Chanson d'un nouveau vampire

Le coucher de soleil, son dernier en tant qu'humain. Il était seul sur cette petite colline, un endroit où aucun être « vivant » n'osait s'aventurer, seul les immortels venaient ici : la terre y était stérile, elle l'était depuis fort longtemps. Pourquoi ? Comment ? C'est très simple, le culte des vampires dit que seul une terre morte peut accueillir un nouvel immortel, car la mort nourrissait la terre morte, la faisant refleurir pour une nuit, le temps de la transformation à vrai dire.

Obaclaël s'avança en voyant le coucher de soleil prendre fin, il se résigna à lui tourner le dos, et plus jamais il ne le verrait avec ses yeux de maintenant, plus jamais il sera le même, plus jamais il ne sera humain. Ses anciens amis lui tournerons le dos, il se retrouvera seul dans un monde inconnu, guidé par sa soif de sang. Son seul moyen était de connaître au maximum son nouveau « lui », d'en connaître les limites et d'en réduire les effets de la soif. Il serait guidé par l'un des plus puissants vampires, un Aîné si précieux : grâce à lui, il pourrait protéger sa bien-aimée...

Il s'approcha d'une allée de statues en argent massif, incrustées de différentes pierres précieuses. Chaque statues désignait l'une des différentes souffrances que l'on endurait lors de la métamorphose; Certaineq auraiznt pu lui faire faire demi-tour, mais sa volonté était inébranlable, inaltérable, puissante et compacte.
Il arriva près d'un autel, une vingtaine de personnes autour de l'autel, placées en arc de cercle, dans un ordre précis, structuré. Sur l'autel, prêt d'une pierre plate et haute gravée d'innombrables runes dans le langage vampirique, se tenait Kaïto, l'Aîné vampire, dans une longue robe blanche couverte de runes de sang bien plus complexes que celles de la pierre. Il souriait, espérant sûrement rassurer le futur vampire, lui disant que son destin ne serait pas aussi horrible que certains le pensaient.

Obaclaël s'arrêta à mi-chemin de l'autel, regardant les personnes assemblées en arc de cercle. Il ne se demandait pas qui était toutes ces personnes, il se demandait si Jungaishi était parmi elles. Il lui avait demander de venir pour sa métamorphose, et l'avait assuré qu'elle ne craindrait rien : Kaïto lui avait juré, un Aîné ne ment jamais, il le savait, et la savait en sécurité si elle était la. Il reprit son avancée vers l'autel, et, en arrivant en bas des marches, Kaïto lui fit signe de s'arrêter. Il entama le discours de passage d'une voix caverneuse, avec un écho cérémonial, le ton de la voix n'était vraiment pas humain et les paroles l'étaient encore moins, tout ce que disait Kaïto sonnait faux dans la voix tout en étant un son parfait, complexe, faisant vibrer chaque cellules du corps d'Obaclaël, l'ennivrant d'une sorte de baume doux, prennant, charmeur et extrêmement puissant, imparable. On aurait pu se boucher les oreilles, se les percer, qu'on l'entendrait encore. Au bout d'un moment, Kaïto se stoppa net, et tendit la main vers son futur frère, l'invitant à venir, ce qu'Obaclaël fit sans s'en rendre compte car il était encore sous les effets du chant de l'Aîné. Il fut allongé sur l'autel, dénudé à moitié, et l'Aîné reprit son chant ennivrant en traçant des runes sur le corps d'Obaclaël à l'aide de son propre sang.

Le rite dura environ 1 heure, pendant cette cérémonie, Kaïto avait versé son sang à bonne dose dans la bouche d'Obaclaël. Peu de temps après, il cracha son propre sang, son sang humain, nourrissant le sol stérile avec, et, au moment précis où son sang toucha le sol, des plantes germèrent du sol, provoquant une réaction en chaine sur toute la zone. Kaïto s'approcha de l'oreille du jeune homme et lui dit :

-Vois-tu, les fleurs qui viennent de pousser ? Ce sont les fleurs des vampires, elles n'apparaissent que lors d'une de ces cérémonies extrêmement rares, et contiennent le pouvoir que tu désires. Lèves-toi et cueilles-en cinq, pas une de plus, pas une de moins, sinon tu risques de découvrir ce qui arrive aux personnes trop avide de pouvoir..

Il se leva avec beaucoup de difficulté, se dirigea vers le bas des marches de l'autel, tomba à genoux et commença à cueillir des fleurs, à chaque fois qu'il en cueillait une, celle-ci semblait le mordre sans causer de douleur. Au bout de plusieurs minutes, il en avait cinq dans les mains, toutes étaient en train de le mordre. Il remonta l'autel et se plaça devant Kaïto avec un air interrogatif dans les yeux. Celui-ci s'avança d'un demi pas et lui dit sur le même ton :

- Mange les....

Obaclaël ne fut pas surpris par ces paroles, il en avait vu de toutes les couleurs avec les vampires, alors pourquoi ne pas manger des fleurs sacrées ? Il s'exécuta sans rien dire, et lorsqu'il les retirait, elles semblaient posséder quelque chose d'étrange, une sorte de vie perceptible par lui seul. Il ne comprenait plus rien, et lorsqu'il les mis dans sa bouche pour les manger, elles semblaient fusionner avec lui. Et, une fois la dernière ingurgitée, une sorte de choc l'assomma, un choc qui venait de l'intérieur de lui, de sa tête, et tout sombra dans le noir...

Il se réveilla à la fin de la nuit, à l'aube très précisément et une étrange sensation s'empara de lui, non pas celle d'avoir changé de corps, mais celle de n'avoir pas changé du tout, d'être identique à ce qu'il était avant, d'être resté humain.
Se levant, il regarda autour de lui, il était dans un lit simple et un grand miroir se trouvait prêt de celui-ci, il descendit du lit, s'approcha du miroir et se regarda. Il avait changé tout en restant le même : son visage s'était affiné, ses yeux semblaient plus profonds et fins, sa bouche s'était elle aussi affinée, son nez avait très peu changé, il était juste plus fin, et ses cheveux étaient passés d'un argent vif à un brun qui trônait entre le foncé et le clair, tout en possédant des reflets de la couleur de la lune, héritage de son humanité sans doute. Cela lui donnait un air plus noble, plus respectueux et agréable. Sinon, pour le reste, il se sentait le même, rien avait changé.
Après un instant de contemplation au miroir, il sentit quelque chose en lui qui l'alertait d'une présence dans la pièce, et il entendit une voix dans son dos, presque familière :

- Tu es réveillé. Au bon moment, comme il était prévu. Tu possèdes le pouvoir de perception, mais tu ne m'as pas senti arriver. C'est normal, il a changé avec toi, tu devras apprendre à connaître tout tes pouvoirs, n'oublie jamais qu'il te seront d'une aide inestimable durant ton existence. Je me dois aussi de te dire que certains humains qui se transforment en vampires ne supportent pas l'immortalité et se donne volontairement la mort... Le feras-tu, toi ? J'aimerais le savoir.... En tous cas, bienvenue parmi nous ! Je me présente, Devora Al'Chelsya, vampire second, je me dois de tout t'apprendre sur nous.

- Très bien, je suppose que vous me connaissez déjà mais je me représente : Obaclaël Sakashima Sakayama, ancien humain chasseur d'élite de la confrérie et nouveau vampire.

- Nouveau ? Non ! Il est vrai que tu viens d'arriver parmi nous en tant que vampire, mais par le fait que tu aies été transformé par un Aîné, tu t'élèves au rang de second et non à celui de « nouveau », c'est une question de sang. Les « dernières » générations ne seront pas des êtres « purs », plutôt de pâles copie de vampires pur et de vampires engendrés par les Aînées. Ce sont des copies, de plus en plus défaillantes au fil des générations; Donc le fait que tu sois devenu vampire par un Aîné fait de toi une copie presque conforme de Kaïto au point de vue du sang. Tu comprends ?

- Oui j'ai compris. Mais une chose, pourquoi les Aînés n'ont donc pas fait des vampires eux-mêmes si les générations sont de plus en plus défaillantes ?

- C'est tout simple mon petit gars, nous avons besoin de larbins qui servent d'appât à la confrérie, mais nous avons une dette sur un point à la confrérie : grâce à eux, les copies ratées sont supprimées. Et je te laisse imaginer si la confrérie n'avait pas quelque chose à se mettre sous la dent, ce serait une partie de chasse constante, et au bout d'un moment, la confrérie aurait été rayée de la carte. Kaïto seul pourrait presque venir à bout de la confrérie, donc deux Aînés l'auraient annihilée. Mais les seuls points qui nous retiennent de la supprimer sont simple : le premier, je te l'ai dit, ils régulent le nombre de copies, et la deuxième est simple aussi : les humains ne nous laisseront jamais réduire leur confrérie en cendre et formeraient une sorte d'armée qui nous causerait beaucoup de pertes, nous risquerions même d'y perdre un Aîné, une chose qui ne se conçoit pas. Enfin bon, voilà je t'ai expliqué l'essentiel pour l'instant. Une chose encore. Pour te nourrir, les Aînés sont puissants d'esprit et peuvent donc rester au moins une semaine sans se nourrir, mais comme je te l'ai dit, tu es un second et tu devras donc te nourrir au minimum deux fois par semaine, pour le reste tu l'apprendras au fur et à mesure.

Obaclaël et la nommée Devora Al'Chelsya se dirigèrent dehors, dans la nuit profonde. Une nouvelle vie s'ouvrait à Obaclaël, une vie bien différente...