne peut mieux. Je lui avais donné la mort il n'y avait même pas quelques heures. Donc une enquête était en cours. Mon stratagème n'avait pas fonctionné ? Sans doute la femme n'avait-elle pas mordue à l'hameçon...Pauvre sotte. Je contournais le policier, me frottant légèrement contre son bras. Ce geste, si banal, parut offensé le policier qui mit une main sur son arme de service avec dextérité. Il aurait vécu au XVIIIème siècle, durant la ruée vers l'or, qu'il aurait fait des ravages:
" Je vais vous demander de mettre les mains sur la tête monsieur. Il parlait doucement, calmement, un peu trop. Sûrement parce qu'il se croyait puissant, une arme à la main, mais il se trompait lourdement. Je ne relevais pas, demandant mes affaires au barmaid qui me les tendit nerveusement. Mon cow-boy des temps modernes venait de dégainer, au bruit si distinct de l'acier contre le cuir de l'étui. Monsieur, déposez vos affaires et mettez vos mains sur la tête. Un deuxième homme, son coéquipier, au vu de la voiture qui stationnait devant le restaurant, entra et s'approcha de moi, main à l'étui.
- Un problème ? demanda-t-il en japonais à son ami.
- Je ne sais pas, dit-il posément en anglais comme pour m'introduire dans la conversation, représentez-vous un problème monsieur ? J'en avais assez de son ton doucereux. Mon regard se faisait de plus en plus sombre. Un grognement sourd s'échappa de ma gorge. Ma patience était portée à son paroxysme. Je le vis reculer d'un pas, subitement apeuré, son arme toujours pointé vers moi. Son coéquipier dégaina aussi sec. Il n' y avait plus un bruit dans le restaurant. Tout les regards étaient braqués sur nous. J'en avais plus qu'assez. Il était temps d'en finir.
- Bien. Qu'y a-t-il messieurs que je puisse faire pour vous satisfaire ? Ma réplique était cinglante.
- Votre arme, sous votre veste. Il était prudent. Déposez-là sur le sol lentement. C'était donc ça. Tout ce charivari pour quelque chose d'aussi insignifiant. Je crispais la mâchoire pour me contrôler. Tuer ces deux hommes et je serais obligé d'éliminer toutes les personnes du restaurant. Trop d'implications. Mais malgré cela, mon envie de tuer se reflétait au travers de ma présence surnaturelle, de mon regard vide de compassion, vide de sentiments, plongeant mes deux comparses dans la confusion la plus totale. Ils étaient oppressés, la tension était palpable.
- J'ai un permis. J'étais las. Je glissais ma main dans mon veston nonchalamment.
- Ne bougez plus ! me cria-t-il faisant sursauter l'assistance. Retirez cette main de votre veste monsieur, immédiatement. "
Son ton était cassant mais presque implorant. Je les regardais tout deux puis mon regard se porta dehors. Si je ne sortais pas maintenant et que le soleil réapparaissait à nouveau au travers des nuages, je devrais attendre la nuit et je ne désirais nullement rester ici. Ignorant leurs invectives, je plongeais plus en avant dans la poche intérieure de ma veste. Je pris le bout de papier entre mes doigts lorsque soudain, l'éclaircie se fit. Vivement. Contre toute attente. Elle illumina, embrasa l'air environnant, puis se tut aussi soudainement. Un bruit sec mais puissant éclata dans tout le restaurant et au dehors. La détonation du revolver me secoua violemment. Le coup avait été porté pratiquement à bout pourtant, et il me projeta lourdement sur le sol. Je ne sentis guère qu'une petite brûlure au niveau de ma poitrine. J'étais là, gisant sur le sol, les bras en croix, ma main gauche tenant ce petit bout de papier soigneusement plié, l'allumette qui mit le feu à ce brasier d'incompréhension. Je sentais le sang, mon propre sang, s'imbiber dans la soie de ma chemise, la collant contre mon torse de marbre. Ma première pensée fût: Fait chier, mon costume...
Je regardais le plafond, désabusé, blasé, désenchanté. Quelle journée de merde...Le monde autour de moi s'agitait comme les abeilles autour d'une ruche. Je crois que l'on appelait une ambulance. Soudain une idée germa dans mon esprit. Je ne pouvais décemment pas me lever aux yeux de tout le monde et faire comme si de rien n'était. Je venais là pour calmer les ardeurs de ceux de ma race et non pas me fourvoyer en me comportant comme eux. Si je devais être mort autant jouer le jeu à fond. Je pourrais sortir grâce à l'ambulance et une fois à l'hôpital je filerais. N'y vu ni connu. Rien ne pouvait m'identifier, et le patron de l'établissement et son personnel savait quel était mon secret, comment ? Aucune idée. Peut-être Ayden Storm leur en avait-il parler. Peut-être les avait-il sélectionnés pour leur intégrité et leur ouverture d'esprit. Je n'en avais cure. Tout ce qui m'importait, c'était de me retrouver ailleurs, quelque soit l'endroit.
Pourvu qu'Elnaria ne reviendrait pas à la suite de ce coup de feu. Pensée sans intérêt puisque de toute manière je ne devais plus la revoir. Si elle me voyait ainsi cela me faciliterait les choses...Pourquoi ressentais-je ce besoin de ne pas être mort à ces yeux alors que je l'étais aux yeux du monde ? L'espoir ? Etait-ce l'espoir de la revoir, de lui parler, qui me donnait cette envie morbide de ressusciter tel un phoenix renaissant de ses cendres.
Je venais de fermer les paupières et des cris, des soubresauts me parvinrent dans un écho lointain. J'étais loin de tout à présent. Je n'entendais même plus les sirènes, au loin, qui se rapprochaient de plus en plus du lieu du drame. Je n'avais plus besoin de jouer la comédie. Je pouvais être moi. Un être mort, mais vivant malgré tout au travers d'un amour étrange, foudroyant et dangereux. Quelle journée de merde...Les personnes présentes durent être étonnées, choquées. L'homme qui venait de pousser son dernier souffle dans ce restaurant, venait de le faire le sourire aux lèvres.


[Fin de ce topic, suite Ruelles sombres pour Elnaria, Hôpital pour Finaly.]
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