Dialogue avec un mort... [PV E.K.F.]

*Quelle étrange jeune fille...*

Près d'une heure de Keïko l'observait, et elle n'avait pas bougé. Il neigeait, et la nuit déposait lentement son voile silencieux sur le cimetière. Et elle, elle était encore là, assise. Elle ne semblait pas s'inquiéter du froid. Elle se tenait droite et fière, comme si elle ressentait le besoin de se montrer forte, pour on ne sait qui, puisque que les deux jeunes filles semblaient seules.
Keïko la voyait souvent, cette créature solitaire, prendre le chemin du cimetière. Elle ne savait pas ce qui l'avait poussé, ce soir-là, à la suivre. Elle sentait qu'elle n'était pas seule responsable de sa propre présence. Quelqu'un, ou quelque chose, l'avait poussée vers cette mystérieuse fille.

Elle devait lui parler.

*Je ne peux quand même pas l'aborder comme ça! Elle me prendrait pour une folle...*

Elle hésita longtemps. Combien de temps, elle ne saurait le dire. Quinze minutes, trente minutes, peut-être même une heure, le temps semblait être arrêté. Elle finit tout de même par se décider à tenter d'approcher la jeune fille, sa curiosité prenant le dessus.
Doucement, Keïko s'approcha d'elle, qui lui tournait le dos. Lorsque finalement elle arriva à son niveau, elle s'assit à ses côtés, sur la plus vieille pierre du cimetière, celle dont plus personne n'aurait put nommer l'habitant, et dont le lierre recouvrait le peu d'inscriptions restantes.
Délibérément, elle se tut, laissant à sa mystérieuse voisine le temps de s'habituer à sa présence.

Contrairement à ce qu'elle avait espéré, Keïko ne fût reçue que par un silence, glacé et long.

Dix minutes se passèrent, dix minutes de froid et de silence nocturne.

*Mais qu'est-ce que j'avais espéré? Forcement qu'il ne se passe rien!*

Elle avait le sentiment de ne pas exister. Comme si elle n'était qu'un fantôme parmi tout ceux qui rôdaient à cet endroit...
Elle décida de s'en aller, la mascarade avait assez duré. Elle n'avait rien à faire là, et d'ailleurs, elle s'en voulu d'y être allée.

Elle se leva donc, murmura un bref "Pardon", et tourna les talons.
Après quelques pas, elle se retourna tout de même.
Elle voulait savoir, au moins, ce qui retenait l'attention de la jeune fille.

La pierre tombale à laquelle elle faisait face portait une inscription dorée, et on pouvait y lire Alexandar Lithien.
Qui était-il?
Qui était-elle?

Elle avait déjà assez fait de bêtise pour la soirée, et elle fit demi-tour, tirant sur ses manches pour ne laisser dépasser de son kimono que ses longs ongles noirs. C'était un tic, une habitude, elle ne pouvait pas s'en empêcher.

Une petite voix dans sa tête, ou plutôt dans le vent, lui murmurait qu'elle était en train de faire une erreur. Qu'elle ne devrait pas s'en aller, pas comme ça, du moins. Mais que pouvait-elle faire d'autre?

Elle tourna la tête vers l'ombre qui l'intriguait depuis longtemps une dernière fois et se promit de partir sans se retourner.

Keïko n'était qu'à quelques mètres de la grille majestueuse qui marquait la séparation entre la vie et la mort... La fin du cimetière, le début de la ville. De "vie" à "ville", il n'y a qu'un son.

Elle allait l'atteindre, quitter le lieu sombre qui l'entourait, quand l'autre jeune fille apparut devant elle. Son regard posé sur elle lui brulait. Il était rouge, rouge de sang et de feu. Rouge de haine et de colère. La belle inconnue l'observait silencieusement, comme le loup observe sa proie.

"Alors, tu me dévorerais."

Ce n'était pas une question. Keïko connaissait ce qu'il y avait dans le regard de l'autre. C'était la soif. Son interlocutrice voulait du sang, et ne s'en cachait pas.

"Eh bien, qu'attends-tu? Vas-y, mords-moi."

Keïko provoquait volontairement son interlocutrice, pour elle ne savait quelles raisons obscures.
Elle se rapprocha d'elle de quelques pas, limitant l'espace entre elles deux à un mètre ou deux.

Doucement, lentement, millimètre par millimètre, elle défit la fine écharpe de soie noire qui lui serrait au cou. Elle jouait avec le feu, avec ce feu rouge et brulant qui s'était réveillé dans le regard de la blonde.
Elle lâcha le tissu, qui se posa doucement au sol, tache d'encre sur la neige si claire.

C'est à ce moment là qu'elle le sentit. Ça la frappa comme une explosion intérieure. De la tristesse, de la douleur, du désespoir...

Elle fit comme si de rien n'était, scrutant les yeux brulant d'un désir vengeur inassouvi de la jeune inconnue, et, jouant avec une mèche de ses longs cheveux noirs, elle s'approcha encore, pour se trouver à quelques centimètres de l'autre.

J'étais sur le perron. Mon attaché-case à mes pieds, mon trench-coat sous le bras. Mes mains étaient enfouis dans les poches de mon pantalon. Je regardais lentement ce monde qui m'entourait. Je le redécouvrais avec des yeux de prédateurs. Je pris le paquet de cigarette de la poche intérieure de ma veste. J'en sortais une doucement. Il ne m'en restait plus que deux. Je pestais intèrieurement contre ce manque de prévoyance puis la portais à ma bouche. Je n'avais plus besoin de faire semblant à présent, je pouvais être celui que j'ai toujours été depuis des siècles. Un vampire. Une créature mythique arpentant les rues à la recherche de sang. Seulement voilà, pour pouvoir profiter de cette petite tige de nicotine il me fallait respirer. Rien de plus facile, je venais tout juste de faire un repas digne de ce nom, j'étais donc repu. J'utilisais une partie de ma vitae vampirique pour réanimer mes poumons et seulement cette partie de mon corps. Je pris mon briquet et allumais le bout de ma cigarette. La première bouffée était la meilleure. Que je me sentais bien.
Je pris ma valisette par la main et descendit les marches de l'appartement. Je devais trouver ce Denver. Après tout je n'avais rien de mieux à faire. Vu que la nuit était bien entamée, je ne risquais pas de croiser de mortels et si tel était le cas ils seraient soit chasseurs, soit clochards. Dans les deux cas j'étais vainqueur. Un large sourire étira mes lèvres. Je me remémorais le chemin que le "môme" m'avait envoyé par mail.
J'ai une mémoire visuelle infaillible. J'enregistre de suite un détail, une démarche, un plan, un texte. C'est comme si mon cerveau emmagasinait tout ce que mes yeux arrivaient à distinguer, et stockait la moindre petites informations dans des compartiments à cet effet. Un disque dur fragmenté. Je savais que je devais traverser à cette rue-çi puis prendre la prochaine adjacente, passer devant le cimetière et prendre la troisième à gauche. Le nom de l'épicerie était "Wasabi". Encore un nom tordu.
Je marchais tranquillement, le long d'une immense grille qui encadrait la totalité du cimetière de la ville, ne sentant pas la froidure de l'hiver sur ma peau. Je me baladais seulement avec mon costume trois pièces sur mesure me seyant si bien. D'un côté je trouvais cela dommage que personne ne puisse contempler pareille beauté, pareille oeuvre. J'étais magnifique, je le savais, mais par cette nuit hivernale et ce manteau de neige immaculé qui recouvrait le sol, je m'en trouvais magnifié, comme ces oeuvres intemporelles que l'on a de cesse d'admirer. La Joconde de DeVinci, la création d'Adam de Michel-Ange ou encore la naissance de Vénus de Boticcelli. En cet instant j'aurais pu faire parti de ces oeuvres inclassables et indémodables.
Alors que mon esprit s'amusait et m'égayait par la même occasion, je ne fis pas attention à ce qui se présenta devant moi.
Je venais de recracher la fumée de ma cigarette vers le ciel dans un ultime effort pour paraître un tant soit peu "humain" lorsque mon corps heurta quelque chose. J'en eus le souffle coupé. Mon regard descendit lentement vers ce qui me semblait être un couple de...jeune filles ! Je haussais les sourcils quelque peu confus devant pareille spectacle de candeur et de féminité. Ma première pensée fût: "Mais quel charmant tableau que celui-là. Deux petites lesbiennes ! " Mais la seconde fût beaucoup moins enchanteresse: "Merde deux vampires..." Décidément, cette ville regorgeait plus de dents-longues que de mortels. C'en était quelque peu inquiétant voir alarmant. Depuis mon arrivée j'en avais déjà croiser trois sans compter ces deux-là. La plupart du temps il était difficile de les reconnaître mêlés à la foule mais là, c'est comme si tout le monde s'affichait sans se soucier des risques. Comme si chaque vampire de la ville portait un écriteau avec marqué: "Et oui les vampires ça existe, la preuve j'en suis." Je trouvais cela vraiment navrant.
Mon regard navigua entre les deux jeunes filles. Un regard rempli de reproche et de sévérité. Je les toisais de toute ma hauteur et sans me départir de mon sourire, malgré la noirceur de mon regard, je dis posément:
" Pardonnez-moi, je ne vous avais point vu jeunes filles. "

"Pourquoi fais-tu cela?"

Keïko frissonna, le souffle chaud de la jeune fille caressant son cou froid.
Elle n'eut même pas envie de lui répondre. Et puis, quoi lui dire? Elle le faisait parce qu'elle en avait envie...

Elle jeta la tête en arrière, le visage de l'inconnue toujours à quelques millimètres de son cou.
Cette dernière l'attira à elle, l'attrapant doucement par la taille. Celle-ci frémit, et, regardant la Lune au dessus d'elle dans les yeux, demanda au vent pourquoi elle s'était laissée entrer là-dedans. L'étrange beauté froide de la jeune fille ne la laissait pas tout à fait de marbre, et elle le savait..

Et puis, le contact attendu se fit. Baiser rapide et brulant sur sa peau froide.

Keïko sentait en elle le désir grandissant de morsure vampirique. D'ordinaire, elle se serait renfermée, mais elle était comme envoutée par ce 'jeu' insolite et dérangeant qu'elle avait elle-même démarré...

Elle s'apprêtait à approcher elle aussi son visage du cou blanc de l'autre, quand elles furent bousculées par quelque chose, quelqu'un d'inconnu.
Réflexe instinctif, elle se rattrapa où elle pu pour éviter la chute et ses mains se posèrent sur les hanches glacées de la demoiselle.
Surprise, elle fixa les yeux rougeoyants de la jeune fille. Elle semblait avoir entièrement oublié l'intrus, mais il se fit vite remarquer.

" Pardonnez-moi, je ne vous avais point vu jeunes filles. "

Keïko tourna la tête pour observe le nouvel arrivant et fut forcée de la lever, tant il était grand.
C'était un homme, non, un vampire, d'une vingtaine d'années. Il était beau, d'une beauté prétentieuse et méprisante.
Son sourire un peu moqueur et son regard noir et violent ne lui plaisait pas. Elle lui en voulait, notamment, d'avoir interrompu leur 'jeu'.
Elle aussi, le regardait d'un regard sombre...

Je ne pensais pas que le fait de bousculer une tierce personne pouvait déclencher pareille animosité. J'entends bien que lorsque l'on est affairé à une tâche, il est toujours déplaisant d'en être dérangé. Je compris donc que j'étais de trop. Mais cette manière de s'adresser à moi ne me parut pas la plus opportune:
" Je vous remercie de votre générosité jeune fille. Pour ne pas dire "gamine". Une chose. Evitez ce genre d'effusion glauque...encore moins dans un cimetière si vous ne voulez pas écourter votre si...si...Je cherchais le mot juste, passionnante éternité!"
Je venais de lâcher cette allusion comme un animateur télé découvrant à ces auditeurs ébahis le cadeau dernier cri qu'ils avaient remportés. Un brin sarcastique non ?
Je savais très bien ce qui se déroulait dans cette ville, et ce "couple" hors-norme de part son étrangeté, ses habits, son teint, et ses yeux, ne laissait planer aucun doute quand à leur appartenance à toutes deux. Je regardais pardessus elle, méfiant, scrutant les environs à la recherche d'un mystérieux individu qui aurait pu surprendre cette entrevue. Je me penchais vers elles deux, ma cigarette dans le coin de mes lèvres, ce sourire bon enfant sur le visage:
" Nous sommes des créatures de la nuit comme vous le dites si bien, alors restons-le le plus longtemps possible si vous voyez ce que je veux dire. "
Je les désignais d'une main vague. Puis me relevant, je lâchais un soupir devant ce tableau.
J'en avais vu des couples homosexuel dans ma longue vie, beaucoup plus du côté caïnite d'ailleurs. Pourquoi ? Aucune idée. Une lubie allez savoir. Peut-être que tout ce qui est raconté dans les films à une influence pour ces jeunes vampires, qu'en sais-je. Peut-être que cette éternité est faite de nouvelles aventures, de nouvelles découvertes...
Toujours est-il que je restais un moment à les contempler, ne sachant trop comment appréhender cette situation. Je voulais dans un sens les aider, mais d'un autre côté en quoi cela me regardait-il ? Certes j'avais un travail à accomplir ici, mais ces deux jeunes filles ne m'apparaissaient pas comme une menace majeure. Finalement la réponse me vint d'elle-même. Je pris mon chapeau entre deux doigts et leur fit un léger signe de tête:
" Sur ce, mesdemoiselles. "
Je les saluais le plus aimablement du monde sans me départir de mon sourire avenant, et repris ma route comme si de rien n'était. Mais mes sens restaient en alerte. Ma cigarette me parut plus fade en repartant. Je m'en débarassais nonchalamment dans le caniveau maudissant cette rencontre improbable qui venait de gâcher mon plaisir si anodin.

"C'est bien dommage pour un être de la nuit de ne pas voir où l'on va, ni même qui s'y trouve. Mais je pense que ne pas vous pardonner votre maladresse serait malvenu et irrespectueux."

Rapide, et normalement efficace, pour éjecter quelqu'un.
La jeune blonde ne laissait rien transparaître, ni dans sa voix, ni sur son visage. Lui en voulait-elle, elle aussi, d'avoir interrompu leur danse silencieuse? Keïko, elle, lui en voulait.

"Je vous remercie de votre générosité jeune fille. Une chose. Évitez ce genre d'effusion glauque...encore moins dans un cimetière si vous ne voulez pas écourter votre si...si... passionnante éternité!"

Comme à son habitude, elle se taisait, observant plutôt. Mais le vent semblant siffler plus fort entre les tombes. Il s'agitait, parce qu'elle non. Elle avait déjà causé des tempêtes, comme ça...

L'homme se pencha vers elles. Alors qu'il parlait, quelques cendres s'évadèrent de sa cigarette pour tomber à ses pieds. Ça l'écœurait.

Il y eu un silence, et le regard de Keïko se détourna de l'homme, pour retourner se poser sur la jeune fille. Son air méprisant, un rien renfrogné et quelque peu contrarié la rendait belle.

L'intrus dit quelque chose qu'elle n'entendit pas vraiment, mais elle compris en entendant ses pas s'éloigner. Il était enfin parti...

Sentant comme une légère brulure, elle porta la main à son cou. Du sang...
Sans doute les dents de la blonde lorsqu'il les avait bousculées.
Les canines de vampire étaient bien plus tranchantes qu'on ne pourrait le pensait, et un fin filet du liquide rouge et brillant s'écoulait lentement de son cou pour continuer dans son décolleté.

Elle se demandait ce qu'allait faire la jeune fille, maintenant qu'elles étaient de nouveau seules...

Sans le moindre brin de sympathie dans le regard, Eléa observait ce vampire certes élégant, mais surtout étrange. Il y avait quelque chose en lui qui la perturbait. Une chose dont elle ne savait rien, mais qui était bien là. Elle écouta ses paroles avec un intérêt bien dissimulé, s'amusant de la prudence qu'il leur recommandait. Elle n'avait pas cherché a être agréable avec lui, et pourtant, il restait poli et respectueux. Intéressant.

Apparemment, ses paroles furent bien interprétés, puisqu'il ne s'attarda pas auprès d'elles, préférant reprendre sa route. Tout comme il venait de le faire, Eléa le salua d'un signe de tête, espérant bien recroiser un jour a route de ce vampire mystérieux. Mais elle avait toute son éternité pour cela. De ses yeux rouges sang, elle le regarda s'éloigner, jusqu'a ce que qu'il disparaisse de son champ de vision.

Une chose avait tout de même intrigué la vampire blonde. L'autre jeune femme n'avait pas dit un seul mot. Étrange pour un vampire que de se taire à ce point. Mais bon...

Eléa fut interrompue dans ses pensées par une odeur qu'elle ne connaissait que trop bien. Celle du sang. Elle baissa les yeux et aperçu le petit filet de sang qui coulait le long du cou de la jeune femme, allant se perdre dans son décolleté. Un sourire assez malsain se dessina sur ses fines lèvres. Elle pencha de nouveau la tête vers son "amie" et dégageant de sa main libre ses longs cheveux, elle posa ses lèvres sur le chaud liquide tant apprécié. Par de simples baisers, elle goûta ce breuvage rougeâtre tant convoité de son espèce et fini par murmurer :

-C'est un délice...

Au fur et à mesure qu'elle se régalait de ces quelques gouttes de sang, ses baisers descendaient eux aussi, suivant le chemin tout tracé de cette sève vermeille. Elles étaient seules désormais, seules avec cette soif animale et une violence refoulée...

L'odeur du sang avait ameuté la jeune fille. Lentement, son regard était descendu sur le cou de Keïko puis, petit à petit, en dessous.

Un sourire étrange plus tard, la blonde s'approchait dangereusement de la brune.

Comme la fois précédente, le contact des lèvres de la demoiselle fit frémir Keïko.

Elle entendit vaguement l'autre murmurer quelque chose, mais ne comprit pas vraiment ce dont il s'agissait. A l'intérieur d'elle-même se déroulait un combat, entre la résistance devenue habituelle et l'abandon au désir sanglant qui caractérisait les vampires...

Finalement, c'est l'envie brulante qui remporta la bataille, et ses yeux brillèrent rouge dans la nuit froide.

Doucement, les lèvres brulantes de la jeune vampire s'approchaient du cœur de Keïko, qui semblait sur le point de s'arrêter.
Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cette envie bestiale... Certes, le besoin de sang était inévitable, mais l'envie de mordre,elle, ne l'était pas.

Elle baissa la tête, et joua avec une mèche des cheveux clairs de la belle, l'autre main toujours sur ses hanches. Elle n'avait d'ailleurs pas l'intention de l'en retirer.

Sans s'en rendre compte, elle s'était mordu la lèvre au sang, tant l'envie de planter ses canines anormalement développées dans le cou pale de la demoiselle...



[hum hum ^^]

Laissant son instinct de vampire reprendre partiellement le dessus, Eléa se régala de ce sang précieux jusqu'a ce qu'il n'y en ai plus une goutte sur le corps de la jeune femme. D'ailleurs, celle-ci n'opposait aucune résistance. Tant mieux.
Quand elle releva ses yeux rougeâtre vers elle, elle vit immédiatement les quelques perles de sang qui s'échappaient de ses lèvres. C'était une grande invitation au pécher... Ayant elle-même le sang de la jeune fille sur les lèvres, elle n'hésita pas et l'embrassa.

Elle n'était pas violente comme l'étaient habituellement les vampires en grand manque de sang. Non, elle restait d'une douceur froide, profitant bien sur de ce sang qui lui été donné, mais aussi du corps de la jeune femme, dont elle ne savait pas même le nom...

Lentement, en avançant l'une de ses jambes, elle força la jeune femme à reculer de quelques pas, jusqu'a ce que son dos se retrouve collé contre la paroi d'un petit mausolée. Elle se saisit ensuite des deux mains de sa "partenaire" et entrelaça ses doigts dans les siens. Ceci fait avec unegrande délicatesse, elle les releva, bloquant les bras de la jeune femme contre le mur, l'empêchant de bouger.
Elle se recula de quelques centimètres un instant pour contempler la jeune femme. Ses yeux étaient maintenant d'un rouge clair et vif, ce qui montrait qu'elle n'était plus vraiment en manque total.

-Tu es délicieuse...

Se penchant de nouveau vers son cou, ce fut cette fois-ci pour y planter ses fines canines d'un blanc immaculé. Cela se fit en douceur, mais elle n'avait pu resister à cet ultime instant de vampire...

La jeune fille ne releva la tête qu'après un long moment, lorsque plus une goutte de sang ne tachait la peau claire de Keïko.
Une fraction de seconde, elle fixa les lèvres de celle-ci, et, sans plus y réfléchir, y posa les siennes.
Keïko s'embrasa, la jeune fille lui plaisait, et elle ne pouvait ni ne voulait le nier. Elle répondit avec passion à ce baiser. Pour l'heure, et même si ça l'intéresserait plus tard, elle se fichait éperdument de savoir qui était la belle inconnue. Ce qui lui importait était ici et maintenant.

Elle ne manifestait aucune opposition à celle-ci, et ne tenta pas de résister quand elle la fit reculer. Tant qu'elle ne quittait pas ses lèvres, ça lui allait.
Leur 'marche' s'arrêta net quand le dos de Keïko heurta quelque chose. Un mur, sans doute...

La blonde attrapa avec douceur ses mains. Toujours avec cette 'tendresse' étrange qu'elle avait depuis le début, elle la bloqua contre le mur.
Elle n'aurait plus pu s'enfuir, même si elle l'avait voulu. Elle savait que la demoiselle allait la mordre, et cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Au contraire, elle attendait avec une impatience malsaine le contact des dents acérées contre sa peau.

Comme pour l'aguicher un peu plus, la belle inconnue s'écarta un peu, sans relâcher pour autant son étreinte. Ses yeux scrutaient Keïko, qui commençait à rougir.

"Tu es délicieuse..."

Cette remarque eut pour effet principal d'ajouter un peu plus à la gène que ressentait la brune. Principal, car elle lui donnait aussi l'envie furieuse et brulante de retourner la situation, ce qu'elle aurait volontiers fait si elle n'était pas complètement bloquée par l'autre. En effet, elle avait une force qu'on ne lui aurait pas attribuée...

Et puis, doucement, les dents de la mystérieuse fille entrèrent de nouveau en contact avec le cou de Keïko, pour se fondre dedans.
La douleur pointue et exquise à la fois que cela provoqua en elle lui valu un léger, presque inaudible, gémissement.

Quelques instants passèrent, puis elle murmura

"La prochaine fois, la proie, ce sera toi."

Elle avait dit cela sans aucune animosité, ni le moindre ressentiment. Au contraire... Simplement, elle aussi voulait gouter au sang de l'autre.

Keïko sourit.
C'était un sourire serein comme elle n'en avait pas eu aux lèvres depuis longtemps.
Aussi curieux que ça puisse paraître, elle appréciait le sentiment que la jeune fille lui procurait. Elle avait l'impression, sans doute idiote, d'ailleurs, d'avoir été, même quelques secondes, désirée. D'avoir été quelqu'un de vivant, quelqu'un de 'normal'.
Les seules personnes qu'elle avait fréquentées lui avaient toujours donné l'impression d'être une moins-que-rien.
Elle, non.

Que j'aime entendre ce craquement spongieux de la poudreuse sous mes pieds. Ce son si distinct puis cette sensation de moelleux lorsque le pied s'enfonce dans la neige. Je crois avoir toujours aimé cela, depuis ma plus tendre enfance. Malgré le peu de souvenirs de mon adolescence, il y en a un qui me marque encore aujourd'hui.
Je devais avoir huit ans, ou dix, je ne sais plus très bien, c'était la veille de Noël. Il faisait un froid comme on en avait jamais connu auparavant. Ma mère, une femme extraordinairement douce et d'une beauté sans nulle autre pareille nous préparait toujours un succulent repas en cette occasion. Une dinde, du boeuf épicé, du jambon le tout accompagné par des pommes de terre. Et tout cela était artisanal, nous n'achetions rien. L'avantage d'une vie rustique. Le dessert était ce que je désirais et préférais le plus, un pudding aux prunes avec de la crème de Brandy. Un excellent cognac que mon père s'enorgueillissait avec fierté à la moindre occasion. Il l'avait acheté, où plutôt échangé contre plusieurs bétail, à un riche connétable de la cour de l'ancien Roi d'Irlande Edouard Bruce. Toujours est-il que cette fête était considérée, pour l'époque, comme majeure.
Il faut savoir qu'en Irlande, Noël se fête en deux étapes. Il y a le "Petit Noël" qui se déroule du 12 au 24 où chacun profite de décorer la maison, de commencer les préparatifs, d'établir une liste d'invités potentiel, et la veille et le jour de Noël qui sont l'avènement de ce cérémonial. Je me souviens donc, de ce jour, où après avoir diné copieusement, ce qui nous arrivaient hélas très rarement, ma famille et moi-même nous étions rendus à l'église de Cork pour fêter la naissance du Christ. La religion est une chose importante dans la plupart des familles irlandaise. Nous marchions tranquillement, moi, loin devant mes frères, m'amusant à faire l'inventaire de mes cadeaux à venir. J'aperçus au loin l'église se profiler dans la pénombre qui nous environnait. Une petite bâtisse en bois et au toit de chaume. Il y avait déjà beaucoup de monde sur le parvis et les discussions étaient toutes plus festives les unes que les autres. Il y avait les familles Douglas, les Emett, les Carlingston, les MacFercy, les Dales, tout les habitants de Corke s'étaient donnés rendez-vous. Comme si le coeur de la ville se trouvait en ce point névralgique. Une concentration de personnes, qu'elles soient aisés ou non, se cotoyaient sans aucun préjugés d'aucunes sortes. J'étais heureux, à ce que je m'en souvienne, de partager cela avec ma famille.
Mon père était rarement à la maison et je devais m'occuper très souvent de mes frères et de ma toute petite soeur. Nous avions tous fait ce pari bête du "neigera, neigera pas." J'étais de ceux qui pensait qu'il allait neiger mais force était de constater que je m'étais trompé. Ma déception en fut grande mais je m'y accomodais tant bien que mal. Je levais la tête vers le sommet de l'église contemplant ce crucifix imposant qui nous dardait de son oeil protecteur, et inconsciemment, j'émis le voeu de pouvoir garder ce moment de bonheur dans ma mémoire jusqu'à la fin de mes jours. Je me rends compte aujourd'hui qu'il fut exaucé. Après la messe, lorsque nous ressortîmes de l'église, alors que personne ne s'y attendait, tout était recouvert d'une pellicule blanche. Un grand drap immaculé venait de recouvrir la ville, scintillant timidement à la pâle lueur de la lune. C'était magnifique. Et tellement improbable. Je me souviens de ce son que fit ma sandale lorsqu'elle s'enfonça dans la neige fraichement tombée et ce frisson qui me parcourut lorsque ce contact glacial se produisit sur mon pied découvert. C'est à ce moment-là que j'avais porté les yeux sur ce tableau somptueux. La ville de Cork prenait toute son ampleur devant mon regard incrédule et innocent.
J'aimais vraiment ce monde lorsqu'il était recouvert par la neige. Lavé de sa corruption, de sa souillure. La neige était réparatrice à bien des égards. Sur mon âme, elle représentait un baume médicinal qui pouvait cicatriser bon nombres de mes blessures antérieures. Je ne souriais plus à l'évocation de ce souvenir, mon regard empli d'une tristesse amère et d'une amertume froide et glacée. C'était une époque révolue je le savais, et aujourd'hui, malgré tout ce que j'avais pu ressentir dans ce lointain passé, je n'éprouvais qu'un profond chagrin et un immense désespoir à le faire revenir à la surface. Certes mon voeu fut exaucé mais à quel prix. J'avais perdu mon humanité et conserver une image si distincte de mon autre vie n'en était que plus douloureux.
Soudain, alors que j'étais plongé dans mes pensées intimes, une odeur de sang me titilla les narines. Une effluve discrète, presque imperceptible mais qui ne pouvait m'échapper. Je me stoppais net et lentement détournais la tête pardessus mon épaule. Qu'y avait-il donc au bout de cette rue, derrière moi ? Mon regard se posa sur les grandes grilles qui encadraient le cimetière. Bien sûr, la réponse était évidente. Mes deux congénères venaient de se livrer à un jeu dangereux. Très dangereux.
Je serrais les poings, la mâchoire crispée. J'avais entendu beaucoup de choses sur les vampires. Mais la plus cruelle était la diablerie. Un procédé affreux et ignoble qui consiste à boire le sang d'un vampire jusqu'à son trépas. Il est dit qu'une fois ce rite accompli, l'essence même du vampire est absorbée, ingérée par son bourreau, lui accordant tout ses pouvoirs et ses souvenirs. Une âme volée. Le sang vampirique à un goût unique et il n'est pas rare d'en consommer un peu pour acquérir une part de pouvoir de son hôte ou alors un souvenir que l'on veut partager, mais il faut savoir une chose. Il est très addictif. C'est une drogue beaucoup plus puissante que le sang des mortels. Et il est pratiquement impossible de s'en défaire.
Ma main laissa tomber ma valise dans la poudreuse, puis se porta lentement vers l'intérieur de ma veste. Je sentais ce contact froid et rugueux de la crosse de mon beretta. Devais-je empêcher leur folie destructrice ? Elles ne se doutaient sans doute pas de la profondeur de ce jeu malsain, ni même de ses répercussions. Mais il était évident que quelqu'un devait s'en occuper avant que cela ne vire au désastre. Il était déjà pénible de se voir traquer par des mortels en mal de sensations fortes si en plus il fallait se méfier d'un vampire aux tendances nécrophagique...J'armais silencieusement le chien de mon arme sans le sortir de son étui. Peut-être n'était-ce là qu'une passade...C'était sans doute une aventure excitante et rien de plus...Je me posais un peu trop de questions. Si elles venaient de se laisser aller ainsi il n'y avait qu'une chose à faire, les exterminer. C'était ma raison de vivre, mon gagne-pain. J'étais le shériff, le bras armé du Primogène. Le bourreau. Celui qui exécute. Un tueur. Mais je n'arrivais pas à sortir mon arme. J'avais remarqué un détail, crucial, chez ces jeunes filles. L'abscence de pulsions meurtrières. Il y avait bien cette sensation de prédation équivoque à chacun d'entre nous, mais je n'avais déceler aucune malveillance ni cruauté dans leur regard. Elles s'adonnaient à un jeu ô combien dangereux certes mais peut-être cela resterait-il ainsi, un jeu, rien de plus. Ma main redescendit le long de mon corps, puis reprenant mon attaché-case, je restais un moment à regarder au loin.
Avant de me retourner, pour reprendre ma route, je lâchais dans un murmure:
" Faites attention gamines...Ne vous aventurez pas sur ce chemin sans retour. "

[Excusez moi de ce retard, j'ai eu quelques problèmes ><]

Une brise fraiche commençait à souffler dans la nuit noire, faisant virevolter les flocons de neige qui tombait lentement. Une fine couche de neige recouvrait le sol, donnant un aspect mystérieux et immaculé au paysage. Le silence régnait en maitre, seules les respirations et les quelques paroles des deux vampires rompaient par moment ce calme absolu.

Ne ressentant pas le froid, Eléa se sentait bien. Elle se délectait du sang de sa 'proie' avec plaisir, et de plus, elle s'amusait bien... Mais c'est alors qu'elle se rendit compte de quelque chose. Elle ignorait totalement le nom de cette jeune vampire aux cheveux de nuit.
Lentement, elle relâcha la pression qu'elle exerçait sur le cou de la jeune femme pour lui demander en un murmure :

-Quel est ton nom ?

Elle laissa à peine quelques secondes de silence et rectifia :

-Pardonne moi. La politesse veut que lorsqu'on veut savoir le nom de quelqu'un, on commence par se présenter. Je suis Eléa Heike Bridgess Lithien, dernière représentante du nom.

La blonde se lécha lentement les lèvres. Ce sang était vraiment délicieux. Elle mourrait d'envie de planter à nouveau ses canines acérées dans le cou pâle de sa proie, mais elle connaissait les risques... Le sang de vampire était comme une drogue... On en devenait vite accro, en proie a une soif insatiable. Il fallait donc qu'elle évite de vide la jeune vampire de son sang, car elle ne voulait pas non plus la tuer. Avec un peu de chance, leurs routes pourraient bien se croiser à nouveau...
Elle posa doucement ses lèvres sur la plaie que ses deux canines avaient laissé sur la peau fraiche. Elle résistait avec beaucoup de force, mais cette peau si douce l'attirait vraiment. Se battant contre son instinct, elle se contenta de laisser là ses lèvres brulantes. Après tout, ce contact physique était agréable lui aussi.
Sans se montrer violente, elle se pressa un peu plus contre sa jeune 'amie' dont elle ne lâchait pas les mains. Ce 'jeu' n'était pas terminé. Seulement, une nouvelle odeur, portée par le vent, alarma les sens de la vampire. Quelqu'un approchait, et pas n'importe qui. Cette odeur lui était connue, elle l'avait sentie peu de temps auparavant. Leur 'semblable' semblait être de retour. Libérant l'une des mains de la brune, Eléa posa la main sur son Colt Government. Elle n'aimait pas vraiment être dérangée...

Combien de temps s'était passé, Keïko n'aurait pas su le dire. C'était comme s'il s'était arrêté, pour leur laisser, à elle et à son "amie", l'occasion de profiter. Profiter de quoi? L'une de l'autre, peut-être...
Elle sentait le sang qui s'écoulait vers la blonde, et sa respiration s'était faite irrégulière, quelques peu saccadée.

Son interlocutrice, si tant-est qu'on puisse la qualifier ainsi, vu le peu de paroles prononcées, écarta de peu sa bouche brulante de la peau de Keïko et lui demanda d'un murmure, son nom.
Le souffle chaud de la jeune vampire fit frémir la brune, et celle-ci se sentait de plus en plus attirée par l'autre.

La blonde ne laissa pas le temps à Keïko de se présenter, et prit les devants. Elle s'appelait Eléa Heike Bridgess Lithien. Quel joli nom elle avait là. Eléa... Ça sonnait comme un nom de fleur. Pour Keïko, la jeune fille resterait à jamais Eléa, la fleur de l'ombre glacée, celle qui brille noir dans la nuit blanche de neige.

Le souffle de cette fameuse Eléa dans son cou fit gémir la jeune fille, qui poussa ses hanches contre celles de l'autre. Elle aurait aimé la prendre par la taille et inverser les rôles, mais ses poignets étaient toujours retenus par Eléa. Celle-ci reposa ses lèvres sur la peau fraiche de la brune.



"Donne... moi le nom... que tu veux..."

Ce fut tout ce qu'elle parvint à dire, murmure si peu audible, laborieusement échappé de ses lèvres glacées entre deux inspirations agitées.
Eléa semblait avoir remarqué l'émoi dans lequel elle se trouvait, car elle rapprocha un peu plus son corps du sien.
Doucement, Keïko déposa ses lèvres sur la tempe de la demoiselle. Elle voulait sentir sa peau, sa chaleur, sa présence...

Sans crier gare, Eléa tourna la tête, fixant l'horizon. La brune sentit, elle aussi, l'odeur qui avait troublé son amie. Celle-ci sembla mal prendre le retour de l'inconnu, car elle porta la main à sa ceinture, ou se trouvait, endormie, une arme à feu.

J'avais choisi de revenir sur mes pas afin de leur faire comprendre la gravité de leur jeu malsain. Après tout si je ne m'en chargeais pas, personne ne le ferait. Et puis, tout bien pesé, je devais mettre fin à cette déplorable situation avant d'en venir à des moyens beaucoup plus rude, pour elles. Je me devais de tuer leur désir et si cela s'avérait compliqué, je les liquiderais, toutes les deux. Ni plus, ni moins. Je savais comment m'y prendre pour exterminer pour de bon un vampire, le risque étant qu'elles étaient deux, mais là encore je misais tout sur mon expérience. Pendant tout le trajet du retour, je me demandais comment aborder le sujet, comment arriver à leur faire comprendre que tout ce qu'elles entreprenaient avaient des conséquences et des répercussions désastreuses.
Comment aborder la chose...Tel était le problème. Cela n'allait pas être évident. Soit j'y allais franco, soit je biaisais. Il ne valait mieux pas faire dans la dentelle, surtout au souvenir de ces deux jeunes filles.
J'avais armé le chien de mes armes, sans pour autant les sortir de leurs étuis respectifs. Il ne me fallut guère de temps pour les retrouver, l'odeur du sang étant imprégné dans l'air environnant. Elles étaient là, enlacées, l'une totalement offerte, l'autre totalement méfiante. Elles me savaient de retour, tout comme je savais où les trouver. Rien de plus facile pour un vampire lorsqu'il a déjà humé l'odeur de ladite personne. Je sentais la tension et la méfiance grandir à mesure que je me rapprochais d'elles.
J'aperçus la main de la blonde se porter à sa ceinture, et je distinguais à la pâle lueure de la lune, l'arme qui y résidait. Un Colt. Intéressant. Américaine ? J'esquissais un sourire, indiquant par là même mes intentions en utilisant ma présence surnaturelle. Je ne leur voulais aucun mal. Du moins pas pour l'instant. Je me tenais à une distance raisonnable de ce spectacle pour le moins désopilant à mes yeux. Je déposais mon attaché-case dans la neige immuable, glissais mes mains dans les poches de mon trench-coat et les toisais un moment. Bien choisir ses mots:
" Excusez moi de vous importuner à nouveau mais nous devons parler...Je ne bougeais pas, guettant la moindre de leur réaction, surtout la petite blondinette. Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Ma voix était ferme mais toujours teintée de la politesse adéquat. Mon ouïe et mon odorat aiguisé m'avertirent que personne d'autre ne trainaît dans les parages. Excellente chose, pas d'oreilles indiscrètes, celles des morts mises à part. Je pouvais donc parler ouvertement. Savez-vous qu'il existe des règles qui régissent le conglomérat vampirique et que les enfreindre revient à se condamner à la mort ultime ? Je laissais passer un blanc pour bien leur faire comprendre la gravité de la situation. Je ne souriais plus. J'imagine que vous ne savez pas de quoi je parle...Je poussais un soupir, las. Vous êtes toutes deux des "nouveaux-nés" n'est-il pas ? "
Je restais planté devant elles, à une distance raisonnable, mes prunelles dorées fixées sur la jeune fille blonde, la contraignant à ne pas envisager la solution qu'elle tenait dans la paume de sa main. Un silence pesant s'ensuivit, rompue par intermittence par l'écho du vent au travers du feuillage ingrat des arbres du cimetière. Les morts dormaient paisiblement. Enfin, la plupart d'entre eux en tout cas.

Je pressentais que ma mission s'avèrerait ardue, mais face à tant d'arrogance et de sarcasme, mon calme olympien s'effrita. Je le sentais que cette gamine aux yeux d'un bleu azuréen était toute jeune. Tout dans son attitude le trahissait. De ses habits, à sa coupe de cheveux, en passant par son langage prétentieux et pour le moins présomptueux. Elle était jeune, beaucoup trop pour me tenir tête de la sorte. J'émis un léger rire de ma voix grave et, l'espace d'un battement, d'un cillement, je me retrouvais auprès d'elles. Mon avant-bras gauche reposait sur la pierre froide du mausolée au-dessus de la jeune vampire aux cheveux de jais, mon autre main tenant mon chapeau entre deux doigts. Ma célérité déconcertante avait pris bon nombres de vampires au dépourvu, c'était un atout majeur dans ma profession. Je m'étais perfectionné dans cette discipline au point que même certains vampires émérites avaient du mal à me suivre ne serait-ce que du regard. Alors deux nouveaux-nés...
Mon regard n'avait pas quitté la blondinette et j'aurais très bien pu la broyer sur place sans une once de remords mais je n'étais pas là pour ça. Du moins, je n'en étais pas encore arrivé à cette extrêmité. Elle m'agaçait, rien de plus. Je n'étais pas là pour lui faire la morale, mais pour l'avertir, la prévenir du danger potentiel. Ses paroles cinglantes avaient brisées mon élan de générosité. Plongeant mes prunelles ambrées au fond de son regard d'un bleu abyssal, je lui répondais avec désinvolture:
" Une partie de ces règles seulement...Je lui fis non de la tête. Il faut les connaître toutes, sans quoi je me verrais dans l'obligation de mettre fin à vos jours et cela m'attristerais vraiment. Je fis une moue triste de circonstance, teintée d'ironie et de sarcasme, le reflet parfait de mon interlocutrice. Je suis certain que vous n'imaginez pas à quoi vous vous exposer cette nuit. Je les regardais l'une après l'autre, un léger sourire en coin. Dites-moi, petite blondinette, ma main qui tenait mon chapeau pointait du doigt la jeune effrontée, vous venez de boire du sang vampirique, celui de cette demoiselle, ma main la désigna vaguement, savez-vous qu'elle est la propriété la plus extraordinaire et sans doute la plus terrifiante de la vitae - pas sur qu'elle connaisse le terme - du sang si vous préférez, des vampires ? Je ne lui laissais pas le temps de répondre et continuais sur ma lancée. Ne ressentez-vous pas là, maintenant, de forts sentiments envers cette demoiselle qui, j'imagine au vu de votre étreinte soudaine et de vos silences intermittents, n'est que le fruit d'une rencontre hasardeuse. Ce n'est là que le balbutiement, le prémice de votre erreur de "jeunesse". Appelons-là comme ça, puisque vous ignorez tout, c'est bien connu. Je lui adressais un large sourire, mais mon regard se fit plus dur et ma voix se teinta d'un voile de menace lorsque je repris, presque dans un murmure. Continuez de la sorte et vous finirez à ses pieds avant même que vous ne vous en rendiez compte, un petit clebard minable totalement dévoué, dépendant de la personne avec qui il aura partagé cette passion dévorante. Amusez-vous puisque vous le prenez comme tel mais vous finirez par perdre tout ce qui vous rattache encore à ce bas monde en agissant de la sorte. "
J'en savais quelque chose. Mon regard se voila l'espace d'un instant.

Il y a très longtemps de cela, mon coeur mort s'était de nouveau embrasé au contact d'une femme merveilleuse. Je devais avoir une centaine d'années d'existence vampirique, peut-être un peu moins, je n'étais donc pas un novice et pourtant. Elle était bien plus âgée que moi, et belle à s'en damner, et la métaphore est faible. J'étais tombé amoureux d'elle à la minute où mon regard se posa sur son être. Elle était grande, des jambes interminables. Toujours vêtue d'un bustier à la mode de l'époque - dans les années 1440 si je ne m'abuse - une grande robe soyeuse - couleur des ténèbres dans lesquelles elle vivait - qui traînait sur le sol, on aurait dit qu'elle volait plus qu'elle ne marchait. Sa longue chevelure d'un noir d'encre était toujours coiffé en un élégant chignon qui laissait retomber de nombreuses mèches le long de sa nuque longiligne. Ses yeux légèrement en amande, d'un jaune pâle rappelant l'opalescence du topaze, était tout simplement magnifique. Il semblait s'émaner de son regard une volupté, une noblesse que nulle autre femme de la Cour ne pouvait prétendre égaler. C'était ma Dame. Une dame de la nuit. La plus belle d'entre toutes.
Elle savait que j'avais encore tout à apprendre sur ma nouvelle race, puisque je n'avais plus de Sire pour le faire - mais c'est une autre histoire - et elle s'empressa d'y remédier. Nous restâmes l'un avec l'autre pendant près de trente années. Un jour, elle me fit boire de son sang. C'était anodin. Elle désirait simplement me montrer et m'apprendre que le sang vampirique était bien plus puissant que celui des mortels. Seulement voilà, d'anecdotique, cette "offrande" de sang devint régulière. Lilith, ma compagne de l'époque, s'empressait un peu plus chaque jour de me faire boire de son sang, me rendant par là-même un peu plus fort à chaque gorgée. Son prétexte était simple, nous partagions nos vies et donc notre sang pour l'éternité. Cela me paraissait raisonnable puisque je l'aimais passionnément. D'un amour inconditionnel. Celui qui vous ferait faire n'importe quoi. Ce qui arriva peu de temps après...
Un vampire la courtisa, elle refusa ses avances mais ce dernier s'accrochait à elle, comment en aurait-il pu être autrement, elle m'ordonna de le tuer; ce que je fis sans sourciller, le plus naturellement du monde. Devant ma puissance manifeste, une idée germa dans son esprit. Elle connaissait les propriétés du sang, moi, pas. Et c'est ainsi que pendant près d'un siècle de ma non-vie, elle m'asservie à ses besognes. Des plus avilissantes au plus cruelles. Par chance, je ne me souviens pas des horreurs que j'ai commises au nom d'un amour passionnel complètement dénaturé et pervertie. Le lien du sang. Une atrocité qui finit toujours par une dépendance totale et exclusive, et il est impossible de le briser. Enfin il n'existe qu'un seul moyen.
Lorsque je m'en suis rendu compte, elle était dans les bras d'un autre. Lorsque je m'en suis rendu compte, je l'ai nié, aveuglé par mon amour stupide, animé uniquement par ce lien perfide. Je n'étais qu'un jouet, un vulgaire amusement. J'ai commencé à ressentir le besoin de boire de son sang à mesure que nos rencontres se faisaient de plus en plus rare. Et c'est là que j'ai compris. J'ai voulu me sevrer d'elle, mais c'était impossible car cela déclenchait des accès frénétiques et je perdais le contrôle de moi-même. Je me suis enfermé, enchaîné, j'ai voulu mettre fin à mes jours, je suis resté pendant près de deux ans dans un état proche de la léthargie, m'abreuvant du sang de rats et d'autres animaux parasites qui pulullaient dans les égoûts de Cork, mais rien n'y faisait, elle était toujours là en moi. Imprimée au fer rouge. Il fallait que je la retrouve. La chose fût aisée car son odeur était imprégnée en ce qui restait de mon âme. Et lorsque ce fût le cas, nos retrouvailles prirent une tournure que je n'avais pas envisagé.
Elle était avec un autre homme et cette réalité me sauta aux yeux. Et le plus atroce dans tout ça c'est qu'elle avait "fait" des infants - c'est ainsi que l'on nomme un vampire crée par l'Etreinte, c'est la progéniture d'un autre vampire - elle avait vampirisé des enfants pour se composer une famille "parfaite". Celle dont nous n'arrêtions pas de parler. J'avais sous les yeux tout ce que je n'aurais jamais plu. L'horreur, le désespoir de la situation me plongea dans un tel accès de rage et de haine, que je mis en morceaux toute cette famille. Un à un, jes les découpais, les dépeçais, les démembrais, les décapitais. Je finis par brûler l'étendue du domaine dans un terrible brasier qui consuma les preuves de mon forfait. Et c'est en contemplant les flammes qui léchaient le bois de la maison que je pris conscience de ma soudaine liberté. Je venais de recouvrir ma liberté, oui j'étais bel et bien libre. Plus de rêves, plus d'images qui s'imposaient à moi, plus d'envies irrépressibles de sang. C'était là, la clé, pour rompre le lien du sang. Devant la carcasse fûmante de ce tableau apocalyptique je fis le serment de ne plus jamais boire une seule goutte du sang de ma race, dussais-je en mourir, et de ne jamais avoir à le faire subir à autrui. Même mon pire ennemi. C'est dans la nature humaine de pouvoir faire du tort à quelqu'un mais ce n'est pas dans la mienne que de faire partager pareil tourment.

Mon regard se porta de nouveau sur la blondinette mais quelque chose avait changé. La fermeté avait laissé place à la mélancolie, une tristesse amer presque palpable, un mélange subtil entre rancoeur et souffrance. Ma mâchoire s'était crispée à ce souvenir douloureux et ma main si désinvolte s'était tendue imperceptiblement. Elle ne devait pas connaître cette dépendance atroce, sous aucun prétexte. Raffermissant mes traits et durcissant mon regard, je plongeais mes prunelles au liquide dorée au plus profond de son être, plus déterminé que jamais. J'étais prêt à lui faire payer le prix fort de son entêtement.

[Je sais bien que c'est trop court, mais c'est fait pour, en fait ^^']

L'intrus se permettait de leur faire la morale. De les juger. La brune sentait que cela embrasait lentement sa partenaire, et savait que celle-ci allait bientôt s'enflammer contre lui.

Lorsque qu'il était arrivé, Eléa s'était retournée, et Keïko se trouvait donc dans son dos.
Elle posa ses mains libérées de l'emprise de la belle sur les hanches froides de celle-ci, nichant son visage dans son cou quelques instants. Puis, elle releva la tête et, fixant l'intrus de ses yeux clairs, dit à l'oreille de son "amie":

"Et si il partait, histoire qu'on puisse reprendre là où on en était... Qu'en dis-tu?"

Elle l'avait volontairement dit fort, de manière à ce qu'il entende et son ton sarcastique et ses dires.

Allons bon... Cela faisait longtemps que quelqu'un ne lui avait pas fait la morale. Et comme à chaque fois, Eléa gardait un sourire arrogant sur les lèvres. La Vitae... On lui en avait déjà parlé. D'ailleurs, son regard se dirigea un instant vers la stèle de son frère qu'on pouvait apercevoir un peu plus loin. C'est lui qui lui en avait parlé...Il lui avait parlé des dangers que cette "Drogue" impliquait. Il avait lui-même reçu l'avertissement de leur mère, qui connaissait plus que très bien les effets. En effet, sa rencontre avec Mr. Lithien, le père d'Eléa, s'était déroulée étrangement, et c'était par cet acte dangereux qu'il ne s'était pas tout de suite éloigné d'elle. Pour le bonheur des deux.
Le voile de menace qui s'était posé sur les dernières paroles du vampire sortirent la jeune blonde de ses pensées. Elle le fixa de nouveau dans les yeux, croisant son regard doré, et se lécha doucement les lèvres, signe très provocateur certes, mais qu'elle avait l'habitude de faire. Une habitude a être provocante.

-On m'a déjà parlé de tout ceci. Et j'en prend pleinement conscience.

Elle capta alors une émotion, un voile de mélancolie dans le regard de son interlocuteur. Sans chercher plus loin, Eléa lâcha le pouvoir qui lui était bien propre. Elle intercepta ses émotions et projeta dans l'esprit du Vampire les images qui le faisaient souffrir, des images horribles, qui se basaient bien souvent sur les pires frayeurs des gens, ou bien, comme cette fois, sur les souvenirs douloureux et triste. Elle se doutait bien qu'il n'avait pas besoin d'elle pour revoir les images de son passé, surement imprimées en lui, mais l'exagération déstabilisait toujours un minimum les gens, vampires ou humains.

C'est alors qu'elle sentit sur ses hanches un contact qu'elle connaissait depuis quelques temps seulement. Ce ne fut qu'a ce moment là qu'elle se rendit compte qu'elle avait lâché sa "proie". En sentant le souffle de la Brunette dans son cou, elle frissonna imperceptiblement. Surement l'effet dela Vitae... Elle ne restait pas indifférente à sa jeune 'amie'. Ses paroles la firent rire. Un rire toujours aussi arrogant et rebel.

-Es-tu certaine de vouloir reprendre 'exactement' là où on en était..?

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. Elle ne lâcha pas leur "Collègue" des yeux pour autant...

Je ne me rappelais pas n'avoir jamais ressenti avec autant d'importance, des souvenirs remontant aussi loin, vestiges d'un passé depuis longtemps révoqué. Les images étaient si nettes que c'en était effrayant. J'en ressentais une réelle souffrance, comme je n'en avais jamais connue. C'est en croisant le regard de la blondinette que je compris de suite de quoi il en retournait. Un mince sourire étira mes lèvres:
" Qu'essayes-tu de faire petite...J'ai l'impression que tu ne mesures pas à qui tu t'adresses. Mon sourire se fit plus carnassier. Je vais te montrer qu'on ne se moque pas impunément de ma personne. "
Et avant même de terminer ma phrase, mes deux mains se lancèrent avec une vitesse déconcertante en direction des gorges des deux vampires. Je les plaquais, non sans une certaine retenue, contre le mausolée derrière elles, le faisant craquer sous le choc. Mes yeux s'étrécirent en deux fentes rougeâtres, et mon visage se décomposa en une terrifiante incarnation du Mal. J'utilisais mon pouvoir en cet instant, ma présence surnaturelle qui modifiait la perception de mon entourage. Je l'utilisais dans le seul but de faire naître cet effroi glacée dans le coeur mort de mes deux victimes. Je voulais leur faire comprendre que je n'étais pas n'importe qui, et encore moins, un stupide et puéril vampire. Je les tenais en respect, leurs pieds ne touchant plus terre. J'étais excédé par cette suffisance qui se dégageait de cette gamine aux dents de lait. Je n'aurais jamais du craquer de la sorte mais elle avait le don de m'exécrer. Je ne sais comment, mais je parvins à ne pas les écraser sous ma poigne de fer. Un feulement incontrôlé se frayait un chemin au travers de ma gorge. J'avançais mon visage à leur hauteur et leur dis dans un sifflement rauque, froid comme la mort:
" Je n'ai plus envie de jouer jeunes filles...J'ai voulu me comporter comme un ami prévenant, un grand-frère, mais votre manque de respect et votre outrecuidance m'exacerbent au plus haut point. J'avais perçu le subtil changement d'attention de la blondinette, qui avait porté son regard sur l'une des tombes de ce cimetière, j'en profitais pour lui lancer, si vous avez envie de rejoindre votre compagnon dans la tombe libre à vous, et je serais même prêt à vous l'accorder. Ma prise se resserra et je les toisais l'une après l'autre. Envolé ma générosité, mon envie de tendre la main. Pour récolter pareil salaire, à quoi bon. Mon feulement c'était mû en un grognement sourd. J'avais envie de les tuer, de les massacrer. Cette petite gamine révélait les côtés les plus sombres de ma personnalité et je suis quasiment certain qu'elle exultait. J'avançais mon visage vers la jeune fille au cheveux de nuit. Reniflant son odeur. Puis mon attention se porta de nouveau vers celle au cheveux de blé. Lorsque je repris la parole ma voix était beaucoup plus chuintante et hypnotique qu'auparavant. Je vous interdis de boire du sang vampirique. "
C'était un ordre. Une utilisation de mon autre pouvoir, la domination. J'étais conscient que cela pourrait ne pas fonctionner dans la durée mais au moins pour quelques semaines, cet ordre leur reviendrait sans cesse à chaque envie de sang. J'attendis un moment, jaugeant leur réaction. Je n'étais pas prêt à relâcher mon emprise sur elles.

Il l'avait touchée. Elle ne supportait pas ça. De plus, ce regard ne lui était pas inconnu. Elle avait vu son père avec une apparence semblable dans sa jeunesse. Cette image restait collée à son père, et se reflétait maintenant sur ce vampire...
Ses pieds ne touchant plus par terre, Eléa posa une main froide sur le bras du vampire, se maintenant ainsi elle-même. Le choc contre le mausolée, bien que violent, ne lui avait pas fait trop de dommages. Elle s'y était habituée. Elle ne craignait pas la douleur, et pas non plus la mort. C'est grâce à ce "courage" qu'elle était devenue si arrogante...
Les dents serrées, elle annonça, avec cet éternel sourire en coin :

-Je n'ai nul besoin de la protection, des promesses et de l'aide d'un "Grand-frère". Je me débrouille mieux seule.

Quand il lui proposa aimablement de rejoindre son 'compagnon', Eléa eut un rire, et son sourire disparut.

-Ce n'est pas mon compagnon, c'est mon précédant "Grand-frère". Vous auriez préféré le rôle d'un grand-frère ? On peut surement vous trouver une tombe.

Sachant que ce serait sûrement vain pour se libérer, mais que cela serait assez désagréable pour son interlocuteur, elle projeta ses deux pieds en avant, soutenue par son bras et celui du vampire. Elle lui assena un puissant coup de pieds avec une force qui ne semblait pas sienne dans le bas du ventre, espérant au moins que ce geste serait désagréable aux yeux de leur "semblable".
Cependant, les mots que celui-ci avait prononcé précédemment lui tournaient dans la tête. Seulement, ce n'était pas la voix du mystérieux vampire qu'elle entendait. Non, c'était une voix lointaine, plusieurs voix, qui lui répétaient de ne pas boire de sang Vampire. Tant de gens lui avaient répété cette phrase au fil du temps, mais jamais elle n'avait autant résonné dans sa tête... Elle ne savait pas, et elle restait perplexe face à toutes ces voix dont elle en reconnaissait certaines...