Ombres chinoises [PV: Byaku Jun]

Nouveau Nombre de messages : 12 Age : 33 Date d'inscription : 13/08/2009

Mihaël soupira. Il venait de comprendre à peu près l'endroit où il se trouvait sans se souvenir, pourtant, ce qui s'était passé la veille. C'est ainsi qu'il se réveilla ce matin, allongé sur l'herbe fraîche du parc, sous un immense saule pleureur. Frissonnant, il n'avait pas d'abord compris ce qui se passait, pourquoi il se trouvait là. Ses vêtements étaient trempés par la rosée matinale qui avait mouillé l'herbe. Soupirant une nouvelle fois, Mihaël se redressa lentement, ses vêtements humides qui collaient à sa peau. Il resta toute la matinée au parc, à errer sans rien y faire, se contentant juste d'admirer la nature. Une nouvelle journée de congé qui s'avérait des plus ennuyantes.

Son estomac criait famine, il avait maigri ces deux derniers jours, sans compter qu'il était déjà bien assez maigre. Mihaël décida donc de chasser, en espérant que le sang puisse assouvir sa faim. Seulement, au parc, il n'y avait que de petits animaux, de petit mammifères. Des oiseaux, des écureuils, mais il n'appréciait pas du tout le goût du sang de ces derniers. Il y avait aussi des lapins, des insectes, mais cela le dégoûtait vaguement de devoir se nourrir d'insectes et, qui plus est, vivants. Mihaël se gratta la tête en réfléchissant et regarda tout autour de lui. Il y avait plusieurs personnes qui se promenaient çà et là et si quelqu'un le remarquait en train de chasser... Il ne doutait pas de dévoiler sa nature de vampire et d'être emprisonné ou pire, tué. Ne sait-on jamais si des chasseurs traînaient aux environs.

Préférant la prudence à la négligence, il sembla bon à Mihaël de ne pas chasser. Cependant, à présent qu'il avait songé à boire un peu de sang, son envie ne s'effaçait plus mais cela n'inquiéta pas le vampire. Il se prit à errer au sein de de la ville.
Il passa alors toute son après-midi à se promener dans les rues sans savoir où il allait et, au fur et à mesure des heures qui s'écoulaient, du temps qui passait, sa soif grandissait. La nuit était tombée et, avec elle, la lumière s'en était allée comme la couleur si brune des yeux de Mihaël avait disparu pour laisser place à ce noir ténébreux, menaçant, un noir qui ne présageait rien de bon.

Le vampire tremblait d'envie et de faiblesse. Sa soif était trop grande pour qu'elle puisse être ignorée et il se sentait faible, faible car il ne trouvait pas de sang, il ne trouvait pas de quoi se nourrir. Il aurait pu retourner au parc pour chasser, bien évidemment, mais à présent il se retrouvait dans ce cimetière et n'était pas capable de retrouver le chemin du parc. La lune elle-même, d'une couleur rouge sang, ne semblait rien présager de bon, comme si elle prévoyait les actes de Mihaël et ce dernier vagabondait dans le cimetière, ses yeux avides qui se posaient sur chaque tombe, un peu comme s'il s'agissait de personnes humaines.

Il avait repéré une odeur alléchante, le mieux serait de la suivre et savoir ce qui se passait, non? Son regard fouillait de ses yeux noirs le cimetière, en quête de la personne blessée et sa soif prenait peu à peu le contrôle de lui. Il perdait petit à petit la notion du temps, ne se rendait plus vraiment compte de ce qui se passait autour de lui. Il n'y avait qu'une seule chose qui puisse avoir de la valeur à ses yeux en cet instant et il s'agissait bel et bien de sa soif... du sang.

Nouveau Nombre de messages : 68 Age : 33 Date d'inscription : 27/02/2009

Jour douze :

Je ne pensais pas qu'il serait à ce point éprouvant de suivre ce jeune homme. Je ne sais pas ce qui s'est exactement passé mais une chose est sûre, j'ai eu une absence. Une longue absence. Prêt de dix jours... depuis ce terrible spectacle. En tout cas cet instant est mon dernier souvenir. Je n'arrive pas à me souvenir de quoi que ce soit d'autre, pourquoi ? Que m'est-il arrivé ? J'étais pourtant bien accroché, nullement fatigué, j'observai la scène sans broncher et voila que je ne me souviens de rien...

"Jun, aurais-tu effacé ma mémoire ?"
Oui, j'ai osé lui poser la question. Peut-être qu'un événement fait qu'il dut supprimer une partie de mes souvenirs afin de cacher un lourd secret ou non. Peut-être que pour mon bien, mon équilibre mental il a été forcé à user de son don sur moi ou bien... Non, il n'a rien fait. Il ne comprend pas pourquoi je ne me souviens de rien. Il est tout aussi étonné que moi, voire même plus. Cependant il cherche à me rassurer : il ne s'est rien passé de particuliers...

Ce jour là, les choses qu'il avait pensé compliquées ne l'étaient nullement. Tout s'était très bien arrangé même si ce n'était pas de la meilleure manière mais quelle manière était la meilleure ? Aucune, il finissait toujours pas être forcé de faire faire un choix et selon ce dernier sa vie pouvait être plus heureuse ou non. C'était ainsi, et ce jour là un choix avait été fait...
Une fois qu'il en avait eu fini avec la demoiselle, il était venu pour me rejoindre. Il me cherchait à ses côtés mais ne me trouvant guère il s'était inquiété. Forcément je lui avais dit que jamais je ne le quitterai, pas l'ombre d'une seconde, alors me voyant absent et ne répondant pas à mon nom, il a paniqué. Il a retracé le parcours, il a repris les chemins et il m'a retrouvé, évanoui.
J'étais allongé, inconscient, le cahier serré contre le corps, la plume dans la boue. Je ne répondais pas, je respirai faiblement, à peine mais régulièrement, je dormais. Oui, j'étais profondément endormi. Je ne comprends pas pourquoi... et voilà que neuf jours plus tard je me réveille.
Il parait que j'ai refais de temps en temps surface l'espace d'une minute ou deux avant de sombrer à nouveau. Je ne me souviens de rien.

Cependant je crois sur parole mon petit. Ce dernier me dit n'avoir rien fait pendant tout ce temps. Il m'a veillé, changé, nourri, il s'est occupé de moi avec une attention qu'il n'accorde à personne, d'autant plus que pour lui je ne suis rien : seulement un témoin. Je ne suis pas son ami, vaguement une connaissance ou du moins c'est ainsi que je le pensai. En réalité, la bonté naturelle de Jun et le fait que j'étais constamment avec lui avait créé un lien entre nous. J'étais une personne à laquelle il tenait même s'il ne le montrait pas, même s'il ne me sauverait pas ni ne me protégerait en cas de danger qui risquait de compromettre son quotidien... Je comprenais sans comprendre cette amitié, ce sentiment qui le liait à moi.
Je le remercie de ne pas m'avoir abandonné. Il aurait pu le faire, il aurait pu me laisser, prendre seulement le carnet et m'oublier mais non, il est resté. J'en suis heureux. Je le suis d'autant plus que depuis mon réveil, il se tient à côté de moi, il m'observe, il me parle, il est là, bel et bien présent. Seulement....

"Jun, tu peux arrêter de me gaver, je vais bien maintenant."
Depuis mon réveil, il ne cesse également de me faire manger. Certes, ce ne sont que des fruits et éventuellement un malheureux rongeur mais quand je dis que je n'ai plus faim, c'est le cas. Il n'a pas à s'inquiéter, ce n'est pas un manque d'appétit... J'ai du manger la moitié de la forêt grâce à lui ! Pauvre petit, j'ai du lui faire peur... Pourtant ce n'est rien, je devais être trop captivé par mes écrits que je ne me suis pas rendu compte de ma fatigue.

"Promis, je dormirai plus."
Il y veillera personnellement. D'ailleurs, à peine la nuit fut-elle tombée qu'il me força à me coucher, allongé à mes côtés, un bras autours de ma taille pour m'empêcher de me lever. J'avoue, j'étais bien. Si bien que l'idée de protester ne m'est même pas venue, je me suis endormi, heureux.

Jour treize :

Tout est revenu à la normal. Jun au levé a pris son bain, il est allé chasser, il a à peine manger en revanche il m'a observé attentivement, s'assurant que je déjeune correctement puis il s'est recouché et ce en attendant la fin de la journée... Quand à moi je le regardai dormir. Il était si paisible et j'étais si bien. J'ai pris le temps de relire mes lignes, cherchant des réponses à des questions que je n'osais poser (et n'en trouvant bien évidemment aucune). J'ai pris la peine de revivre toutes nos aventures, bien qu'elles furent peu nombreuse et surtout j'eus le temps de regretter cette absence. Neuf jours... J'ai perdu presque dix jours de ma vie sans en connaître les raisons. Même épuisée, personne ne dort aussi longtemps. J'étais dans une sorte de coma en soit ! Je n'y comprends rien et cela me fatigue. Le plus dur étant d'accepter que ceci représente dix jours de moins dans la vie de Jun. Il peut mourir à tout instant et moi je dors... Mieux vaut ne plus repenser à cet épisode. Je ferais plus attention, tout simplement.

Mon protégé est réveillé, il se dirige en direction de la ville. Je le suis en silence. Il a toujours cette même démarche, nonchalante. Rien ne le touche. Il se déplace tel un fantôme. Il erre. Le quartier ne me dit rien, je me demande pourquoi il est venu par ici. Certainement ce n'est guère pour se trouver de la compagnie... du moins je ne le pense pas...
La nuit n'est plus très loin, le soleil devrait dans quelques heures se coucher et les vampires vont affluer. Les ruelles vont crouler sous leur présence, les humains seront en dangers... ces mêmes humains qui, à cet instant, retiennent mon petit dans le cul de sac. Ils jouent avec lui. Seulement, lui, il ne réagit pas...

Dieu, comme il m'est difficile de l'observer sans rien faire. Jun, je t'en prie réagi. Tu es plus fort que ces minables, tu peux en quelques mouvements fluides et discrets les mettre à terre alors pourquoi ne pas le faire ? Je ne comprend pas et pourtant je sais pourquoi. Il ne veut pas laisser de trace. Il ne veut pas user de son don non plus. Ainsi, il encaisse sans un mot, sans une action. Le mur contre son dos, le poing contre sa joue, le genou contre son ventre. Les coups grêlent et il ne fait rien. Sa vie, elle pourrait être en danger. Ces hommes, ils pourraient être plus cruels. Fort heureusement ce ne sont que des gamins. Ils voulaient juste jouer mais face à un misérable corps sans vie, ils renoncent vite. Il n'y a rien de drôle à frapper une personne qui ne supplie ou ne cherche même pas à riposter. C'est ainsi qu'ils s'en vont, laissant Jun à terre. Celui-ci lentement se relève et à peine redresser voit son sang gicler. Il serre les dents et ferme les yeux à l'ombre de son chapeau. Cette douleur est doucement désagréable. Il se retient, il se contrôle et il s'avance, ignorant le jeunot qui tient son couteau. Ce même couteau qui vient se planter dans le dos de mon protégé, manquant de le déséquilibrer sous la surprise...
J'aimerai qu'il fasse quelque chose.
....
Rien...
....

Les jeunes ont renoncé à jouer avec cette proie peu divertissante depuis ce dernier coup. Sans doute la surprise de le voir s'éloigner sans broncher leur a coupé tous leurs moyens. Jun a erré jusqu'à un lieu reculé puis il s'est laissé effondrer. Certainement, le lieu n'est guère peuplé, notamment de nuit mais... personnellement je préférerai être ailleurs. J'ai la chair de poule. Cet endroit... il est... il m'a toujours été désagréable comme si quelqu'un m'observait, me suivait, m'encerclait... Je n'ai jamais aimé les cimetières. Jun lui semble s'y plaire. Ou plutôt, il semble s'y plaire pour se vider de son sang...

Voici un quart d'heure que nous sommes ici. La seule action qu'il a faite fut d'ôter l'arme de sa chair et d'y poser un linge. Non, je n'ai pas dit bander la plaie (sans même parler de la soigner) seulement d'y poser un linge avant de s'adosser contre une tombe. Sa réponse à mon pourquoi de ce geste fut qu'il ne voulait pas souiller la pierre de son sang...
Imbécile.
Quand à l'autre plaie... dois-je vraiment préciser qu'il n'y a même pas accordé le moindre regard ? Certes, elle est largement moins conséquente, ce n'est qu'une coupure qui lui barre le poitrail, rien d'important, elle ne fait que quelques millimètres de profondeur, rien de grave... mais quand même ! Il pourrait faire un petit effort pour prendre soin de lui ! Qu'est ce qui le retient de le faire ? J'ai beau lui demander, il ne veut pas répondre.

Là, mon protégé est confortablement installé contre la tombe, la tête basse, le chapeau sur les yeux et ces derniers fermés, je jurerais qu'il dort si je ne le connaissais pas autant. En réalité, il médite, il attend. Je ne sais quoi, mais il patiente, bientôt... quelque chose ou quelqu'un.
Maintenant je comprends.
Jun... tu es vraiment trop.... Tu es gravement dérangé. Quel abruti se laisserait tranquillement vider de son sang en faisant la sieste, histoire d'attirer de la compagnie ?
Je n'en connais qu'un : c'est toi.

Voyant l'homme qui approchait, je me décidai de prendre mes distances afin d'avoir une vue d'ensemble sur la scène. Le vent était frais, l'air était doux, la nuit aurait pu être belle et tranquille si nous étions restés en forêt ou bien si nous étions allés errer quelque part sans chercher les ennuis... Bien sur, cela n'aurait pas été drôle pour toi, n'est ce pas Jun ?
Décidément, tu es épuisant.

Nouveau Nombre de messages : 12 Age : 33 Date d'inscription : 13/08/2009

Mihaël soupira. Il voulait se baigner, il n'attendait plus que plonger dans cette eau si glacée et bleutée qui léchait langoureusement ses doigts, rougissait aux rayons du soleil qui se déposaient délicatement sur sa surface étoilée et semblait l'inviter à s'unir avec elle. Cependant, en raison de sa fièvre qui semblait vouloir ne pas partir, ne pas le quitter, comme si elle était amoureuse de lui, Mihaël ne pouvait pas se permettre une fois de plus de se tremper dans une eau trop fraîche. C'était à cause de... ses actes qu'il était tombé malade. Le vampire caressa avec douceur la surface de l'eau, un petit sourire attendri qui étirait ses lèvres. Elle était si belle... si douce... Comment ne pas succomber à son charme? Comment demeurer interdit face à cette beauté éternelle? Il n'y avait tout simplement aucune réponse à ces questions et Mihaël s'en sentait soulagé. Il appréciait beaucoup se trouver en des endroits de verdure comme celui-ci, surtout lorsqu'il n'y avait personne, qu'il pouvait profiter d'un peu de calme et de tranquillité. Pourtant, à peine cette pensée fugitive et éphémère traversa-t-elle son esprit qu'il entendit des pas étouffés. L'étudiant redressa alors la tête et aperçut un jeune homme qui approchait du petit lac. C'était lui... Celui qui l'avait arrêté dans son délire, dans son massacre... Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de se présenter.

Et Mihaël fut plutôt surpris de voir combien il ressemblait à Miyaki, son cousin. Du moins, physiquement. Il ne pouvait pas encore juger de son caractère comme il ne le connaissait pas. L'inconnu semblait bien plus âgé que lui, mais cela ne faisait qu'accentuer sa beauté, le charme qui se dégageait de lui. Et ses yeux... à peine deux petites fentes, des yeux noisettes, si sombres et qui donnaient pourtant envie de s'y noyer. Mihaël dévisageait longuement l'intrus qui venait de faire irruption, la bouche légèrement entrouverte. Il était étonné... de ce charme si mystérieux qui provenait du vampire et semblait l'hypnotiser. Finalement, le jeune homme sembla le remarquer, s'approcha de lui. Mihaël ne le quittait pas des yeux et le regarda s'asseoir juste à côté de lui. Il le vit retirer son haut tout en se présentant et détourna aussitôt le regard, les joues roses.

Oh non... Le même scénario recommençait. Ils allaient finir par se retrouver à moitié nus, ils se désireraient, voudraient se caresser, se toucher et aller plus loin et puis... finalement, ce jeune homme qui répondait au nom de Risa Mitsuki se redresserait comme si de rien n'était, reprendrait ses habits pour s'en vêtir et s'en irait. C'était à peu près ce qui s'était produit quelques mois plus tôt, avec son cousin. Il lui fallait juste éviter de regarder Risa et peut-être se montrer un peu sec pour le prévenir qu'il pouvait très bien mordre si ce dernier commençait à le draguer effrontément. Alors ce fut d'une voix sèche et un peu froide qu'il se présenta à son tour.

- Mihaël Jonas.

Point. Il n'y avait rien d'autre à dire ou à ajouter. Mihaël s'allongea sur le dos et croisa ses bras derrière sa tête, puis fixa la cime du saule pleureur, en espérant ne plus avoir à regarder Risa. Il se sentait déjà assez honteux de ce qui s'était passé avec son cousin... sans compter le massacre dont il était le seul coupable. Ses mains étaient encore tâchées de sang, il en sentant l'odeur, cette odeur si enivrante. Six heures plus tôt, il avait fui le village qui avait été sa cible et maintenant, il se retrouvait au bord d'un lac, à partager ce moment si tranquille avec Risa qui, par il ne savait quelle magie, était parvenu à calmer la bête noire qui avait pris le contrôle de son corps. Il se sentait mieux, la soif de sang était toujours présente, mais elle avait diminué d'intensité. Il ne ressentait plus ce besoin si vital de se relever pour s'abreuver du sang d'innocents.

A présent que le jour déclinait, que le crépuscule s'imposait, le ciel rougeoyait d'une lueur vermeille parsemée d'or, une lumière qui se reflétait sur la surface de l'eau, la drapant ainsi d'un voile rouge, au point que le point d'eau donnait l'impression d'être une immense flaque de sang. Voilà une vision des plus parfaites pour assouvir les désirs d'un vampire sans qu'il ne fasse de victimes.

Mihaël secoua la tête. Non, il ne devait plus y repenser... Il ne devait plus penser à son amant... à sa disparition. La plaie était toujours là, béante, si fraîche, si douloureuse... Elle le brûlait, l'épuisait et l'anéantissait. Au moindre coup, elle pouvait à nouveau s'ouvrir et peut-être le détruire pour toujours. Mihaël prit une grande goulée d'air frais, et cligna plusieurs fois des yeux, le temps de se réhabituer aux ténèbres si délicieuses de la nuit. Pourquoi ce souvenir s'était-il imposé à lui? Pourquoi maintenant?

Simplement car les traits du visage de sa proie... étaient identiques à ceux de son amant disparu. Le sang emplissait ses narines, la faim le tiraillait, mais il était paniqué à l'idée de lui faire du mal, de le blesser... Bien qu'il soit déjà blessé. Le vampire s'approcha lentement et prudemment de l'inconnu, sans le quitter des yeux. La bête noire s'était calmée, s'était à nouveau tapie dans les méandres de son âme. Mihaël ne voulait faire aucun mal à cet homme, à cet humain. D'ailleurs, si la bête n'avait pas disparu, il était sûr que sa victime serait presque vidée de son sang à l'heure qu'il était.

Lentement, Mihaël s'agenouilla à côté de l'homme, des larmes qui perlaient à ses yeux et sa gorge qui se serrait. Il fut surpris du timbre de sa voix si tremblant, si grave...

- Pouvez-vous... vous retourner? J'aimerais... soigner votre blessure...

L'odeur du sang lui indiquait très clairement l'endroit où était blessé l'humain. Au dos... et puis, toutes ces ecchymoses qui apparaissaient sur son corps, son œil enflé, ces balafres... que s'était-il passé pour qu'il soit tant blessé? Mihaël lui releva doucement la tête pour l'examiner avec inquiétude, anxieux de son état de santé.

- Qui vous a fait cela?

Il était évident que l'homme n'avait pas pu se faire toutes ces blessures tout seul, quelqu'un, ou même plusieurs personnes, l'avaient très sûrement frappé. Et Mihaël n'allait certainement pas laisser passer cet acte inhumain... bien que lui-même ne faisait pas plus preuve d'humanité que les agresseurs de son vis-à-vis. Après tout, son cœur ne battait plus, il était mort et il lui fallait s'abreuver du sang de personnes innocentes pour sa survie. N'était-ce pas faire preuve d'égoïsme et d'inhumanité?

Nouveau Nombre de messages : 68 Age : 33 Date d'inscription : 27/02/2009

Spoiler:

La personne approchait. Elle s'avançait à petits pas, une certaine hésitation transpirait à travers ses mouvements. Elle observait mon protégé avec une attention toute particulière. Elle était prudente, certes, mais il y avait autre chose, un petit détail, un petit quelque chose qui me mettait mal à l'aise. Je ne parvenais alors nullement à comprendre de quoi il en retournait. Cet intrus ne me semblait pas une menace, il était simple et j'étais touché de voir des larmes briller dans ses yeux. Ce n'était qu'une personne qui se souciait du sort d'autrui, une personne qui se préoccupait pour mon petit. Si seulement cette personne parvenait à lui faire entendre raison !
Je pouvais toujours espérer.
Jun était ce qu'il était, jamais personne ne pourrait le forcer à changer. Dommage.

Les allures du cimetière me frigorifiaient. Je détestais cet endroit et je ne comprenais pas comment mon protégé pouvait rester là, paisible bien que blessé. D'autant plus qu'il était en présence d'un intrus, d'un... Hé ! Ne le touche pas ! Comment ose-il poser sa main sur lui ? Et lui, pourquoi ne fait-il rien ! Après tout, il y avait des risques, il pouvait... Maudit soit cet humain qui n'en fait qu'à sa tête !

Jun avait le regard vaguement plongé sur son interlocuteur et le vide. Il voyait sans voir la personne qui était présente, son oeil découvert étant meurtri quand à l'autre couvert et d'un voile noir et de quelques cheveux n'offrait pas grand secours. Cependant il fallait le reconnaître, mon protégé ne cherchait pas non plus à voir cette personne.
En revanche il semblait qu'il laissait l'inconnu observer son visage à sa guise, s'interrogeant sans conviction sur la grandeur des dégâts. Il ne s'en rendait pas compte et il n'en avait pas fait le tour. Il sentait sa peau le tirer par endroit mais il savait passer outre la douleur alors pour lui ce n'était rien de grave. Les bleues, les brûlures, les foulures, les os brisés, les côtes cassées ne représentaient qu'une petite souffrance nouvelle. Et puis, il était toujours en vie alors qu'était-ce que tout cela ? Pour lui, strictement rien... Fort heureusement ce soir là, ses plaies n'allaient pas au delà des apparences, simples hématomes et coupures, rien de cassé, c'était un bon début.

L'étranger lui parlait. Il lui avait déjà posé une question, lui demandant de lui faire dos afin de lui montrer sa plaie seulement mon petit avait décidé de l'ignorer. Puis maintenant il entendait d'autres paroles, des mots qui l'interrogeait sur ses agresseurs. Ce fut avec un léger sourire sans sentiment en coin de lèvres que Jun se défit du contact de sa compagnie et lui souffla :

"Vous ne trouvez pas cela regrettable... tout ce sang gâché ?"

Le jeune homme observa le bout de ses doigts encore tâchés de ce liquide vital qu'il méprisait tant. Délicatement il porta sa main à hauteur de lèvres. Il entrouvrit légèrement la bouche puis détournant la tête il changea d'avis et laissa son bras retomber au sol. Dans le même temps, il se retourna doucement. Il défit le cordon de sa cape qu'il laissa glisser à sa taille restant bras couverts, présentant son dos meurtri à l'étranger, tel que cela lui avait été demandé.
Puis, il fit à nouveau entendre sa voix :

"Il aurait pu servir à sauver des vies ou bien... Que pouvons nous faire d'autres avec du sang ? Des expérimentations ?"

Jun laissa le silence s'installer paisiblement. Délicatement sa main chassa sa lourde cape qui tomba au sol, révélant à présent Kioku. La garde de celui-ci brilla sous le clair de lune.

"Ou encore apaiser la soif d'un vampire, peut-être ?"

Hé oui... un vampire. Voilà la créature à laquelle il avait à faire. C'est pourquoi je persiste à me demander comment mon protégé fait-il pour rester paisible dans un cimetière en étant blessé et en compagnie d'un suceur de sang et puis...
Du bout des doigts il caressait la garde de son sabre, son regard posé sur une tombe, un rictus au coin de lèvres.
Et puis... par tous les enfers, il était un chasseur. Pourquoi attendait-il avant d'attaquer ? Car c'était son devoir, n'est ce pas, de tuer des vampires ?

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[Traduction? Non, parce que je ne parle pas le japonais xd]

L'humain semblait réticent à lui dévoiler ses blessures, le laisser soigner toutes ses plaies. Mihaël ne pouvait que trop le comprendre, il était un vampire. Tous les humains craignaient les vampires ou bien tentaient de les tuer. Il ne voulait pas mourir... ou peut-être juste un peu. Cette idée effleurait de temps à autre son esprit, surtout lorsqu'il se rendait compte du mal qu'il créait tout autour de lui. Des personnes innocentes étaient blessées par sa faute et lui ne pouvait rien y faire. Il perdait tout simplement le contrôle de son corps, le contrôle de lui-même quand sa soif était trop grande... quand la bête noire avait décidé de sortir de sa cachette.

L'inconnu qui se tenait en face de lui ne semblait pas effrayé par sa présence. Avait-il compris, au moins, qu'il avait affaires à un vampire? Probablement pas...

"- Vous ne trouvez pas cela regrettable... tout ce sang gâché ?"

Si... cela était bien regrettable, mais il n'allait pas non plus dévoiler ses pensées à cet inconnu... inconnu qui porta ses doigts tâchés de sang à ses lèvres. Mihaël le regarda avec des yeux avides. Un humain qui aimait le goût sang? Non, cela ne pouvait pas exister... Et puis, pourquoi boire son propre sang si lui n'avait pas besoin de ce liquide vermeille pour survivre? Ne préférait-il donc pas le lui offrir? L'humain se ravisa dans son geste et laissa son bras retomber. Un petit soupir de déception franchit alors les lèvres de Mihaël qui le regarda retirer sa cape pour présenter son dos meurtri.

"- Il aurait pu servir à sauver des vies ou bien... Que pouvons nous faire d'autre avec du sang ? Des expérimentations ?"

Pourquoi pas? Mais pourquoi lui poser de telles questions? Mihaël ne comprenait pas où voulait en venir l'homme, mais la réponse vint presque aussitôt.

"- Ou encore apaiser la soif d'un vampire, peut-être ?"

Oh... Il avait donc compris qu'il était un vampire... Mihaël cligna plusieurs fois des yeux. Ce n'était pas pour si peu qu'il allait tout de même le laisser agoniser dans un bain de sang! Seulement... quelque chose attira son attention. Quelque chose de peu rassurant. Un vampire est très observateur... Il a le privilège d'avoir tous ses sens plus aiguisés que ceux des humains. C'est pourquoi Mihaël remarqua bien l'humain caresser le fourreau de ce qui semblait être un sabre. Avait-il affaires à un chasseur?

- Oh...

La guérison serait peut-être remise à plus tard. Un médecin humain s'occuperait très sûrement de cet homme. Lentement, sans quitter le sabre des yeux, Mihaël se releva avec lenteur et recula de quelques pas.

- Désolé de vous avoir importuné.

Il n'avait pas envie de mourir d'un coup de sabre simplement pour avoir voulu aider cet humain. Les personnes manquaient décidément de respect et de bonne volonté, les humains eux-mêmes se transformaient en animaux sauvages, en monstres, à vouloir tuer la moindre personne qui osait croiser leur chemin. Ils se méfiaient bien trop des vampires. certains n'étaient pas aussi dangereux qu'ils le laissaient croire. Mihaël ne faisait peut-être pas parti de cette catégorie, il n'en savait rien, mais... il avait simplement voulu aider cet humain, rien de plus.

Finalement, il soupira et tourna les talons, puis s'éloigna d'un pas lent. Il allait donc rester seul toute sa vie... Vampires et humains le détestaient, le haïssaient.

Nouveau Nombre de messages : 68 Age : 33 Date d'inscription : 27/02/2009

Spoiler:

A la vue de Kioku l'immortel décida de se retirer après une brève excuse. Pensait-il sincèrement avoir importuné mon chasseur qui sans un mot le laissait se relever et s'éloigner de la sorte ? Les deux protagonistes ne semblaient pas moins aussi étrange l'un que l'autre sous mon regard extérieur. L'un était chasseur dont je n'avais toujours pas vu la moindre activité ressemblant de près comme de loin au métier qu'il prétendait exercer... sauf bien sur lorsqu'il s'était amusé à chasser la demoiselle en jouant les vampires -certes à ce moment là il était devenu un chasseur mais rien à voir avec la profession qui lui était attribuée. Et l'autre était un vampire qui n'avait même pas essayé de boire le sang du mortel.
Encore deux personnes qui n'avaient rien compris à leur origine ou qui la refusaient carrément. Pourquoi en était-il ainsi ? Une personne est ce qu'elle est, changer était particulièrement difficile et si le mal était incurable, mieux valait apprendre à vivre avec. Mon protégé y était d'une manière bien à lui parvenu mais pour son compagnon qu'en était-il ?

Le vampire s'éloignait dans un soupir. Son coeur insatisfait ou blessé recherchait quelque chose en particulier que Jun à cet instant n'avait pas su lui offrir pourtant il devait y avoir une erreur quelque part, tout ne pouvait pas se finir ainsi. S'il lui avait montré son arme de chasseur sans doute était-ce pour une raison que seul son esprit tordu pouvait bien comprendre à cet instant là. Mais en tout cas je connaissais suffisamment mon petit pour savoir qu'il ne l'avait pas fait dans le but d'éloigner cette créature de sa personne. Non, il devait y avoir une autre raison mais laquelle ?
J'observai l'homme s'éloigner. Sa vision m'attristait sans que je ne sus pourquoi, il y avait quelque chose de fragile chez lui, quelque chose qui me rappelait sans vraiment le faire mon protégé. Impossible pour l'heure de savoir ce que c'était.

"Est-ce mon sang de chasseur que vous refusez ?"

Je tournai la tête vers Jun. Celui-ci avait soufflé sa phrase suffisamment fort pour qu'elle puisse venir chatouiller l'oreille du vampire. Quand à moi, je manquai de ne point l'entendre alors que je me tenais qu'à quelques pas de sa personne.
A présent je comprenais pourquoi il avait dévoilé son arme au suceur de sang, il voulait qu'ils sachent mutuellement à qui ils avaient à faire. Lui, il n'était pas un humain ordinaire avec une vie ordinaire. Non, il n'était pas comme le commun des mortels qui ignoraient que les vampires existaient ou qui étaient incapables d'en reconnaître un et il n'était pas non plus une personne sans défense. Sans doute ces détails avaient-ils de l'importance dans la tête de mon petit, moi, je ne voyais pas laquelle pour le moment.

"Ne me fuyez pas, je ne vous veux aucun mal."

Jun avait eu beaucoup de mal à se décider à prononcer cette phrase car aussi vrai qu'il la pensait sincèrement, il trouvait ces mots... d'une banalité déconcertante et puis... il savait qu'au vu de sa manière d'être il pouvait penser ses mots à ce moment et penser le contraire à l'instant suivant. C'était ce qui lui faisait défaut : il n'était pas très stable. D'une minute à l'autre il pouvait changer d'avis et laisser ses instincts prendre le dessus. Or, la dernière fois qu'il l'avait fait, j'en avais été témoin et cela n'avait pas été un spectacle particulièrement agréable à voir.

Jun s'était à présent levé. Son regard caché par son chapeau, et sa tête baissée, il fixait le sol et il patientait pour que l'homme arrête sa course et se retourne à nouveau vers lui. Les évènements qu'il sentait venir l'inquiétait et il aurait d'une certaine façon préférée que cette créature s'en aille loin, très loin avant que les problèmes ne commencent. Seulement il voulait être en compagnie ne se sentant guère le courage d'être seul cette nuit surtout avec.... ce qui allait advenir.

Mon chasseur releva la tête et fixa l'horizon. Là, il n'y avait rien si ce n'est l'obscurité et vaguement la cime des arbres qui se dessinaient grâce aux fins rayons de lune. Moi qui suivait son regard je cherchai désespérément à voir ce qu'il pouvait observer : aucun détail que l'astre me permettait de voir ne me semblait digne d'attention. Je m'approchai de mon chasseur afin de l'observer plus attentivement.
Je vis sa main se resserrer fermement sur son arme tandis qu'il baissait à nouveau la tête, une lueur de peine dans son regard. Je m'éloignai doucement.
Que se passe-t-il, Jun ?
Je découvris plus tard qu'une âme venait de s'éteindre par la main d'un...

"Nous allons avoir de la compagnie." susurra-t-il.
En effet, à peine avait-il prononcé cette phrase que je pus voir l'intrus qui s'approchait. Je m'étais déplacé dans la direction tant observée par mon protégé pour savoir de quoi il en retournait et j'apercevais l'homme qui courrait tout droit dans leur direction. Je couru à ses côtés et m'arrêtai au même moment que lui. Plume en main, je fis rapidement un croquis de son faciès éclairé par la tendre lune. Quand à lui, il s'exprima de la sorte :

"Que les âmes maudites retournent toutes en Enfers !" Dégainant deux armes à feux, il en pointa une sur chaque protagoniste.

Nouveau Nombre de messages : 12 Age : 33 Date d'inscription : 13/08/2009

[Oh, merci!!!]

Mihaël avait commencé à s'éloigner de cet intrus, fuyant par la même occasion la morsure d'une lame ou bien un regard meurtrier, le dédain d'un homme ou bien quelque chose qu'il ignorait. A la question du chasseur, le vampire s'immobilisa net, mais ne se tourna pas vers l'homme. La tête baissée, il fixait toujours le sol, comme si celui-ci l'attirait soudainement. Une réplique lui brûlait les lèvres, une réplique qu'il voulait lancer à cet homme et pourtant, il se retenait tant bien que mal de ne pas laisser cette colère sourde l'envahir. Pourquoi? Il n'en savait rien.

"Tu ne vaux pas mieux que nous tous". Voilà ce qu'il avait voulu dire à son interlocuteur. Interlocuteur qui était très sûrement un meurtrier, ses mains étaient tâchées de sang. Les vampires faisaient souffrir les humains tout autant que les humains faisaient souffrir les vampires. L'un n'allait pas sans l'autre et les deux camps ne resplendissaient pas d'innocence et de pureté comme ils semblaient le faire croire. La seule différence était que les humains avaient cette fâcheuse tendance à se mettre en position de victimes et s'accordaient qu'ils étaient aussi doux que des agneaux, alors que la seule chose qui les distinguait des humains était bien cette absence de soif du sang. Et c'était justement parce que les vampires devaient boire du sang que les humains les haïssaient et les chassaient. Ils ne pouvaient pourtant pas changer! Ils avait été créés ainsi. Pourquoi personne ne pouvait-il donc le comprendre? Ils avaient tout autant d'humanité que ces hommes.

Finalement, Mihaël soupira et se remit en marche, sans répondre, avant de s'arrêter à nouveau aux paroles du chasseur qui lui demandait de ne pas partir. Il ne lui voulait aucun mal... En ce cas, pourquoi être chasseur s'il ne chassait pas les vampires? Lentement, le concerné se tourna vers l'humain qu'il dévisagea longuement.

- Je ne vous crois pas... Vous aviez l'air de me menacer avec votre sabre, plus tôt.

Il ne diminuait pas la distance qui le séparait de l'homme, il ne s'approchait pas de lui, craignant que l'humain s'en prenne à sa personne. Le chasseur se releva avec une lenteur déconcertante qui déplaisait quelque peu au vampire, lui qui avait l'habitude des déplacements rapides et des gestes vifs. Il vit son regard se fixer au loin et tourna aussitôt la tête, pour tenter de voir ce qui semblait tant intéresser cet humain, qui lui demandait ainsi toute son attention, jusqu'à en oublier la présence du vampire. Et il la distingua bientôt, cette silhouette filiforme qui se détachait de l'obscurité.

Elle courait dans leur direction et le chasseur se plaçait en position de défense, alors que le regard de Mihaël se posait sur l'humain, puis la silhouette, à tour de rôle.

- Qui est-il?

Un humain? Non, sinon il l'aurait senti bien plus tôt. Alors un vampire? Ou peut-être un lycan? Aussitôt, la peur l'étreignit et Mihaël se glissa discrètement derrière le chasseur pour se protéger. Il ne savait pas vraiment se battre, en vérité, et hésitait entre prendre la fuite ou rester et périr. C'était bien pour cela qu'il avait préféré s'éloigner du chasseur car si ce dernier l'attaquait, il comprendrait très vite que le vampire n'avait aucune maîtrise du combat. Ne sachant toujours pas quelle créature s'approchait à si vive allure d'eux, Mihaël se servait de l'humain comme d'un bouclier, attendant nerveusement l'arrivée de l'intrus.

Nouveau Nombre de messages : 68 Age : 33 Date d'inscription : 27/02/2009

Spoiler:

Les paroles du vampire atteignirent l'oreille de mon protégé qui en passa outre car effectivement trop concentré sur la tierce présence. Cependant les mots ne furent point perdus, seulement mis de côté. L'esprit de Jun se souviendrait de cette phrase, celle qui lui était totalement dénudée de sens. Comment, lui, avait-il pu menacer cet homme de son sabre ? Non, ce n'était pas ce qu'il avait voulu faire ou en tout cas pas consciemment, peut-être qu'une part de lui, celle qui tenait encore du chasseur, avait voulu menacer le vampire mais mon protégé n'avait en soit voulu qu'avertir. Que le suceur de sang assombrisse son âme d'une telle manière l'attristait. Il ne lui avait pourtant jusqu'à maintenant fait aucun mal et encore à présent avait-il un quelconque reproche à lui faire ? Jun ne voyait pas quel tort il avait pu commettre pour être considéré de la sorte néanmoins il ne devait pas s'inquiéter avec de telles pensées car pour le moment il se retrouvait face à un canon d'où pouvait jaillir à une vitesse impressionnante par une simple flexion de l'index un petit projectile qui correctement lancé pourrait lui être mortel. La froideur du métal logée dans sa chair, entre ses muscles, cela ne lui manquait pas.

La tête baissée vers le sol, Jun saisit lentement le rebord de sa lourde cape qu'il avait remis peu auparavant. Il la ramena délicatement sur son torse, s'enveloppant dans cet agréable tissus. Son arme cachée à la vue du chasseur reposait sous sa main qui du bout des doigts la caressait discrètement. Il lui serait si simple d'attaquer, seulement quelques pas de distance ce n'était rien, il n'avait même pas à courir, une simple lancée, un geste et cela en était fini...

*Moins rapide qu'une balle pourtant.* soupira-t-il intérieurement tandis qu'il revit la créature se désintégrer en une fraction de seconde en un amas de poussière suite au tir de la jeune fille. Elle avait tiré de sang froid comme une parfaite chasseuse, faisant honneur à sa lignée.
Les images défilaient dans l'esprit de mon protégé. Les souvenirs... permettaient de comprendre, permettaient d'analyser une situation, de la reproduire, de la remodeler, de l'améliorer ou bien... de l'aggraver.

*Que les âmes maudites retournent toutes en enfer ?*
"L'Enfer... je pourrais le contrôler... Non en fait, je pourrais même le créer..." Les paroles étaient prononcées très faiblement. Jun ne se rendait même pas compte qu'il songeait à haute voix ou plutôt il faisait comme si puisqu'il était tout à fait conscient qu'il prononçait ces mots de vive voix, il voulait simplement faire douter cet intrus qui semblait si sur de lui. Cet intrus qui voulait l'envoyer en même temps que le vampire dans l'au delà, cet intrus qui n'allait pas vivre longtemps s'il continuait de garder son canon pointé sur mon protégé dont la vue des armes à feu commençait prodigieusement à l'agacer. Cette ville n'était qu'une cacophonie de tirs du cul-de-sac au fin fond de la forêt. Parfois la détonation résonnait plus longtemps qu'elle ne le devait à son oreille. Le fantôme d'un bruit qu'il ne pouvait plus souffrir.

Jun leva lentement la tête vers la créature qui les avait rejoints. Le vampire se tenait derrière lui, il y était depuis l'arrivée de l'étranger et une drôle d'intuition lui soufflait que le nocturne se servait de lui comme bouclier. Il avait bien raison. C'était tellement humain de sacrifier son prochain pour sauver sa peau que cela en faisait intérieurement sourire mon protégé. Celui-ci plongea son émeraude riante dans le regard de l'étranger. Sa langue comme un tic vicieux vint caresser la conjoncture de ses lèvres puis la pointe de sa canine qu'il dévoila légèrement. Si l'homme était attentif, il constaterait ce détail qui le conforterait dans sa fausse idée, ce que mon chasseur désirait faire bien évidemment.

" Chasseur" siffla Jun entre ses dents

Il courba le dos, adoptant une position plus prédatrice. Le suceur de sang lui avait demandé qui était cette personne, maintenant il le savait. Cependant mon protégé était fasciné par l'homme qui leur faisait face. Il y avait quelque chose d'anormale chez lui, quelque chose d'...

"Intéressant..." susurra-t-il pour lui même.

Cet humain l'intriguait depuis son arrivée car il parvenait à le voir autant lui que son essence mais un petit détail le dérangeait et le mettait mal à l'aise dans le fond. Il sentait un manque, une absence, un fait qu'il ne parvenait pas à expliquer jusque là. S'il pensait que cet homme était capable de masquer sa présence de tel sorte que sans la vue il fut impossible de le remarquer, il se trompait et pas qu'un peu...
Ses sens en alerte, Jun humait l'air à la recherche d'une odeur qu'il finit par trouver mais à peine l'eut-il détectée, qu'elle fut remplacée par un fort parfum de sang, emplissant l'atmosphère. Le regard de mon protégé brilla, une excitation nouvelle le pris au coeur. Quelle créature tout de même ils avaient là ! Un chasseur qui appâtait ses proies d'une manière bien cruelle. Non, inutile de chercher les alentours, personne n'était blessé ni mort, l'odeur du sang provenait de cet homme. Celui-ci cherchait à éveiller la faim en ses proies. Il prenait un risque mais il voulait les faire attaquer. Pourquoi ne pas tirer directement ? A quel jeu jouait-il ?

Jun grogna. Était-ce d'appétit, de frustration ou d'autre chose ? Inutile de le savoir, c'était un tout et un rien. Il était à la fois affamé mais en même temps énervé. Cet homme l'intéressait, il avait entre ses mains des facultés surprenantes et peu commune, s'il pouvait...
Sa main trouva sa gorge qu'il serra légèrement. Ses ongles se plantèrent discrètement dans sa chair. Il devait refouler cette envie, s'il se laissait aller, s'il avait le malheur de...
Une détonation. Un battement d'aile. Seul oiseau du cimetière qui s'enfuit vers les abîmes de l'horizon. Un gémissement. Un corps qui chute. Un long soupir.

"Quel gâchis" souffla mon protégé, le regard vers le sol. Là, reposait la tête indépendante du corps de feu le chasseur. Jun n'avait pas voulu prendre de risque, Jun l'avait tué, l'obligeant à tirer à ras sa chair afin d'éveiller aucun soupçon.

Sur son bras un filet rouge dégoulinait. La balle l'avait manqué de peu, comme il l'avait désiré. Quand à lui, il avait d'un simple geste décapité l'homme. Maintenant l'intrus ne les dérangerait plus mais maintenant mon protégé se sentait mal : il était dégoûté. Si seulement il avait été seul face à ce chasseur, si seulement il... avait réfléchi avant d'agir.
Jun se laissa tomber au sol, abattu. Il réalisa qu'il aurait pu faire autrement mais le mal était fait, il ne pouvait plus rien changer et puis sans doute était-ce préférable ainsi...

D'un bond mon chasseur se leva et vivement il se rapprocha du vampire qu'il avait failli oublier à cet instant précis. Il le regarda un instant de manière neutre presque sévère puis lui saisissant délicatement le menton il lui murmura :

"Et si nous oublions cet épisode ?"

Il pencha légèrement la tête sur le côté et offrit un large sourire avant de se retourner et de se laisser tomber au sol. Il défit le cordon de sa cape, dévoilant à nouveau la plaie dorsale qu'il avait. Celle-ci par ailleurs le lançait méchamment. Le mouvement qu'il avait effectué pour attaquer l'intrus avait certainement du tirer sur la blessure.

"Des soins ! Des soins ! Je veux des soins !"

Il leva la tête vers le vampire, son sourire toujours présent, l'invitant à lui tenir compagnie. Son émeraude brillait d'une lueur étrange : une innocence qui se voulait présente mais qui pourtant était souillée par un brin de folie. Décidément, Jun était un digne représentant des Byaku ou en tout cas son comportement me fit comprendre la description qu'il m'avait donné de son clan.

» Byaku Jun, le chasseur
» Les Justiciers des Ombres...by Alucard
» [Terminé]"Au revoir..." [Byaku Jun]